Dans un communiqué rendu public, hier, le comité des établissements privés révèle que quelque 100 000 élèves sont touchés par la décision du ministère de l'Education. La fermeture des écoles privées, qui a pris effet jeudi dernier, continue à susciter le courroux des uns et l'étonnement des autres. Hier, c'était au tour de la Coordination des associations des parents d'élèves de réagir à travers un communiqué de presse transmis à notre rédaction. Dans ce document, il apparaît, très clairement, le désarroi des parents qui s'indignent de voir ainsi pas moins de 100 000 élèves, étudiant dans ces structures privées, se retrouver dans un état psychologique perturbé et traumatisant en raison de l'interruption de leur scolarité. “La décision prise par le ministère de l'Education nationale pénalise dans une large mesure principalement les enfants qui se retrouvent en milieu d'année pédagogique dans la rue. Cette décision, au-delà des aspects légaux, constitue, en fait, une atteinte grave aux droits de l'enfant connus et reconnus par le dispositif légal en cours de notre pays et les conventions internationales auxquelles notre gouvernement adhère de plein droit”, dénoncent les parents qui ne voient en cette fermeture qu'une décision administrative dénuée de toute considération par rapport aux droits fondamentaux aussi bien des parents que des élèves qui se retrouvent, selon les déclarations des parents, être les premières victimes d'une malencontreuse décision prise dans la précipitation sans aucune étude d'impact. “La décision de fermeture de ces établissements privés d'enseignement en cours d'année et au milieu d'un cursus scolaire aura sans aucun doute des conséquences très graves sur la formation de nos enfants, aussi bien sur les volets psychologique et pédagogique que sur celui de l'intégration dans un cursus de l'éducation.” Devant cet état de fait, le ministère de l'Education nationale ne trouve pas mieux, pour sa part, que de pondre un communiqué pour rassurer les parents d'élèves et leur dire que leurs enfants vont être récupérés par les écoles publiques ou encore des écoles privées agréées. “Dans le souci de garantir à chaque élève le droit à l'éducation et conformément à la Constitution, le ministère s'engage à prendre en charge l'ensemble des concernés nationaux ou étrangers résidant en Algérie”, lit-on dans le communiqué qui ajoute, par ailleurs, que “le ministère tient à rassurer les parents des élèves concernés que l'ensemble des dispositions administratives et pédagogiques ont été prises en vue de permettre aux élèves de poursuivre leur scolarité dans des conditions normales”. Les responsables du secteur ont affirmé à ce sujet que les directeurs de l'éducation dans les wilayas concernées par la décision de fermeture des écoles non agréées ont été instruits de mettre en place un dispositif permettant de faciliter les opérations de transfert. À cela, les parents d'élèves opposent des arguments d'ordre pédagogique et assimilent cette décision de fermeture à une forme de rejet et d'exclusion qui entraînera, selon eux, de graves conséquences sur l'avenir de ces élèves. “La solution de transfert des enfants et leur intégration dans d'autres établissements, comme proposé par le ministère de l'Education, conforte davantage ce sentiment d'exclusion. Le transfert des élèves d'un système pédagogique à un autre, en plein second trimestre, va inévitablement entraîner des conséquences néfastes en matière d'adaptation et d'intégration dans un nouvel environnement et ce, en pleine période d'évaluation pédagogique trimestrielle”, se sont-ils plaints, évoquant à l'occasion le préjudice certain, voire irrémédiable pour les élèves de classe d'examens (brevet et bac) lié surtout à l'inadéquation des contenus et des méthodes des programmes enseignés au niveau des deux systèmes, privé, public, qui les condamnera forcément à l'échec. Cette différence dans les programmes consiste surtout à enseigner les matières scientifiques en langue française, ce qui est désormais formellement interdit par la loi. Les parents d'élèves récusent, en fait, cette rupture brutale qui serait, de leur avis, d'autant plus dangereuse qu'elle entraînerait une déstabilisation de l'élève et demandent au ministre de l'Education de surseoir à la décision de fermeture de ces établissements en accordant des délais de mise en conformité. Des délais qui ne devraient en aucun cas être fixés en milieu d'année scolaire. Nabila Saïdoun