Seulement 1% des Algériens effectuent le geste de donner du sang, ce qui est largement insuffisant pour couvrir les besoins nationaux. Face à cette situation, dangereuse pour de très nombreux malades, la Fédération nationale des donneurs de sang lance un appel aux citoyens afin qu'ils se rendent en masse dans les centres de transfusion. “Le sang, c'est la vie”, tel est le slogan de la Fédération nationale des donneurs de sang, dont les responsables ne cessent de mener des campagnes de sensibilisation pour promouvoir le don du sang. Alors que les besoins en sang sont énormes pour sauver, notamment des accidentés de la route et des malades comme les thalassémiques, les donateurs ne sont pas légion. Une rareté qui a conduit l'Association nationale des thalassémiques à tirer la sonnette d'alarme à plusieurs reprises. Dans un communiqué rendu public la semaine dernière, elle invite les Algériens à se rendre aux centres de transfusion sanguine pour sauver des enfants malades. Pour sa part, M. Gherbi Kadour, secrétaire général de la Fédération nationale des donneurs de sang, se plaint du manque d'engouement des Algériens au don de sang. “Nous déplorons le peu de donneurs de sang bénévoles, car la majorité des donneurs le font lorsqu'ils sont obligés pour venir en aide à un parent devant être opéré”, regrette M. Gherbi. Ce dernier espère le concours de la presse et surtout des médias lourds pour inciter les Algériens à accomplir un geste salvateur. Au niveau des centres de transfusion sanguine, les thalassémiques sont prioritaires quand il s'agit de leur préparer leurs commandes en concentré globuline “globules rouges”. Certes, les techniciens chargés de fractionner le sang se montrent motivés surtout qu'ils ont affaire à des enfants, mais leur volonté s'avère parfois insuffisante, notamment quand le malade est d'un groupe sanguin rare. “Nous comprenons la situation, mais parfois nous reportons à plusieurs reprises la délivrance des culots de globuline à des enfants dont l'état ne peut qu'empirer faute de transfusion à temps”, déclare avec émotion une technicienne supérieure spécialisée dans le fractionnement du sang. En effet, faute de transfusion sanguine à temps et en quantité suffisante l'état de santé des malades peut se détériorer et évoluer vers des complications graves : cardiaque, hépatique et rénale. Outre les transfusions, les malades doivent avoir un apport médicamenteux en fer pour éviter notamment les complications. Tous les praticiens affirment de manière unanime que les contraintes liées à l'indisponibilité de poches de sang sont un véritable dilemme, car devant l'urgence, aucun produit ne peut remplacer le sang. Compte tenu de l'importance du problème, les centres de transfusion sanguine se sont tous spécialisés dans le fractionnement du sang. Ce qui permet de gérer les dons de manière efficace, puisque chaque malade obtient les dérivés dont il a besoin. Cette gestion parcimonieuse permet au plus grand nombre de malades et d'accidentés de bénéficier de transfusion. Les centres de transfusion se plaignent aussi du nombre important de commandes en concentré globuline au profit de malades. “Il n'est pas rare que nous recevions des commandes pour des enfants habitant à des centaines de kilomètres d'Alger. Nous faisons notre travail, mais pour le bien-être du malade et pour éviter aux parents de longs déplacements, ne serait-il pas plus judicieux de créer d'autres centres de transfusion sanguine à l'intérieur du pays ?” affirme la même technicienne du fractionnement du sang. Quant au premier responsable de l'Agence nationale de sang, le Pr Kezzal, il rassure les malades sur les mesures de contrôle du sang. “Le sang est bien contrôlé et les transfusions se font dans de bonnes conditions. Les dons de sang se sont, eux aussi, sécurisés ; les donneurs n'ont pas de souci à se faire et nous invitons les Algériens à donner leur sang pour aider les malades”, affirme-t-il. “Nous avons enregistré 322 000 dons de sang en 2005”, ajoute-t-il. Si le directeur de l'Agence nationale de sang refuse de commenter ce chiffre, le secrétaire national de la Fédération des donneurs de sang estime, quant à lui, qu'“il faut noter que ce nombre est très en deçà des besoins, et lorsque nous déduisons les dons faits par des parents d'opérés, il ne reste qu'un nombre infime de poches pour les malades et les accidentés”. Les médecins et les responsables des associations sont tout de même unanimes lorsqu'il s'agit d'encourager le don du sang. Saïd Ibrahim