L'éducation populaire est ce qui échappe aux règles officielles appliquées dans des institutions publiques (écoles, collèges, lycées, centres de formation, etc.) qui relèvent de l'organisation, des prérogatives et des devoirs des Etats. Le sens va de lui-même, l'éducation populaire est une discipline faite de valeurs historiques véhiculées, cumulées, sans cesse renouvelées et dont les institutions naturelles d'évolution et de départ sont la famille, le quartier et l'ensemble des milieux ambiants de la cité. Elle renseigne sur l'histoire et les voies d'évolution empruntées par les peuples. En principe, l'éducation publique et l'éducation populaire ne sont pas en opposition. Elles ne sont pas antinomiques ni contraires. La première doit jouer le rôle de continuité et de prolongement naturels de ce que produit la deuxième, avec toutefois des apports nouveaux, modernes et scientifiques. Ces apports ne devraient pas être de nature à transformer les sociétés, mais plutôt à les consolider dans ce qui les constituent et les façonnent intellectuellement. Des passerelles d'intelligence sont nécessaires pour relier l'ensemble. D'aventure, l'éducation populaire est, pour ainsi dire, considérée comme un laissé-pour-compte, un pis-aller. Mais à vrai dire, il n'y a pas que du plaisir, du folklore et de l'aléatoire dans l'éducation populaire. Quand bien même, ces éléments sont valorisants et non réducteurs. Il y a du nécessaire et de l'indispensable sur lesquels s'établissent les fondements sociaux. La masse des traditions relevant du rituel, du temporel comme de l'intemporel, du mythique et autres, est la somme des réalisations humaines qui se stratifient à travers le temps. C'est ce qui forme aussi la personnalité de l'être et du groupe. L'éducation populaire restera ce réservoir où l'on viendra sans cesse se ressourcer lorsque l'on a tout perdu ou presque. Ces cycles des retours (on peut même dire des pèlerinages et des confessions) ont été pourtant des faits vérifiés à travers l'histoire. Mais aujourd'hui, les effets de la mondialisation et de la globalisation ont davantage fragilisé les ressorts sociaux. Ils enfoncent les sociétés dans une nouvelle nature où les tumultes et la course déchaînée du phénomène de la consommation font que les bases de l'éducation populaire tombent une à une, laissant place à la déshumanisation, la désolation des paysages de la vie et la perte des repères. Des signes de conscientisation du risque commencent, cependant, à apparaître, timidement certes, mais c'est toujours cela. A. A.