Les opérations exécutées dans le cadre de la préparation des concessions ont eu un impact extrêmement positif sur l'environnement des localités bénéficiaires, à travers notamment l'ouverture de pistes, l'électrification et l'apparition de microclimat grâce à la présence de la végétation et de l'eau. C'est un cadeau tombé du ciel. Nous en remercions Dieu.” L'homme qui prononce ces mots est submergé d'émotion en découvrant la parcelle de terre qui lui a été octroyée dans le cadre du dispositif de la mise en valeur par la concession. Nous sommes à Zelfana, plus précisément au périmètre agricole de Gouifla, à une soixantaine de kilomètres à l'ouest de la ville de Ghardaïa. Le terrain est dégagé grâce à un travail de nivellement, les pistes sont ouvertes, les forages sont fonctionnels, les réseaux d'irrigation principale et secondaire sont installés, les plants de palmiers sont en place… le bénéficiaire de la concession n'a maintenant qu'à se mettre au travail pour terminer les actions entreprises jusque-là par la Générale des concessions agricoles. Lancée dans le cadre de la première fournée des projets de la concession agricole en 1999/2000 sur une superficie de 102 ha, la zone est aujourd'hui un véritable pôle de production pas seulement de la datte, mais aussi et surtout de toutes sortes de produits maraîchers et arboricoles. Certaines parcelles, apparemment très bien entretenues par les bénéficiaires, donnent de ce secteur situé dans une zone quasi désertique l'image d'un authentique paradis sur terre. En effet, les agriculteurs ne se sont pas contentés des plantations de palmiers comme c'est de tradition dans les oasis. En intercalaire, les poiriers, les abricotiers, les citronniers, les ceps de vignes et même les figuiers sont déjà entrés en production. Des serres sont également installées et permettent aux concessionnaires de produire dans de bonnes conditions salade, haricots verts, oignons, petits pois, tomate... qu'ils vendent sur le marché local. Cela leur procure bien évidemment des revenus considérables. Et c'est d'ailleurs là l'un des objectifs du système de la concession. TOUT DEPEND DU BENEFICIAIRE Mais, il faut noter tout de même que les périmètres ne sont pas travaillés de la même manière. Tout dépend de l'effort consenti par le bénéficiaire. “L'effort du concessionnaire est important. Il existe une bonne majorité d'agriculteurs qui ont réussi à faire de leurs concessions des espaces agréables à voir. Nous, en tant que représentants locaux de la GCA, on ne peut qu'être satisfaits lorsqu'on voit que les investissements consentis par notre organisme sont rentabilisés”, considère M. Gasmia, directeur régional de la GCA. Avant leur attribution par les autorités locales, les concessions bénéficient d'un travail de fond visant à les préparer à recevoir un investissement agricole. Ces actions ont un coût totalement pris en charge par l'Etat. La présence de quantité suffisante d'eau dans les forages réalisés est la première condition prise en compte par les autorités pour dégager d'éventuels périmètres pour leur mise en valeur. Ce n'est donc qu'une fois qu'on est assuré de la disponibilité de l'eau que l'installation des réseaux d'irrigation et des bassins intervient. C'est à partir de la nappe albienne, qui se trouve ici à une profondeur de 1 000 mètres, que ces périmètres sont alimentés. Lorsqu'on sait que la réalisation d'un forage dans cette région peut coûter jusqu'à 60 millions de DA, l'on imagine facilement les efforts que continuent de consentir les pouvoirs publics pour encourager le travail de la terre qui s'est avéré ici un instrument pour le moins efficace pour la résorption du chômage et l'amélioration des revenus des habitants. L'on enregistre, d'ailleurs, au niveau des APC de Ghardaïa un engouement sans pareil depuis des années, notamment Les jeunes qui veulent bénéficier de concessions. Et la demande va crescendo au point de créer une certaine tension au niveau local tant l'on ne peut satisfaire toutes les sollicitations. L'exemple de la commune de Guerara en est, à ce propos, éloquent. En effet, lorsque l'APC a rendu publique la liste des 50 bénéficiaires d'un périmètre de mise en valeur, les autorités locales se sont retrouvées devant pas moins de 3 000 recours. La commission devra donc se réunir pour statuer sur les dossiers, mais il faut dire que ce ne sera pas chose facile. “Les gens veulent travailler. Il y a une forte demande. Les potentialités importantes en eau dans la région font que l'on peut toujours élargir le champ de la concession si les autorités locales en font la demande”, explique M. Gasmia qui n'omet pas de souligner le rôle joué par les anciennes concessions dans la sensibilisation des nouveaux demandeurs. Les résultats globalement positifs enregistrés ont visiblement eu un effet stimulateur pour la demande. Les bienfaits de l'eau Jusqu'ici, la région de Guerara s'est adjugée la part du lion dans l'octroi des concessions agricoles. Le quart des périmètres de mise en valeur par la concession dont a bénéficié la wilaya de Ghardaïa, c'est-à-dire 8 pour être précis, a vu le jour dans cette commune. Il est vrai que cette wilaya, même située en plein plateau désertique, est traditionnellement connue pour ses activités agricoles. Cependant, le dispositif de la concession est venu booster cette branche et stimuler l'activité agricole au moment où elle commençait à s'essouffler. Pas moins donc de 800 ha ont bénéficié des actions de valorisation prévues dans les dispositifs de la GCA. Le système artésien d'irrigation, qui permet l'accès à l'eau souterraine sans le recours à l'énergie pour le pompage, est l'un des atouts de l'agriculture dans cette région. Pas besoin donc de l'électricité pour l'extraction de l'eau d'irrigation. Les périmètres à mettre en valeur continuent d'ailleurs de pousser comme des champignons au grand bonheur de la population. C'est le cas pour le lieu-dit Haoudh Hsane, situé dans la même commune qui a accueilli un projet de mise en valeur d'une superficie de 100 ha. En plus du forage qui a été réalisé, des travaux d'amélioration foncière ont été effectués sur toute l'étendue du périmètre. Des brise-vents ont été plantés sur une distance de 6 kilomètres et pas moins de 12 kilomètres de piste ont été ouverts. Il reste maintenant à procéder à la plantation des palmiers-dattiers prévue dans cette localité. Mais pour cela, il faut attendre de connaître la liste des 50 bénéficiaires qui devra être communiquée par l'APC. “On ne peut pas entamer les plantations tant que les concessionnaires ne sont pas désignés. Ça c'est le travail des autorités locales. Et c'est à partir de là que nous transférerons les concessions aux bénéficiaires qui vont commencer l'exploitation”, relève M. Gasmia. Dans cette contrée enserrée de toutes parts par un paysage rocailleux extrêmement hostile, la présence de l'eau, même à une profondeur de 1 000 mètres, constitue une véritable aubaine pour la population, surtout que le système artésien est là pour faciliter les choses. Grâce à ce précieux liquide, beaucoup de terres jusque-là considérées comme incultes peuvent être récupérées et exploitées. Voilà donc une manière de faire reculer le désert qui dans d'autres contrées du pays avance inlassablement rongeant sur son passage des centaines d'hectares par l'effet de l'avancée des dunes de sable et de la désertification. Certes, l'existence de ces oasis remontent loin, toutefois la mise en place des concessions a permis d'étendre la superficie des terres cultivables. Guerara est l'une de ces perles qui font reculer le désert. Les étendues verdoyantes semblent défier la nature même de cette région quasi aride. Drin 3, du nom de ce lieu-dit, est l'un des périmètres en préparation dans cette localité. La particularité de cette concession, c'est qu'elle a été octroyée à une association locale, El Hayat en l'occurrence, qui s'est chargée de répartir le terrain sur les citoyens qu'elle aura elle-même sélectionnés. S'étalant sur 100 ha, le périmètre devra accueillir des cultures phœnicicoles et fourragères, mais aussi arboricoles à travers la plantation de quelque 6 000 oliviers offerts par la Conservation des forêts. “C'est là l'un des meilleurs périmètres grâce à l'organisation, l'entraide et la discipline des concessionnaires”, estime M. Gasmia, qui met en relief la contribution précieuse de certains diplômés parmi les bénéficiaires dans le travail de préparation et d'entretien du périmètre. Les LIMITES DE LA NAPPE ALBIENNE Les initiateurs des projets de mise en valeur des terres par la concession dans cette région du sud du pays ont constaté la différence dans les débits fournis par les forages. Dans certaines localités, des puits donnent jusqu'à 200 litres par seconde. Mais, dans d'autres, il atteint difficilement les 50 l/sec. À quoi est due cette différence ? D'après M. Bouhamida, hydrogéologue au niveau des Laboratoires des travaux publics du Sud (LTPS), la région de Ghardaïa se trouve à la limite nord de la fameuse nappe albienne et donc, c'est tout à fait naturel que le débit baisse à mesure qu'on s'y éloigne et qu'il augmente lorsqu'on s'y rapproche. “En général, le débit des forages est de 90-100 l/sec. Mais, il peut varier d'une région à une autre. À Ghardaïa, il est généralement de 40-50 l/sec, alors qu'à Guerera, il peut aller jusqu'à 150 l/sec”, indique-t-il. UN POTENTIEL DE 16 000 HA À FRUCTIFIER Selon les informations qui nous ont été communiquées par la GCA de Ghardaïa et qui se basent sur les études effectuées par le Bureau public d'étude pour le développement rural (Bpeder), dépendant du ministère de l'Agriculture, il existe dans la wilaya de Ghardaïa un potentiel important de terres identifié et pouvant accueillir des périmètres de mise valeur. Elles sont estimées à 16 000 ha. La balle est ainsi dans le camp des autorités locales qui doivent proposer ces périmètres à la concession. C'est donc une aubaine pour elles à mettre à profit pour réduire la crise du chômage qui atteint dans ces localités du Sud des records. Depuis le lancement du programme, 33 projets de mise en valeur ont été exécutés ou sont en cours d'exécution dans la wilaya de Ghardaïa. Ils portent sur une superficie de 2 760 ha constituant quelque 1 173 concessions. À fin décembre dernier, les actions engagées ont généré près de 1 000 emplois. Mais, il faut dire que les opérations exécutées dans le cadre de la préparation des concessions ont eu un impact extrêmement positif sur l'environnement des localités bénéficiaires à travers, notamment, l'ouverture de pistes, l'électrification et l'apparition de microclimat grâce à la présence de la végétation et de l'eau. H. S.