Alors que les 6 militaires gravement touchés lors de l'attentat d'avant-hier, dans la région de Chekfa, au lieu-dit Seddat, sont toujours en observation dans le service de réanimation de l'hôpital de Jijel, la population locale ne cesse de s'interroger sur les capacités de nuisance des groupes terroristes, qui semblent garder un certain seuil de violence. En recoupant des informations distillées localement, on peut affirmer que l'attentat de vendredi dernier est un nouveau message portant refus de la démarche de paix initiée par l'état. En effet, selon des témoignages recueillis sur place, les hommes de l'ANP, dans le but de favoriser l'émergence d'un environnement propice au “retour des enfants égarés”, ne recourent plus depuis un certain temps aux ratissages. Les populations locales sont certaines que ce sont les éléments de Ibad Errahmane qui sont allés au front croiser le fer avec les forces de sécurité. Pour comprendre cette situation, une analyse de l'activité de cette organisation subversive s'impose. La région de Annaba-Skikda-Jijel est réputée pour accueillir, avec la région de Theniet el-Abed, l'essentiel des maquis GSPC de l'est du pays. Elle est partagée en deux zones, la 6 et la 7. Le GSPC à Jijel, affilié organiquement à la zone 6 du GSPC, comprend entre 80 et 100 terroristes que dirige un certain Abou Omeir Mustapha. Le QG est situé dans les Babors. Les katibate formant cette zone sont bien armées avec suffisamment de kalachnikovs et au moins deux “lance-roquettes” RPJ 7, selon l'aveu de plusieurs repentis. Katibat Ibad Errahmane, entre 7 et 12 éléments, est la plus dure des phalanges du GSPC de la zone 6. Elle est derrière les derniers attentats les plus sanguinaires dont celui de vendredi dernier perpétré à Seddat. Au sein de cette phalange, la discipline est de rigueur, et à ce jour, un seul cas de reddition a été enregistré depuis la création des premiers maquis. L'autre groupe important considéré comme celui des durs de la zone est localisé au niveau de l'axe El-Anser- Béni Ferguène. À Skikda, le GSPC, affilié à la zone 7, est localisé notamment dans le massif du Grand Collo. Les activités de ces groupes vont de oued Zhor, frontières avec Jijel, aux monts de l'Edough, dans la wilaya d'Annaba. Il est articulé essentiellement autour de la phalange Echouhada que dirigeait un certain Broche, avant qu'il ne soit déchu au profit de Allem qui sera lui-même éliminé par les forces de sécurité. Depuis, on ne sait si cette katibat a organisé le transfert du commandement au nouvel “émir” ou c'est le chaos qui y règne. Toutefois, cette phalange est réputée dure, et la direction nationale du GSPC a de tout temps fait d'elle sa force de frappe dans la région. Enfin, il y a l'énigmatique GSL (Groupe salafiste libre), qui écume entre les deux régions de Skikda et Jijel transcendant les zones 6 et 7. Composé d'un groupe de 8 à 20 professionnels surentraînés et suréquipés, en dissidence avec le GSPC depuis plusieurs années pour une affaire de succession mais aussi de butin de guerre, il est derrière les actions subversives les plus spectaculaires depuis la fameuse attaque contre le cantonnement de la garde communale d'Oum Toub en 2001. L'essentiel des produits du racket des années 90, qui a échappé à la mainmise des émissaires de l'algérois et du sud, se trouve dans le QG de ce groupe. Il y a près d'une année, leur chef, un certain Abou El-Abès, s'est rendu aux autorités sans que son geste ne soit suivi par les autres éléments. Aujourd'hui, c'est un certain Adjenoun qui est à la tête de ce groupe. Mourad KEZZAR