Une partie des locataires a déjà engagé les travaux de démolition et de reconstruction de leurs bâtisses à leurs frais, d'autres attendent les aides de l'Etat. Entre-temps, cette rue commerçante menaçant ruine constitue un réel danger. “Cette fois-ci, nous pensons que c'est la bonne puisque le wali a ordonné la démolition de ces bâtisses désormais reclassées rouge par le CTC depuis décembre 2004”, affirme le président de l'association La Plaine. Et d'ajouter que les six bâtisses qui défigurent toujours le boulevard Amirouche représentent un réel danger pour les passants. Un commerçant du même boulevard demeure sceptique : “Certes, le wali a pris la décision ; néanmoins, j'ai peur que son exécution n'accuse des lenteurs du fait que les arrêtés de démolition ont été signés depuis 2003 par le P/APC, mais les services de la daïra refusent de déléguer la force publique pour l'application des arrêtés.” Ce commerçant enchaîne et cite son triste exemple. “L'APC m'a délivré le permis de construire le 16 mars 2005. Mais comme j'ai assez attendu, j'ai entamé moi-même la démolition à mes frais car les palabres n'ont rien donné et les atermoiements n'ont plus leur justification dès lors que toutes les constructions sont classées rouge”, poursuit-il. Mais il faut dire que les trente commerçants concernés par cette situation ne sont pas tous logés à la même enseigne. Certains d'entre eux attendent que l'Etat leur verse des indemnisations pour pouvoir construire. “Ils ont attribué 100 millions pour des gourbis classés rouge et nous qui vivons grâce à ces échoppes, on tarde à nous dédommager et, en plus, où aller ?” s'interroge un vieux bijoutier, locataire dans les restes d'un immeuble complètement en ruine situé près du Petit Montagnard, un de ces cafés qui ont naguère façonné ce qui était alors le joli boulevard Amirouche. Rachid, qui a perdu deux de ses frères lors du séisme du 21 mai 2003, est l'un des rares commerçants à avoir entamé les travaux de reconstruction mais regrette que les banques censées attribuer les prêts bonifiés, n'ont rien encore reçu, précise-t-il. Un autre commerçant qui ne croit plus aux promesses, se trouve dans une situation plus compliquée car les deux frères propriétaires de l'immeuble où il est locataire d'une boutique depuis plus de 40 ans sont en litige. “Mon avenir et celui des autres locataires dépendent de l'issue de ce litige qui prendra certainement encore des années”, lance-t-il désespérément. Selon nos interlocuteurs, des locataires refusent la proposition du propriétaire de l'immeuble qui s'est engagé à le reconstruire à ses frais en leur faisant signer une simple reconnaissance de dettes. Selon d'autres citoyens, la situation a été entretenue par les pouvoirs publics qui continuent à payer aux récalcitrants des aides au loyer. “La démolition n'arrange pas les personnes qui perçoivent chaque mois 15 000 DA.” Et ce sont plus de 79 cas dont les logements situés au centre-ville qui continuent à recevoir cette aide tout en utilisant leurs battisses classées rouge ayant pourtant fait l'objet d'un arrêté de démolition, et 160 autres cas établis dans la zone rurale, affirme une source locale. La rue Bouiri, qui a été prise d'assaut par les associations lors de leur rencontre avec le wali de Boumerdès, présente également la même situation mais elle est moins compliquée d'autant plus que les petits magasins ne portent pas préjudice à l'aspect de la ville comme c'est les cas du boulevard Amirouche. En effet, les six locataires exigent le permis de construire pour réaménager leurs locaux classés rouge. En attendant une solution à tous ces problèmes, les Menaïlis fervents du foot et du théâtre restent accrochés à la JSBM qui renaît petit à petit de ses cendres mais aussi à sa salle de théâtre Sindjab dont les travaux de reconstruction sont, eux, en avance. C'est peut-être le bout du tunnel pour la ville du maître de chaâbi, feu Hadj Menouar et de Omar Fetmouche. M. T.