Les experts occidentaux, qui ont planché sur le “terrorisme anti-pétrole”, avertissent que les menaces d'Al Qaïda ne sont pas gratuites et qu'une attaque terroriste contre des installations pétrolières et gazières aurait des conséquences planétaires. Puits, pipelines, raffineries, tankers, autant de cibles auraient été identifiées et visées au cours de ces dernières années par des membres de réseaux liés à Al Qaïda ou, comme dans le delta du Niger au Nigeria, par des groupes de militants locaux, citent, en exemple, ces experts. Une attaque-suicide coordonnée contre l'immense complexe pétrolier d'Abqaïq de l'Arabie Saoudite a échoué de justesse le 24 février, “faisant trembler tout le secteur pétrolier”, est-il notamment rappelé par l'Institute for the Analysis of Global Security (Iags). Selon cet organisme américain, une attaque d'installations fournissant 10% de la production quotidienne mondiale équivaut à un retrait de 4 à 6 millions de barils d'un marché, déjà extrêmement serré, et il n'y a pratiquement pas de pays susceptibles de répondre immédiatement à cette diminution. Sans l'Irak, il n'y a plus de production tampon. Donc, la moindre interruption dans les approvisionnements fait grimper les prix. Et c'est pour cela que l'armée américaine est, de plus en plus, transformée en service global de protection pétrolière, conclu l'Iags. Un cabinet new-yorkais, PFC Energy, a relevé qu'au Nigeria, 600 000 barils par jour sortent du marché depuis deux mois à cause d'attaques contre les installations pétrolières par les communautés locales et cela pèse sur les cours mondiaux qui ne descendent plus de la barre des 70 dollars le baril. Al Qaïda a compris que le pétrole était “le talon d'Achille” de l'Occident. Dans un message vidéo, diffusé en décembre 2005, son numéro deux, l'Egyptien Ayman Zawahiri, appelait les moudjahiddine à concentrer leurs attaques sur le pétrole “volé aux musulmans, dont la plupart des revenus vont aux ennemis de l'islam”. L'institut américain Site, qui surveille les sites Internet djihadistes, a indiqué avoir découvert une liste de cibles potentielles dont des installations en Irak, en Afghanistan et en Turkménistan, mais aussi des oléoducs et gazoducs. D. B.