Après avoir échoué, l'an dernier, d'une façon tout à fait prématurée pour sa première expérience en Ligue des champions (nouvelle formule) face à la modeste formation guinéenne du Felo-Star, la JS Kabylie a juré sur tous les cieux qu'elle allait tenter le diable et le forcing, tout à la fois, pour négocier victorieusement cette première phase de l'épreuve pour se propulser vers les fameuses poules de la compétition. Et voilà qu'après s'être débarrassé au tour préliminaire de l'Ittihad de Tripoli puis du Zanaco de Lusaka, les Canaris sont alors montés en puissance pour barrer encore la route à une grosse cylindrée africaine, le Raja de Casablanca. Bien évidemment, cette qualification arrachée aux dépens des Rajaouis ne fut guère une chose aisée car l'adversaire marocain n'est pas le premier venu. Après leur précieuse victoire du match aller, au stade du 5-Juillet (3-1), les Canaris du Djurdjura avaient à cœur de subir la rage de vaincre des Aigles de l'Atlas et ce, dans un stade Mohamed V plein comme un œuf tant il est vrai qu'il aura eu bien du mal à contenir 80 000 spectateurs chauffés à blanc pour mettre la grosse pression sur la formation algérienne. Et comme la JSK aura eu le malheur d'encaisser stupidement un but du revenant Chekilit sur un coup franc, bien botté par Zerouali (10'), il faut bien avouer que l'on ne donnait pas trop de chances de qualification aux camarades de Gaouaoui. C'était presque le scénario catastrophe pour la JSK qui fut même privée d'un penalty évident pour le remuant Yacef abattu dans la surface de réparation par Chahiri (2') mais l'arbitre tunisien Mourad Daami ferma carrément les yeux sur la sentence qui s'imposait et qui aurait pu changer alors le cours des événements. Ce fut donc dans un décor plutôt défavorable que la JS Kabylie résista héroïquement durant toute la partie face à un Raja déchaîné et un public en folie pour relever un gros défi et un de plus dans l'histoire déjà riche du club kabyle sur le double plan national et international. Avec son esprit de solidarité légendaire, la JSK n'aura pas failli à ses grands rendez-vous africains pour perpétuer une tradition déjà bien établie cher les Vert et jaune. Malgré les déboulés des Bidodane, Zerouali, Daoudi et autres Masloub, la JSK avait quelque peu plié sans jamais rompre même au moment fort de la domination marocaine. Dans un tel duel titanesque, il faut certainement saluer la riposte héroïque des Gaouaoui, Yacef, Meftah et autres Daoud et Bodjakdji qui ont rivalisé de courage et d'audace avec le Raja pour propulser finalement — et pour la première fois — la JSK au système de poules de la Ligue des champions là où se côtoient habituellement les grands clubs d'Afrique dont la notoriété et les desseins sont déjà bien établis. Au-delà de cette qualification historique, ne faut-il pas espérer que cette grosse performance continentale de la JSK constitue en fait une bouffée d'oxygène pour le football algérien et quelque part un déclic psychologique pour l'amorce d'une ère nouvelle. La JSK qui rivalise avec un club professionnel aussi solide et prestigieux que le Raja de Casablanca peut être perçu comme un signe d'encouragement et de conviction pour notre football. M. H.