Présent à la soirée organisée au consulat d'Algérie à Casablanca après la qualification de la JSK, le nouvel ambassadeur a affirmé être “optimiste pour de meilleures relations entre l'Algérie et le Maroc”. Dans les salons du consulat d'Algérie au Maroc, les esprits sont apaisés après la qualification de la JSK. Mondes politique et sportif se côtoient pour célébrer la prestation mémorable de la Jeunesse sportive de Kabylie, en Ligue des champions de football, face à la formation du RAJA de Casablanca. Dans la foule, un “supporter” particulier. Le nouvel ambassadeur d'Algérie à Rabat, Larbi Belkheïr, aura été visiblement comblé de fierté par la grosse performance de l'équipe algérienne. Avant, durant et après le match, Larbi Belkheïr se disait tout simplement admiratif du “combat” livré par la JSK, défendant, comme de véritables “guerriers” les couleurs algériennes dans le fameux “chaudron vert” qu'est le stade Mohammed-V de Casablanca. Tout un symbole puisque Mohammed-V est considéré des deux côtés des frontières comme le souverain qui a le plus fait pour les relations algéro-marocaines. Après s'être déplacé de Rabat jusqu'à Casablanca pour assister officiellement au grand derby maghrébin, Larbi Belkheïr était donc présent à la réception-dîner offerte en l'honneur de la JSK par le consul général algérien à Casablanca, Brahim Younès. Au cours de cette soirée conviviale et chaleureuse, les nombreux présents entre dirigeants, joueurs, journalistes et supporters ont abordé un “Si Larbi” assez détendu, dégageant une proximité inhabituelle pour cet ancien chef de cabinet de la Présidence, considéré comme un des hommes les plus puissants du sérail. Larbi Belkheïr aura agréablement surpris l'assistance par sa chaleur humaine et un sourire des grandes circonstances qu'on ne lui connaissait pas. Photos souvenirs avec des supporters visiblement ravis allaient presque nous faire perdre de vue que le successeur de Boualem Bessaïah au poste sensible d'ambassadeur d'Algérie à Rabat a la délicate mission de gérer aussi bien un rapprochement difficile avec le voisin marocain que d'être le garant de la position algérienne sur le Sahara occidental, tant décriée au royaume alaouite. D'ailleurs, les médias marocains ne s'y sont pas trompés puisque après une accréditation express du palais royal, le 23 août 2005, en une journée, chose qu'aucun autre ambassadeur n'a obtenu, Larbi Belkheïr a été dépeint ainsi par le magazine Tel Quel : “le général algérien semble susciter beaucoup d'enthousiasme de ce côté-ci des frontières où on voit dans cette nomination un signal fort de la part du palais d'El-Mouradia et une volonté manifeste de reprendre langue avec le Maroc. C'est qu'il s'agit bien de la première fois dans l'histoire des relations entre l'Algérie et le Maroc qu'un décideur algérien se retrouve en poste à Rabat.” Sept mois après sa venue à Rabat, Larbi Belkheïr parle. Dans un langage diplomatique où le poids des mots est considérable, il aborde, d'abord, le match de la JSK en indiquant : “C'est vrai ! La JSK aura fait honneur au football national et à l'Algérie tout entière. Il faut bien reconnaître qu'il s'agit là d'un grand club qui aura mérité amplement sa qualification et qui mérite d'être félicité pour son succès et surtout son esprit sportif. Par la même occasion, je tiens à rendre aussi un hommage particulier au public du RAJA et à ses dirigeants qui ont accueilli favorablement l'équipe algérienne. Cela entre bien dans le cadre de la fraternité entre les deux pays. Personnellement, je souhaite que toutes les rencontres sportives se déroulent dans la même ambiance de fraternité.” En réponse à un contexte d'avant match assez explosif du fait de ses sous-bassements politiques. Comme pour accréditer la bonne entente algéro-marocaine, Larbi Belkheïr insistera sur le fait que “le public du Raja aura longuement applaudi la JSK, en toute sportivité à la fin du match, et je pense que c'est tout le sport maghrébin qui en est sorti vainqueur”, avant d'enchaîner : “Je crois que cette réaction positive entre dans le cadre des bonnes relations entre les deux pays surtout que le Raja a été aussi très bien accueilli à Alger. C'est dire que le sport est aussi un facteur important de rapprochement entre les deux pays.” Abordant le volet des relations bilatérales, l'ambassadeur algérien estime qu'elles “s'améliorent de jour en jour et en ce qui me concerne, je reste optimiste pour de meilleures relations encore entre nos deux pays. De toute façon, l'Algérie et le Maroc sont deux pays frères et voisins qui sont condamnés à vivre côte-à-côte et donc à s'entendre. Ni l'Algérie ni le Maroc ne pourront déménager un jour. Alors autant s'entendre et se respecter mutuellement.” De là à évoquer un rapprochement rapide dû au travail diplomatique au Maroc, l'ambassadeur se montre modeste : “J'ai toujours fait mon possible pour contribuer au rapprochement de notre pays l'Algérie que ce soit avec nos frères marocains ou avec d'autres pays. Une chose est sûre, nous continuerons à multiplier tous les efforts nécessaires pour aller encore de l'avant. Personnellement, j'ai la conviction profonde que les choses avanceront rapidement, Inch'Allah !” Une note d'optimisme qui tranche avec les tensions actuelles, mais qui souligne qu'Alger est prête à apaiser le jeu du moment que la volonté est réciproque. MOHAMED HAOUCHINE