Le continent africain est de nouveau épinglé dans le rapport annuel publié par la Fédération internationale des droits de l'Homme (Fidh) et l'Organisation mondiale contre la torture (Omct). La situation pour ces défenseurs des droits de l'Homme s'est même aggravée en 2005 dans bon nombre de pays. Mauvais traitements et actes de violence ont été relevés au Niger, en Ouganda, au Soudan, en Tanzanie, au Tchad, au Togo et au Zimbabwe, allant parfois jusqu'à l'assassinat en République démocratique du Congo (RDC) et au Sierra Leone, relève le rapport qui cite des harcèlements judiciaires et des incarcérations arbitraires dans onze pays, dont le Cameroun, Djibouti, l'Erythrée, le Kenya, la Mauritanie et le Niger. La Fidh et l'Omct ont également constaté de nettes régressions, même dans les pays qui s'étaient plus ou moins engagés à ne pas empêcher l'instauration chez eux de mécanismes devant contribuer à la promotion des droits de l'Homme. Menaces, campagnes de diffamation et autres formes de harcèlement ont été utilisées, selon le rapport, pour dissuader les défenseurs des droits de l'Homme de poursuivre leurs actions au Sénégal, en Somalie, au Congo (Brazzaville), en Côte d'Ivoire et au Nigeria. Les libertés de réunion, de manifestation et de rassemblement pacifique restent largement bafouées sur l'ensemble du continent, ajoute le rapport, qui cite notamment le Cameroun, la Côte d'Ivoire, le Kenya et la RDC où des manifestants ont trouvé la mort. Mme Fatimata Mbaye, vice-présidente de la Fidh et présidente de l'Association mauritanienne des droits de l'Homme, se disant consternée par la situation dans ce type de pays, a souligné que la seule possibilité de réunion étaient “les funérailles” ! Au Togo, à la suite des élections présidentielles d'avril 2005 et de l'élection contestée de Faure Gnassingbé, les violences et la répression des manifestations ont fait quelque 500 morts, selon les Nations unies. Même situation en Ethiopie, où 75 personnes ont été tuées lors des manifestations contestant les résultats des élections. Quant à la tragédie du Darfour (Soudan), c'est une situation génocidaire en raison de “l'odeur du pétrole” dans cette zone, a dit Sidiki Kaba, président de la Fidh, soulignant que parmi les premiers visés des journalistes, des militants des droits de l'Homme et des syndicalistes. La tragédie des émigrants, qui périssent en tentant de gagner l'Europe, a, par ailleurs, été évoquée par le secrétaire général de la Fidh, qui a condamné les assassinats dont certains, selon lui, ont été victimes à Ceuta et Melilla. “La responsabilité du Maroc et de l'Espagne est engagée à l'évidence”, a-t-il dit, précisant que la Fidh préparait des missions d'enquête en Espagne, au Maroc, en Algérie et au Mali. D. B.