Une forte proportion de la population active occupe un poste de travail précaire. “La population active du moment, au sens BIT, est estimée à près de 9,7 millions de personnes en septembre 2005, soit un taux d'activité de 41,0%. Ce taux était de 42,1% en septembre 2004”, selon l'Office national des statistiques (ONS). Les données publiées sur son site internet font ressortir que la population au chômage est estimée à 1,5 million de personnes, soit près de 200 000 chômeurs en moins par rapport à 2004. Le taux de chômage, quant à lui, se situe à 15,3%. Il était de 17,7% en 2004. Mais au-delà de ces chiffres, au demeurant connus, les statistiques de l'ONS détaillées donnent une idée un peu plus précise sur la nature de l'emploi qui domine dans l'économie algérienne. Sur une population occupée de 8,18 millions de personnes, 2,219 millions sont des employeurs indépendants. 2,241 sont des salariés non permanents ou des apprentis. 592 292 bénéficient des aides familiales. L'ONS souligne que “selon la situation dans la profession, et à l'inverse de ce qui a été observé en 2004 où on a enregistré une augmentation sensible des employeurs et indépendants, en 2005 ce sont plutôt les salariés permanents qui ont vu leurs effectifs augmenter, quelque 200 000 salariés permanents en plus. Il en est de même pour les salariés non permanents et les apprentis où l'accroissement absolu par rapport à 2004 est de près de 400 000 personnes”. L'ONS note, cependant, que la part des chômeurs de moins de 30 ans a encore légèrement augmenté par rapport à 2004, 75% en 2005 et 73% en 2004. Et puis les 2, 241 millions de salariés non permanents, avancent certains économistes sont dans une situation de précarité. Autre fait à signaler, si en 2004 le taux de chômage, selon les milieux urbain et rural, accusait une différence de 0,7 point au profit du rural, en 2005 cette tendance s'est inversée, la différence est de 1,2 point au profit de l'urbain. Selon les secteurs d'activité, l'industrie et le BTP ont vu augmenter leur part dans l'emploi total. Cette proportion passe de 26% en 2004 à 28% en 2005. L'aggravation du chômage de moins de 30 ans indique, si besoin est, que le niveau des dépenses consenties par l'Etat pour l'emploi des jeunes depuis 1989 n'a pas réussi à contenir la progression du chômage juvénile en Algérie. Sur 1,5 million de chômeurs, 896 279 sont des personnes âgées entre 20 et 29 ans. Pour le court terme, signalent certains spécialistes, devant la population élevée des chômeurs “sans aucun” niveau et la population occupée, elle aussi, “sans aucun niveau”, une stratégie fondée sur l'employabilité des ressources humaines au sens large du terme apparaît inévitable. Le ministre du Travail et de la Sécurité sociale a annoncé la promulgation prochaine d'une loi visant à réduire les coûts sociaux engendrés par le chômage en créant de nouveaux emplois. Avec le nouveau type de chômage induit par les licenciements économiques, les actions doivent porter non seulement sur le marché de l'emploi et le marché des biens et services, mais aussi sur le marché particulier de la formation. Pour rappel le premier vice-président et économiste en chef de la Banque mondiale, François Bourguignon, avait estimé “qu'il existe en Algérie un problème d'équité et d'inégalité d'accès à l'emploi”. Les caisses sont bien remplies et l'économie en pleine croissance. Pourtant, le chômage demeure important, note-t-il. François Bourguignon explique ce problème d'iniquité et d'inégalité d'accès à l'emploi, par “l'inadéquation entre le système éducatif et les besoins du marché du travail”. Meziane Rabhi