Rencontré en marge des journées d'étude sur la musique andalouse de Tipasa, Mohamed Larbi Bentellis évoque, dans cet entretien, les difficultés de mettre sur pied un statut pour les musiciens et la prochaine édition du forum de la musique savante maghrébine. Liberté : Quelles sont les missions du Conseil national de la musique ? Mohamed Larbi Bentellis : Ce conseil a été créé en février 2005 et placé sous l'égide de la ministre de la Culture. Il regroupe actuellement près de 120 cotisants répartis à travers les pays. Les objectifs de ce conseil sont nombreux et les plus importants sont : regrouper le mouvement associatif sous une seule tutelle, lutter contre la concurrence déloyale, mettre en relation les opérateurs culturels et les institutions par le biais de conventions en intégrant des programmes de financements internationaux, notamment le centre mondial de la musique qui est sous l'égide de l'Unesco et, enfin, mettre sur pied un statut pour les musiciens professionnels. Il a souvent été question de ce statut mais on a l'impression que rien ne se fait… J'ai moi-même commencé un travail de proximité auprès des musiciens. S'ils se montrent intéressés par un tel statut, il s'avère, cependant, qu'il y a une certaine réticence de leur part lorsqu'il est question de déclaration des revenus, des impôts à payer, de cotisations à la caisse sociale… sans lesquelles il ne saurait être question d'un statut de professionnels. Vous êtes également le secrétaire général de l'association Maqam de Constantine qui s'apprête à organiser la 4e édition du forum de la musique savante maghrébine. Où en êtes-vous dans la préparation ? Ce forum se tient à Constantine tous les deux ans et réunit des académiciens et des musiciens d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. Cette manifestation comprend deux volets, l'un académique et l'autre artistique. Nous pensons que les spectacles à eux seuls ne suffisent pas à réunir tous ceux qui s'intéressent à cette musique. C'est pourquoi nous avons opté pour cette périodicité de deux années afin de permettre aux chercheurs, algériens, marocains et tunisiens, d'approfondir leurs études. Nous avons, lors des éditions précédentes, reçu d'éminents chercheurs comme Mohamed Guettat de Tunisie, Omar Mitioui du Maroc et Fayçal Belkhalfat de Tlemcen. Toutes leurs conférences, ainsi que les concerts ont été enregistrés sur CD et sont disponibles pour tout demandeur. Pour cette année, nous souhaitons élargir ce forum à d'autres pays de la Méditerranée, France, Espagne, Syrie, Turquie… Est-ce que les financements suivent ? C'est une grande gymnastique. Nous avons remis au ministère de la culture une fiche technique dans laquelle nous avons présenté différents scénarios de devis estimatifs. Cependant, nous avons bon espoir quant à l'accord de la tutelle. Pour les éditions précédentes, nous avions reçu les contributions de la wilaya de Constantine, de l'APC et de certains sponsors. Mais ces apports ne sont jamais suffisants, nous puisons alors dans notre propre poche. Qu'en est-il de la dernière production de l'association Maqam ? Maqam a été créée en 1995 et comprend quatre classes, de l'initiation à la classe supérieure. Maqam s'intéresse beaucoup aux chants mystiques, comme ceux écrits par Choustouri, un grand mystique, et qui ne se chantaient que dans les zaouïas, mais notre association a introduit les instruments de musique. Jusqu'à présent, nous avons interprété sept noubas. Notre dernière production sera très bientôt sur le marché. Dans laquelle la qacida de Salah Bey sera chantée pour la première fois par une chorale mixte Propos recueillis par Samir Benmalek