En plus du défilement de stars comme Morgan Freeman et Adel Imam, qui n'ont pas manqué de provoquer un peu de fièvre au sein de ces meutes de personnes qui encerclent le tapis rouge, les amateurs du cinéma maghrébin ont eu l'occasion de savourer quelques films en provenance, surtout, de l'Algérie et du Maroc. Du côté algérien, le film qui a le plus marqué est incontestablement Bab El Web de Merzak Allouache. Le film a été accompagné, lors de la présentation, par le chanteur Faudel et le comédien Hacène Benzerari. Ayant joui d'un tel soutien et de la publicité internationale, beaucoup de personnes s'étaient déplacées pour le suivre. Par ailleurs, d'autres personnes s'étaient aussi déplacées pour apprécier les œuvres de deux jeunes talents, en l'occurrence Djamel Sellani, qui a proposé Algériennes traitant du rôle des femmes dans la Révolution algérienne, et 100% Vaches de Mouzahem Yahia. Après Orange, M. Yahia continue dans l'exploration de la société algérienne avec originalité. Il y a lieu de regretter la qualité sonore lors de la projection. Cela est d'autant plus vrai quand on sait que le son a été un élément important dans la construction sémantique du film. Nonobstant, cela n'a rien enlevé à la qualité cinématographique de cette fable, aigre-douce, sur la société algérienne où le comédien Rachid Farès a livré une prestation élégante. Le Maroc, de son côté, a été aussi fortement représenté. Parmi les six films présentés, deux retiennent l'attention, surtout par la jeunesse, la liberté expressive et la recherche esthétique. Il s'agit de Haunted de Hicham Al Hayat et de Regard de Nour-Eddine Lakhmari. Le premier est un court métrage osant traiter d'un sujet rare, à savoir l'exploration de la psyché humaine à la manière de Hitchcock et le deuxième aborde la question du pardon. Lakhmari a mis en scène un personnage français qui rentre au Maroc, rongé par la culpabilité, pour demander pardon aux anciens colonisés. Un film politiquement incorrect qui dérange la pensée répandue en France, et esthétiquement cohérent avec le sujet abordé. Le travail de ces deux réalisateurs, vivant respectivement en Suisse et en Norvège, est le produit surtout de leur intelligence et leur prise de distance aussi bien par rapport à la pression interne au Maroc qu'à celle exercée par l'Hexagone sur ceux qui vivent en France. Parmi les autres films, en provenance des autres continents, ayant marqué aussi bien par la qualité que par l'originalité, figurent Being Ossama de Mahmoud Kaabour qui témoigne de la difficulté de porter le nom d'Ossama dans un pays occidental et West Bank Story de Ari Sandel qui évoque le conflit palestino-israélien sous forme d'une comédie musicale rappelant fortement West Side Story. Le film est un exercice de style réussi. Bien sûr, avant de finir, on ne peut pas omettre Underexposure de l'Irakien Oday Rasheed qui offre une belle fleur au peuple irakien et A new Day in Old Sana'a de Bader Ben Irsi, premier long métrage dans l'histoire du Yémen, qui propose une belle comédie dans les rues de la capitale yéménite. DE DUBAI : Tahar HOUCHI