C'est l'acteur chinois Ning Cai, avec Ji Feng Zhong De Ma (Season of the horse) qui lance la manifestation par un cri d'alarme pour la préservation des traditions ancestrales dans les vastes étendues mongoles ; le Japonais Saegusa Genjiro, en guise de clôture, offre un ballet de locomotives avec 300 Miles en train express (1928). Entre ces deux crochets asiatiques, les cinémas des autres pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique s'exhiberont tout au long de l'événement. Dans la compétition internationale, dix films sont en lice pour l'obtention du Regard d'or, la plus haute distinction du festival, dont Heremias du Philippin Lav Diaz qui est un film fleuve avoisinant les huit heures. En course aussi, Un Matin bonne heure de Fofana qui “retrace les derniers jours de Yaguine Koïta et Fodé Tounkara retrouvés le 2 août 1999 à Bruxelles dans le train d'atterrissage d'un avion de la Sabena” et Dunia de Jocelyne Saab qui filme une jeune Cairote, diplômée en littérature, écartelée entre sa passion pour la danse et les pressions de son amoureux qu'elle épouse sans désir aucun. Dans la compétition documentaire, neuf films, privilégiant une approche personnelle et engagée, sont en course. Parmi ces films alliant analyse et poésie figurent Tout doucement… de l'Iranien Maziar Miri qui suit Mahmoud, un travailleur des chemins de fer, qui quitte son travail pour chercher sa femme disparue. Pendant ce temps, dans Dear father, quiet we're shooting, l'Israélien David Benchetrit donne la parole à des soldats et des officiers israéliens, qui ont refusé de prendre part aux actions de l'armée israélienne au Sud-Liban. Avec Kamal Bahar et Christian Lelong dans Faz, Iran 1384 (Phase, Iran 2005) et Justice à Agadez, le spectateur flirte, respectivement, les réalités de la drogue en Iran à travers les témoignages de petites gens et explore les méandres subtils de la justice coutumière exercée, dans la cité nigériane d'Agadez, par le cadi local obéi par des communautés différentes. Dans la section Panorama, quelques figures de proue du cinéma du Sud se côtoient. Alors que le Cambodgien Rithy Panh, dans Les artistes du théâtre brûlé, donne la parole aux artistes du Théâtre national du Cambodge incendié en 1994, le Burkinabais S. Pierre Yameogo et le Tunisien Nasser Khémir invitent avec, respectivement, Lève-toi et marche et Ba'aziz, Le Prince qui contemplait son âme, à des voyages : le premier à travers des histoires et des croyances de l'Afrique profonde ; le deuxième au cœur du soufisme islamique. Toujours dans le Panorama, le Syrien Mohammad Malas s'impose avec Bab El Makam où il met en scène un crime d'honneur, dissèque la société et la scène politique. Le film est aussi un essai poético-esthétique saisissant. Enfin, le Chilien Miguel Littin, avec La dernière lune, pose un regard historique sur la cohabitation entre Juifs et Arabes en Palestine et aborde aussi la question de l'émigration palestinienne en Amérique du Sud. De Fribourg, Tahar HOUCHI