Entre 1966 et 2004, l'Algérie a réalisé 605 agglomérations urbaines sans un cachet architectural, ni urbanisme et souffrant de problèmes délicats, d'eau potable, de réseaux d'assainissement… Des cités-dortoirs ont été édifiées durant des décennies, mais se sont avérées plus tard de petites villes surpeuplées et sans âme. Les pouvoirs publics espèrent, aujourd'hui, rectifier le tir en tentant de mettre en œuvre le concept de villes nouvelles tel que cela se fait dans les pays développés. Des projets ont ainsi vu le jour sur plans seulement. Des régions ont été identifiées dans ce sens mais les projets sont restés au stade des intentions. Des noms de sites ont été avancés çà et là. L'on cite Sidi-Abdellah, El-Affroun, Bouinane (Blida), Boughezoul (Médéa)… Les études de faisabilité n'ont, en revanche, pas été entièrement finalisées à ce jour. Les experts réunis hier à l'occasion de la tenue d'un congrès maghrébin organisé par le collège national des experts architectes (Cnea) à Alger se sont interrogés sur le choix des sites. Ils se demandent si les citoyens étaient consultés ou associés dans ces projets. “Ces villes nouvelles serviront à quoi, destinées pour qui ?” réclament-ils. À partir de ce constat, les architectes et autres urbanistes proposent des solutions qui pourraient intéresser les responsables concernés. De prime abord, ils suggèrent une mixité sociale en diversifiant les habitations à construire dans ces villes nouvelles à travers des logements collectifs, semi-collectifs et individuels. Selon eux, il ne faut plus être obnubilés par la crise de logement et tenter à tout prix d'en résorber le déficit. L'habitat dans ces zones, avouent-ils, doit être composé de logements, d'écoles, d'universités, de banques, de centres de santé, de parcs de loisirs, de routes et autres infrastructures, de réseaux d'eau potable qui assureront la couverture de tous les résidants. Ces futurs centres urbains devront être ainsi habités par le ministre, le maire, le procureur, le commerçant, le simple citoyen… Il est opportun, disent-ils, de transférer les bâtiments stratégiques (ministères…) du nord du pays, réputé pour être une zone sismique, vers ces villes nouvelles comme Boughezoul. En cas de séisme, ces immeubles ne seront pas touchés. La ville nouvelle doit disposer d'une certaine griffe architecturale conçue par de grands architectes et sociologues contemporains. Ces villes nouvelles ne doivent pas être de nouvelles villes. En termes plus clairs, elles doivent être dotées de toutes les conditions nécessaires à l'épanouissement de leurs résidants. “Il faut en finir avec le logement-refuge où l'habitant ne vient que pour passer la nuit”, indiquera M. Abdelhamid Boudaoud, président du Cnea. Badreddine K.