Finalement, l'histoire des moutons importés à l'occasion de l'Aïd El Adha n'est qu'une histoire de père Noël. À trois jours de cette fête religieuse, les nombreux pauvres citoyens annabis, qui guettaient depuis un certain temps les quais du port de la “Grenouillère”, ont perdu définitivement tout espoir. Cela semble avoir fortement perturbé beaucoup de pères de famille annabis encore à la recherche d'un mouton pour le sacrifice rituel. Ainsi, la course au mouton est bel et bien lancée à Annaba où les 5 marchés de bétails habituels sont pris quotidiennement d'assaut. Mais les prix qui y sont appliqués par les maquignons de la région font fuir plus d'un chef de ménage à la bourse limitée. Qu'il s'agisse des souks de Berrahal, El Bouni, El Gantra, Oued el Anneb, El Hadjar ou Aïn Berda, le prix du mouton, voire de l'agneau, est souvent hors de portée des petites bourses. Un mouton “moyen'', d'une année d'âge, coûte entre 20 000 et 25 000 DA, soit le salaire mensuel d'un cadre moyen, comme le fait remarquer un retraité. Mieux encore, l'agneau de 6 à 7 mois, ne répondant même pas aux normes du sacrifice, est cédé à partir de 15 000 DA, dans les meilleurs des cas. Comme chaque année, la population annabie, avant d'acheter, temporise et attend la dernière semaine, voire le dernier jour pendant lesquel débarquent à Annaba les maquignons des wilayas environnantes et autres régions réputées pour leur cheptel. C'est le cas des wilayas à vocation agro-pastorales, telles que Khenchela, Oum el Bouaghi et Tébessa. Le cheptel de ces régions est réputé pour la qualité de sa viande du fait d'une nourriture naturelle, saine. Le mouton de la région steppique de Chréa, dans la wilaya de Tébessa, est des plus prisés. Pendant des années, des maquignons de Ouled Djellal ont fait le déplacement à Annaba pour vendre leur cheptel, très apprécié pour ce qu'il offre comme équation qualité-prix, explique-t-on. Mais, cette année, ces maquignons se font encore discrets. En fait, ils sont de moins en moins nombreux depuis quelques années. Ils semblent avoir cédé la place à des “trabendistes'' du mouton qui ont pris leur place, après avoir découvert ce juteux créneau. Ces derniers louent des étables où ils entassent des centaines de moutons ramenés souvent de ces mêmes régions agro-pastorales. Les prix appliqués sont des plus élevés, soutient-on. Cependant, beaucoup de pères de famille s'y rabattent car ils sont autorisés à laisser sur place leur mouton qu'ils récupèrent, le plus souvent, la veille ou l'avant-veille de l'Aïd. Un avantage de taille pour les familles qui habitent dans des appartements souvent exigus. B. BADIS