Les clubs européens de football ont boudé le Mercato, clos depuis vendredi soir et marqué cet hiver par l'absence de transfert à sensation et de somme record, dans un contexte de crise qui n'épargne que le marché anglais. Habituels pourvoyeurs de transactions coûteuses et de noms ronflants, les championnats italien et espagnol sont restés sages et prudents, donnant le ton d'un Mercato morose. Dans le Calcio, seule l'arrivée de l'Argentin Gabriel Batistuta à l'lnter Milan, en provenance de l'AS Rome, a un peu défrayé la chronique. L'lnter n'a cependant rien déboursé pour “Batigol”, dont l'ancien club a été le seul véritablement actif avec la signature de l'international français Olivier Dacourt (ex-Leeds/Eng) et le retour de l'Espagnol Josep Guardiola à Brescia. Vendredi, le Milan AC pistait encore deux morceaux de choix, espérant s'attacher à temps les services du Néerlandais Jaap Stam et du Yougoslave Dejan Stankovic (Lazio Rome). Même en Espagne, les formations de premier plan n'ont pas tenu leur rang et sont restées discrètes. Pas de renfort au Real Madrid, ni au Deportivo La Corogne et guère plus au FC Barcelone qui s'est juste fait prêter l'Argentin Juan Pablo Sorin par Cruzeiro (Bré). Le Barça a aussi trouvé un entraîneur, le Yougoslave Radomir Antic. Seules les venues de l'Espagnol Farinos (ex-lnter Milan) à Villareal et de l'espoir français Anthony Réveillère (ex-Rennes) à Valence sont à noter. Le Real, qui n'est pas parvenu à placer l'Argentin Solari à l'Inter Milan, devra payer 10 millions d'euros au club italien dans le cadre du transfert de Ronaldo l'été dernier. En fait, les clubs espagnols, piégés par des masses salariales élevées, ont surtout pensé à dégraisser. Nombre de joueurs sont ainsi repartis vers l'Amérique du Sud qui vit son intersaison, alors que le Brésilien Geovanni (FC Barcelone) a rejoint le Benfica Lisbonne (Por) et le buteur espagnol Salva, Bolton (Ang). Dans la morosité ambiante en Europe, I'Allemagne fait figure de marché véritablement sinistré avec, pour l'ensemble des clubs, un peu plus de 10 millions d'euros investis cet hiver, soit moins que la somme déboursée en Angleterre par Newcastle pour enrôler le seul Jonathan Woodgate (Leeds). La crise financière, née des doutes entourant les droits télévisés après la faillite du groupe Kirch, touche durement la Bundesliga. En janvier 2001, les clubs allemands avaient dépensé quatre fois plus (près de 40 millions d'euros). Un seul pays, I'Angleterre, résiste à la tourmente européenne et passe encore pour un eldorado. Nombre de formations anglaises ont recruté et investi des sommes conséquentes, à l'instar de Manchester City, qui a dépensé 15 millions d'euros pour Robbie Fowler (ex-Leeds) et le Français David Sommeil (ex-Bordeaux) pendant que Newcastle a lâché 14 millions d'euros pour Woodgate. Leeds, plombé par plus de 100 millions d'euros de dettes, et Liverpool (départs du Français Bernard Dioméde et du Portugais Abel Xavier en prêt) ont, de leur côté, surtout dégraissé.