Le village historique de la kalaâ Nath Abbès, dépendant de la commune d'Ighil Ali, wilaya de Béjaïa, s'apprête à commémorer le 135e anniversaire de la mort au champ de bataille de El Mokrani. C'est, en effet, le 5 mai 1871 que le bachagha El Hadj M'hamed El Mokrani, leader de l'insurrection de 1871 aux côtés de Cheikh Aheddad, est mort, traîtreusement abattu d'une balle dans la gorge, à Oued Soufflat, près de Bouira, au cours dune bataille livrée aux troupes du général Cérez. Depuis, il repose à la kalaâ, au sépulcre familial, dans la cour de la mosquée antique Djamaâ El Kebir, construite par son aïeul Ahmed Amokrane dans la première moitié du XVe siècle. Organisée par l'association Nadi El Mokrani et l'APC d'Ighil Ali, la commémoration de cet événement débutera vendredi prochain, par l'accueil des invités et des visiteurs qui ne manqueront pas de venir des quatre coins du pays et par un recueillement sur la tombe d'El Hadj El Mokrani. Elle se poursuivra par la visite de la kalaâ, cette magnifique citadelle bâtie sur un plateau rocheux culminant à près de 1 000 mètres d'altitude et qui a symbolisé la résistance, depuis 1510 et bien au-delà, à tous les envahisseurs, qu'ils soient espagnols, turcs ou français. La kalaâ, qui subjugue par la beauté naturelle de son site, recèle encore bien des lieux où l'histoire se lit sur chaque pierre comme sur un livre ouvert. À l'origine poste militaire hammadite faisant partie du grand royaume berbère de la kalaâ des Beni Hammad, elle a émergé dans l'histoire vers 1510, lorsque les princes de Béjaïa, fuyant l'occupation espagnole conduite par Pedro de Navarro, s'y sont réfugiés et en ont fait leur capitale. Depuis, devenue un royaume indépendant sous la férule de l'intrépide Abdelaziz Amokrane, elle s'est opposée à l'hégémonie ottomane en opérant des alliances conjoncturelles avec l'autre royaume kabyle, celui de Koukou des Ath El Qadi. La kalaâ s'est encore distinguée en 1871 en devenant le siège de l'insurrection éponyme, puis durant la guerre de Libération nationale en tant que plaque tournante de la lutte armée et l'un des principaux QG du colonel Amirouche avant d'être rasée presque complètement en 1959, lors de l'opération Pierres précieuses. Pour en revenir à la commémoration elle-même, deux conférences sont prévues dans l'après-midi du 5 mai, après le couscous de l'hospitalité et la prière du vendredi. L'une du professeur Djamel Seddik, historien émérite et enfant de la kalaâ, et l'autre de Younès Adli, chercheur et écrivain. Assurément, elles ne manqueront pas de passionner un auditoire avide d'en savoir un peu plus sur l'histoire de notre pays. Djamel Alilat