Depuis 2003, pas moins de neuf enlèvements ont été inscrits dans les registres des forces de sécurité des pays concernés. Climat d'insécurité, les kidnappings se multiplient et l'Europe s'inquiète. Le contexte sécuritaire est singulier et la menace terroriste pilotée par ce qu'on appelle Al Qaîda est revenue au-devant de la scène au niveau de la bande du Sahel. Désormais, les enlèvements des ressortissants européens sont devenus un vrai business dans les pays compris dans la bande du Sahel. Une chose est sûre: il faut faire quelque chose. L'Europe vient de réagir. Une importante délégation sera prochainement à Alger pour de plus amples recherches sur les moyens d'instaurer une situation sécuritaire stable. C'est lors d'une conférence organisée par le quotidien Ech Châab, que cette information a été rendue publique par M. Rezzeg Bara, conseiller à la Présidence de la République, à laquelle ce dernier prenait part. La conférence avait pour thème: «Politiques des grandes puissances dans le Sahel africain» Une conférence qui intervient quelques jours après la visite de William Word, le commandant de l'Africom. Ce déplacement coïncidait justement avec une reconnaissance des grandes puissances quant aux rôles et efforts consentis par l'Algérie dans sa lutte contre le terrorisme et sa volonté d'écarter la menace terroriste de la bande du Sahel. Loin des rivalités franco-américaines, à vouloir chacun de son côté, marquer sa présence dans cette région, la question de l'heure exige une contribution d'intérêt commun devant être véhiculée par l'engagement d'une stratégie en mesure d'éliminer la menace de cette zone de grande influence. D'autant plus que la situation sécuritaire est de plus en plus inquiétante et la présumée branche d'Al Qaîda au Maghreb, qui s'applique à exécuter le plan «B» suite aux appels subversifs du numéro 2 d'Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, ne ratera aucune opportunité pour d'autres opérations de kidnapping. Pour ainsi dire, Al Qaîda a réussi à trouver un consensus de financement, car c'est certainement des rançons qu'elle espère engranger à la suite des derniers enlèvements enregistrés au Mali et en Mauritanie. Quatre personnes sont actuellement détenues par cette organisation terroriste. Toutes des humanitaires. Alors qu'un Français sera enlevé au Mali, trois Espagnols dont une femme seront kidnappés en Mauritanie. Depuis 2003, pas moins de neuf enlèvements ont été inscrits dans les registres des forces de sécurité des pays concernés. Cela avait commencé en Algérie quand Abderrezak El Para enlevait 32 touristes européens au sud du pays. Alors que 15 d'entre eux seront libérés suite à une intervention militaire des forces spéciales de l'armée algérienne, 16 ne seront libérés que grâce à une rançon. L'une des victimes avait décédé d'une mort naturelle. Un noyau d'Al Qaîda au Mali depuis 2008 En août 2006, c'est au Niger que pas moins de 20 ressortissants étrangers, pour la plupart des Italiens seront kidnappés. On parle aussi d'une rançon. En 2008, deux touristes autrichiens et deux diplomates canadiens connaîtront le même sort en Tunisie et au Niger. En 2009, c'est l'année où l'on a constaté le plus d'enlèvements, particulièrement au Mali et en Mauritanie. Depuis le mois de janvier, cinq enlèvements ont été enregistrés et pour la première fois, un otage est exécuté. Il s'agit du Britannique Edwin Dyer. Selon la lecture faite par des experts, le Mali abriterait un noyau dur d'Al Qaîda depuis 2008, l'année où le Gspc en Algérie connaîtra une régression notable dans ses activités à cause des difficultés dans l'enrôlement de nouvelles recrues et l'absence d'argent. Dans ce contexte justement, un chercheur à l'Institut français des relations internationales de Paris, Alain Antil, déclare qu'Al Qaîda est en manque d'argent et les otages représentent un vrai business au niveau de cette zone. Un spécialiste d'Al Qaîda et chercheur à l'Institut d'études politiques à Paris, Jean- pierre Filliu, souligne qu'Al Qaîda rencontre de graves problèmes financiers et ces enlèvements permettront à cette organisation de trouver une solution en réclamant des rançons pensant également que c'est là qu'elle devient plus menaçante et dangereuse. Pour l'Algérie, il n'est plus question de céder au diktat des réseaux terroristes. Le Président Bouteflika avait fermement recommandé le mois de septembre dernier devant l'Assemblée générale de l'ONU, l'interdiction absolue du paiement des rançons aux kidnappeurs. Le Président avait souligné que le phénomène avait atteint des proportions inquiétantes et ce qui encourage les preneurs d'otages, c'est justement le fait de céder à la demande de rançon. Il va sans dire que ce produit, selon toujours le chef de l'Etat, est devenu la principale source de financement des bandes terroristes, notamment dans le Sahel. La rébellion touarègue n'est plus un problème Ceci dit, le département d'Etat américain avait annoncé, lors d'un congrès le mois dernier, qu'Al Qaîda n'a pas réussi à atteindre ses objectifs au Sahel, grâce, a-t-on souligné, à la pression exercée par les forces de sécurité algériennes. Les hauts cadres de leur institution avaient d'ailleurs tenu une rencontre le mois d'août dernier à Tamanrasset avec leurs homologues maliens, nigériens et mauritaniens pour dégager une stratégie de lutte commune contre l'hydre terroriste dans la bande du Sahel. Etant donné que la rébellion touarègue ne posait plus problème, l'Algérie avait conçu une coopération entre ces pays pour ramener une sécurité durable dans la région. C'est autour de cette question qu'aura lieu la prochaine rencontre algéro-européenne devant tracer les grands paramètres des moyens qui doivent permettre de lutter contre les réseaux terroristes dans la bande du Sahel et notamment le crime organisé tel que le trafic de drogue. Il s'agit, en somme, de dégager une stratégie pour sécuriser cette zone devenue a priori, un lieu de prédilection des activités criminelles et subversives.