Pénurie d'eau, habitat précaire, manque d'infrastructures scolaires et sanitaires, routes impraticables… Ce sont autant de contraintes qui rendent difficile le quotidien des villageois. M. Hocine Ouadah, wali de Tizi Ouzou, a effectué ces derniers jours une visite de travail à Tizi-Gheniff où il a inspecté certains projets inscrits dans le plan de développement local de cette région. Si cette visite est programmée pour trouver des solutions aux problèmes de la population, il demeure que certains cas ne sont pas passés en revue. “Tizi-Gheniff dépend toujours de Draâ El Mizan car il n'existe pratiquement pas tous les services. En matière d'infrastructures sanitaires, cette daïra ne dispose pas encore d'un centre de santé digne de ce nom. Où est la promesse de réaliser un mini-hôpital à Tizi-Gheniff ?” s'est interrogé un citoyen qui estime que toutes ses visites sont les mêmes et se ressemblent. Le problème de l'habitat précaire est loin d'être résolu dans cette région où d'autres cités datant de l'ère coloniale sont là comme des monuments historiques abritant dans des conditions lamentables des centaines de familles à telle enseigne que même leurs mômes sont connus sous l'appellation “les enfants des cités”. Hocine Ouaddah a marqué une halte au niveau de la commune rurale de M'kira. Pour arriver jusqu'au chef-lieu, Tighilt Bougueni, il faudra emprunter un chemin sinueux. En Kabylie tous les chemins montent : c'est le cas de ce dernier. Cette localité reste une poche de misère et de pauvreté à tel point que tous les M'kiris veulent partir. D'ailleurs, la jeunesse de cette région a bel et bien pris le chemin de l'exode vers d'autres régions et même à l'étranger. Une commune qui compte 18 000 habitants est prise en étau par de nombreux problèmes : pas d'eau potable, pas de routes, pas de travail, pas de logements, pas de loisirs… Comme à l'accoutumée, des promesses ont été données tels le règlement de l'aménagement urbain, la réfection des routes, l'éradication de l'habitat précaire… Seulement, les citoyens n'attendent que le concret. À titre d'exemple, la restructuration de la cité de Tamdikt. “C'est un problème épineux. Il faudra d'abord régulariser la situation du site qui n'appartient pas à l'Etat. Les études sont finalisées, mais rien ne peut se faire sans terrain”, nous a confié un élu local.Dans cette contrée ô combien déshéritée, la citerne d'eau potable coûte beaucoup plus qu'un sac de semoule. Ce liquide est rarissime. Ceci a fait dire à un citoyen de Taka : “En été et en hiver, on dépense beaucoup plus pour l'achat de l'eau que la nourriture. On est les damnés de la terre.” Quant à ceux qui ont bénéficié des 50 millions dans le cadre du RHP, ils ne pensent pas à cette aide car, pour eux, ils sont dans l'impossibilité de concourir avec un apport de 20% du coût du logement. “Ce n'est qu'un leurre car la majorité n'a même pas un poste de travail. C'est vraiment utopique. Nous allons mourir dans nos vieilles bâtisses si cette condition n'était pas levée”, fulminait un bénéficiaire. Ainsi les populations des deux communes visitées et les responsables espèrent que toutes les promesses deviennent réalité, car cette région du sud de la wilaya a été oubliée. O. GHILÈS