Les ministres nommés ont pris leurs fonctions    L'Algérie met l'accent sur l'innovation et le soutien aux jeunes entrepreneurs    Le potentiel, considérable, de la croissance des exportations hors hydrocarbures mis en avant    Plus de 300 milliards de cts de factures impayées détenues par ses abonnés    Bendjama convoque le Conseil de sécurité aux actes au Moyen-Orient    Cette putréfaction qui tue et brûle la jeunesse palestinienne    La méthode Michel Barnier    USM Alger-ORAPA United : Le Gambien Lamin N Jammeh au sifflet    Les 21 qualifiés pour la phase finale pratiquement connus    CAN-2025 U20 (Zone Unaf) : L'Algérie et l'Egypte se neutralisent    Ouverture du 8e Salon international de la récupération et de la valorisation des déchets    Mise en service d'une unité de dépistage médical scolaire et de suivi des élèves    Saisie de 3,5 g de cocaïne, deux arrestations à Djdiouia    L'irrésistible tentation de la «carotte-hameçon» fixée au bout de la longue perche de la francophonie    Appel à porter plus d'intérêt au contenu des journaux publiés durant la période coloniale    Quand le hijab rencontre le kimono vintage    Semaine européenne de l'hydrogène à Bruxelles: Sonatrach examine les opportunités de coopération algéro-allemande    Attaf reçoit la Directrice générale du secrétariat continental du MAEP    Lotfi Boudjemaa prend ses fonctions à la tête du ministère de la Justice    Mohamed Boukhari prend ses fonctions de ministre du Commerce extérieur et de la Promotion des exportations    Krikou prend ses fonctions de ministre des Relations avec le Parlement    Guelma et Souk Ahras commémorent le 70ème anniversaire de la mort du chahid Badji Mokhtar    Touggourt commémore le 67è anniversaire de la mort en martyrs de Mohamed Amrane Boulifa et Lazhari Tounsi    Yacine El-Mahdi Oualid prend ses fonctions de ministre de la Formation et de l'Enseignement professionnels    Le 8e Festival international de l'art contemporain du 26 novembre au 7 décembre à Alger    MSF "extrêmement préoccupée" par l'impact de l'agression sioniste contre la population libanaise    Ghaza: le bilan de l'agression sioniste s'alourdit à 43.972 martyrs et 104.008 blessés    Youcef Cherfa prend ses fonctions de ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche    Pas moins de 93% des pêcheurs affiliés à la sécurité sociale    Olympiades arabes de mathématiques: l'Algérie décroche la 2e place    Cybercriminalité: signature d'un accord de coopération entre AFRIPOL et Kaspersky    «Dynamiser les investissements pour un développement global»    Le point de départ d'une nouvelle étape    Foot/ CAN-2025 (Qualifications/ Gr.E - 6e et dernière journée) : l'Algérie domine le Libéria (5-1)    Judo: le Collège Technique national les 22-23 novembre à Oran    CAN-2025 Algérie-Libéria : les "Verts" décidés à conclure en beauté    L'Algérie happée par le maelström malien    Un jour ou l'autre.    En Algérie, la Cour constitutionnelle double, sans convaincre, le nombre de votants à la présidentielle    Tunisie. Une élection sans opposition pour Kaïs Saïed    Algérie : l'inquiétant fossé entre le régime et la population    BOUSBAA بوصبع : VICTIME OU COUPABLE ?    Des casernes au parlement : Naviguer les difficiles chemins de la gouvernance civile en Algérie    Les larmes de Imane    Algérie assoiffée : Une nation riche en pétrole, perdue dans le désert de ses priorités    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Un pétrole à 100 $, pourquoi pas?
CONJONCTURE MONDIALE
Publié dans L'Expression le 05 - 10 - 2004

«L´industrie du pétrole présente un aspect mystérieux et même un peu suspect. Ceux qui la connaissent réellement n´en parlent pas et ceux qui en parlent ne la connaissent généralement pas.» Paul Frenkel (expert pétrolier)
Le baril de brut WTI a frôlé les 50 dollars, vendredi 23 août à New York. Dix jours plus tard, le Brent était à 39,42 $. Ce yo-yo est plus inquiétant que jamais. En l´espace de quelques mois, le pétrole a augmenté de 40 %. C´est assurément un prix erratique qui n´est plus déterminé principalement par les " fondamentaux ". Les facteurs politiques d´incertitude ont pris le dessus et seront, pour quelque temps encore, les principaux facteurs structurants des prix du pétrole. Il arrivera cependant, un temps où les contraintes d´ordre géologique (tensions politiques ou pas) seront celles qui auront un impact sur la disponibilité du pétrole et partant, sur les approvisionnements.
Le monde a une capacité de 82-83 millions de barils/jour et la demande est aux alentours de ce niveau. Alors il suffit qu´il y ait un problème pour que l´offre soit subitement insuffisante. Du coup, le cours du baril réagit à chaque nouvelle. Hugo Chavez gagne-t-il le référendum qui le maintient au pouvoir au Venezuela? Le prix du baril fléchit, Les affrontements reprennent-ils à Nadjaf? Il remonte. Cette volatilité est amplifiée par les opérateurs de marché, notamment les hedge funds, les fonds spéculatifs, qui empruntent à bas prix aux Etats-Unis et spéculent à la hausse. La prime de risque est évaluée entre 8 et 10 dollars le baril.
D´ailleurs, le président Chavez a assuré que sa victoire permettait "la seule garantie de la livraison aux Etats-Unis et aux autres marchés". Il avait auparavant averti qu´au cas où il perdrait le référendum, le prix du baril de brut pourrait s´envoler jusqu´à atteindre 100 dollars. Le Monde du 15 août 2004.
La croissance mondiale et le prix du pétrole L´Union européenne maintient sa prévision de 1,7 % de croissance pour 2004. Mais, en 2005, la reprise économique serait en danger si le cours restait au-dessus de 35 dollars. Présentant, au printemps 2004, ses prévisions économiques mondiales, le nouveau "chief economist" du Fonds monétaire international (FMI), Raghuran Rajan, avait affirmé que le monde connaissait "les perspectives les plus roses" observées "depuis dix ans". L´institution relevait alors les pourcentages de croissance publiés en septembre 2003 de 0,6 % (à 4,6 %) pour 2004. Si l´on en croit Rodrigo Rato, directeur général du FMI. La croissance économique est "solide" et "généralisée", elle se situera "dans les 4,6 %" en 2004 "même si des éléments ont évolué de façon pire que prévu".
Selon une étude conjointe de l´Agence internationale de l´énergie (AIE), du FMI et de l´Ocde, publiée en mai, une hausse durable de 10 dollars le baril rognerait 0,5 point de croissance en 2004. Les responsables économiques et politiques ne se placent pas dans cette perspective. La cherté du pétrole ne réduit pas la demande, qui va, selon toute probabilité, se poursuivre l´année prochaine, et ce n´est pas du côté de l´offre qu´il faut attendre le salut. Dans le golfe Persique comme au Venezuela, la rente pétrolière n´a pas servi à développer les infrastructures ni même à entretenir les installations. L´Opep, dont la capacité de production n´a pas augmenté depuis trente ans, a une marge de manoeuvre très limitée. Les pays exportateurs de pétrole se réunissent à Vienne les 14 et 15 septembre pour décider s´ils l´utilisent. Babette Stern. La croissance mondiale suspendue au risque pétrolier. Le Monde 23.08.2004 Le baril à 49,10 dollars et plus...Les opérateurs ont joué à se faire peur vendredi 20 août. "Le phénomène est essentiellement spéculatif, mais la situation en Irak est toujours incertaine et la production du pays toujours réduite de moitié", a commenté un analyste "Techniquement, les prix pourraient aller encore plus haut", croit-il, car "s´il y a un gros problème de production en Irak ou au Venezuela, un pétrole à 70 dollars est envisageable". La situation du géant pétrolier russe Ioukos reste critique: selon le directeur financier du groupe, la faillite de Ioukos " est très probable" puisque le groupe n´a plus suffisamment de liquidités depuis la mi-août pour faire face à ses engagements. Le groupe continue malgré tout ses exportations. Pour sa part, le secrétaire américain au Trésor John Snow a jugé "excessifs" les prix du pétrole au regard des fondamentaux économiques. "Nous ne sommes pas heureux de voir les prix élevés du pétrole", a-t-il précisé, estimant que cela agissait "comme un impôt sur l´économie".
La "crise" du pétrole qui se développe est prévisible, dès lors que la Chine a un taux de croissance qui atteint presque 10 % par an. En 2003, la Chine a importé près de 100 millions de tonnes de pétrole. Au cours du seul dernier trimestre, la consommation chinoise a bondi de 18 % le 1er mars 2004, la Chine a stoppé ses exportations pétrolières vers le Japon qui dépend à 100 % des importations, dont 88 % proviennent du Moyen-Orient.) Pierre Lance - La Libre Belgique-L´apocalypse du pétrole, samedi 29 mai 2004 Avant le réveil économique de ce pays, les experts prévoyaient l´épuisement du pétrole mondial à échéance de 40 ans. On parle maintenant d´une échéance à 20 ans; les plus pessimistes parlent de 10 ans. L´Association for the study of peak oil (Aspo) qui réunit plusieurs départements universitaires européens de géologie ainsi qu´une dizaine d´anciens hauts responsables de la prospection de groupes pétroliers, annonce depuis 2001 l´approche d´un "choc pétrolier permanent". Pierre Lance - La Libre Belgique-L´apocalypse du pétrole, samedi 29 mai 2004
Qui sont les sociétés pétrolières et quels sont leurs bénéfices?
Il est pour le moins malhonnête d´attribuer l´augmentation en termes de recettes uniquement aux pays producteurs. Un silence assourdissant se fait dès lors qu´il s´agit de parler des recettes des multinationales du pétrole. Les compagnies pétrolières qui exploitent du pétrole sur un sol étranger sont tenues de verser un droit d´exploitation généralement exprimé en pourcentage du prix de vente à l´exportation du brut. Ainsi à titre d´exemple, la plus petite des mutlinationales. Total, a annoncé ses résultats pour 2003. Le moins que l´on puisse dire est que les profits coulent à flots : ainsi Total crève le plafond avec plus de 7 milliards d´euros, le géant de l´or noir a décidé d´augmenter son dividende de 15%, c´est-à-dire de verser 3 milliards d´euros aux actionnaires. Annie Rolin-Lutte Ouvrière n°1856 du 27 février 2004. En l´an 2000 (une année moyenne), Total gagnait 17.000 $ à la minute.
Les entreprises nationales ou détenues en partie par l´Etat représentent 56 % des parts de la part de la production mondiale de pétrole. Le reste est détenu par neuf entreprises qui sont des sociétés internationales. Cela veut dire que près de la moitié des bénéfices sont réalisés par des sociétés n´ayant pas d´Etat ni de drapeaux et qui ne misent en fait que sur leur savoir et savoir-faire. Il est à noter que Texaco et Chevron se sont associés en 2000. Les faits marquants ont été les fusions et acquisitions de certains grands groupes pétroliers (les majors). En effet, des prix du pétrole brut relativement faibles au cours de la période 1997-1999 ont incité les sociétés pétrolières à effectuer des économies d´échelles et donc à se regrouper. A titre d´exemple, Exxon achète Mobil pour 77 milliards de $ en décembre 1998. Les bénéfices ´Exxon en l´an 2000 étaient de 17 milliards de $ plus que ceux d´un pays comme l´Algérie. Mieux, son chiffre d´affaires est d´environ 6 fois plus important que le PNB de l´Algérie (233 milliards de $). Les Echos du mercredi 24 octobre 2001.
"Now how many people must get killed for oil families pockets to get filled?" (The Beastie Boys). "Maintenant combien de personnes doivent mourir pour que la famille du pétrole se remplisse les poches ".Cette chanson résume à elle seule toute la détresse des pays pétroliers africains. Dans un rapport rédigé par des évêques africains la corruption est dénoncée : "La localisation territoriale des puits de pétrole et l´inégale répartition des revenus pétroliers sont devenues des arguments en faveur d´un nouvel émiettement de nos pays. Le contrôle de la manne pétrolière est au centre de plusieurs luttes pour le pouvoir dans notre région. Les revenus pétroliers ont servi au financement de l´achat des armes et à l´entretien des milices privées dans certains de nos Etats, quelquefois avec la complicité des compagnies pétrolières. Ces dernières ont d´ailleurs, en fonction de leurs propres intérêts, apporté des appuis financiers et logistiques à des partis belligérants dans la région".
Les conflits ainsi engendrés ont largement contribué à la diffusion des armes dans la sous-région, armes qui sont devenues l´une des principales causes de l´insécurité aux frontières comme à l´intérieur de nos pays. Il est à craindre que demain, certains de nos Etats n´entrent en guerre les uns contre les autres au nom de la violation des zones pétrolières frontalières. La région d´Afrique Centrale croupit dans la misère en dépit de la découverte croissante des puits de pétrole et l´exportation des autres richesses dont regorge le sous-sol. Mgr Ildefonso Obama: Pour les Evêques de l´ACERAC http://www.astm.lu/article.php3?
Le Tchad est un des pays les plus pauvres au monde, avec un revenu annuel par habitant de moins de 250 dollars.
Aux termes de l´accord signé en 2000 avec la Banque mondiale (BM), le gouvernement de N´Djamena s´est engagé à une plus grande transparence et à une gestion intègre de la manne pétrolière. Swissinfo, Vincent Landon (Traduction: Chantal Nicolet) Dans un rapport rendu public le 24 mars 2004 et intitulé Time for transparency (l´heure est à la transparence), l´ONG britannique Global Witness s´est intéressée aux pratiques de corruption dans l´exploitation de l´or noir par cinq Etats dont l´Angola, le Congo Brazzaville, et la Guinée équatoriale. Elle appelle à plus de transparence dans les transactions financières entre les compagnies pétrolières et les gouvernements de ces Etats.
Au Congo, les recettes pétrolières représentent environ 70 % des revenus. Aujourd´hui, son niveau d´endettement par habitant est le plus important du monde. Il traîne 6,4 milliards de dollars (environ 3670 milliards de Fcfa) de dette extérieure, soit deux fois plus que le produit intérieur brut du pays (selon le Fonds monétaire international).
Le procès de 37 anciens cadres supérieurs de la compagnie Elf (devenue TotalElfFina puis Total) pour " abus de biens sociaux " de l´ordre de centaines de millions de dollars a permis la mise à nu des pratiques de corruption dont sont coupables cette compagnie et les autorités congolaises. En ce qui concerne les abonnements, le brut congolais est sous-facturé et revendu avec une marge bénéficiaire de 0,20 $ le baril; sur chaque baril est prélevé 0,40 $ placé dans des comptes au Liechtenstein au nom d´Elf puis ensuite viré sur des comptes off-shore des politiques congolais. Les autres multinationales du pétrole ne sont pas en reste, même si elles n´ont pas d´engagement direct en Afghanistan. Le Caucase, la Caspienne et l´Asie centrale ont une place de choix dans leur stratégie. Condoleezza Rice, avant d´être conseillère en politique étrangère à la Maison-Blanche, a exercé des fonctions similaires auprès de la compagnie Chevron. Zbigniew Brzezinski, ancien conseiller du président Jimmy Carter et inspirateur de la nouvelle politique américaine, est le principal consultant de BP-Amoco.
Halliburton, fournisseur d´équipement pour l´industrie pétrolière, se trouve en première ligne grâce à son ancien P-DG Dick Cheney, à présent numéro deux de la Maison-Blanche. Halliburton est également engagé dans la construction navale militaire. En 1991, la compagnie avait fait parler d´elle en éteignant les puits de pétrole du Koweït. En 2001, le groupe traverse une "passe difficile", une de ses filiales se trouvant impliquée dans une affaire de pollution à l´amiante. Raison de plus pour s´accrocher au pétrole - pas de danger que les Kazakhs demandent des dommages-intérêts.
Un an plus tard, tout est oublié. Grâce à la "guerre permanente" en Irak et ailleurs, Halliburton et sa filiale KBR (voir plus bas) ramassent les milliards à la pelle. Comme le signale le Financial Times du 14 juin 2004, selon un audit effectué pour le compte du Pentagone, le groupe Halliburton aurait reçu des sommes considérables sans aucune contrepartie. La plupart des marchés passés avec le ministère de la "Défense" (plus de 8 milliards de dollars en 2003 selon le FT, 4 milliards selon le Pentagone ) relèvent de l´arnaque pure et simple. Le géant de l´engineering et des travaux publics Bechtel a d´excellentes relations avec l´Arabie Saoudite (Groupe Ben Laden). Le forage off-shore et la construction de pipelines lui assurent une position privilégiée au Turkménistan. En 2003-2004, la "reconstruction" de l´Irak garantit à Bechtel des commandes à hauteur de trois milliards de dollars. Le cas du courtier en énergie Enron est un peu particulier. Ce groupe texan dont le chiffre d´affaires dépassait les 100 milliards de dollars avant qu´il ne dépose son bilan en décembre 2001, a été l´objet d´une faillite frauduleuse dont les détails ne sont pas encore connus.
Qu´en est-il des réserves de pétrole?
La prévision est un art difficile comme le montre la météorologie où les données sont nombreuses, mais la prévision des productions futures sur des données incertaines par une connaissance limitée des gisements, mais surtout biaisées par la politique, devient presque une tâche impossible. " Publier, écrit Jean Laherrère, les chiffres de production ou de réserves est un acte politique, car cela dépend de l´image que l´auteur veut donner de sa compagnie ou de son pays. Les données publiées sont différentes des données techniques, car elles sont choisies, dans une fourchette large d´incertitude, soit vers le minimum quand on veut éviter les taxes ou montrer plus tard une croissance, soit vers le maximum quand on veut obtenir des quotas élevés (Opep), mais c´est rarement la valeur moyenne, base des calculs économiques de la décision de développement ". Jean Laherrère "Vers un Déclin de la Production Pétrolière" colloque " Energie et developpement durable " Institut supérieur de Bruxelles :11 octobre 2000 Il n´y a pas de consensus sur les définitions et les quelques règles sont ambiguës, ce qui plaît aux acteurs qui peuvent ainsi déclarer ce qui leur convient. Les données publiées sur les productions et les réserves sont tres différentes suivant les sources. Mauvaises définitions, mauvaises pratiques de publication, ainsi que les incertitudes géologiques et physiques, techniques, économiques, combinées aux aléas politiques conduisent donc à une prévision très médiocre des productions futures. Hubbert (géophysicien de Shell et de l´USGS) avait prédit en 1956 que la production de pétrole aux Etats-Unis culminerait en 1970 (ce qui s´est réalisé). Les patrons des compagnies pétrolières s´expriment peu sur le futur déclin du pétrole, sauf quand ils quittent l´industrie pétrolière comme Bernabé (ENI) juin 1998: " Cheap oil: enjoy it when it lasts ", Bowlin (ARCO) février 1999 " The last days of the age of oil ". Mais un patron en exercise Browne (BP) juillet 2000 après la fusion avec Amoco et Arco a introduit le nouveau logo BP comme signifiant "Beyond Petroleum" pour montrer leurs efforts vers le renouvelable. La combinaison des prévisions de production (=consommation) de pétrole et de gaz et de population conduit à la courbe de production par habitant. Il y a eu un pic en 1979 à 7 bep/hab. Après un creux, la courbe remonte vers un deuxième pic vers 2005 à 6,5 bep/hab. Le pic principal est donc derrière nous. Il faudra économiser le pétrole et finir de le considérer comme abondant et bon marché. Selon Colin Campbell, fondateur de l´Aspo, qui a travaillé pendant 40 ans dans l´exploitation pétrolière, 46 % des ressources actuelles déclarées par les principaux pays de l´Opep sont "douteuses, sinon fausses" ; pour lui, les réserves de pétrole sont dangereusement surévaluées et les Etats et les grands groupes pétroliers mentent sciemment sur l´imminence du déclin pétrolier. L´Aspo avertit le monde que le choc pétrolier permanent aura des conséquences effroyables. Ne seront pas seulement touchés les transports (qui dépendent du pétrole à plus de 96 %), mais aussi les grands équilibres géopolitiques, l´industrie, la production agricole et, au bout du compte, la démographie planétaire. Dans quelques années, la production mondiale de pétrole conventionnel déclinera tandis que la demande mondiale ne cesse de croître. Le choc résultant de cette famine pétrolière structurelle est inévitable, tant sont importantes la dépendance de nos économies au pétrole bon marché et l´impossibilité concomitante de les en sevrer rapidement. Yves Cochet : Vers la pétro-apocalypse, Le Monde 1er avril 2004 Nous pouvons seulement espérer amortir ce choc, à condition que cette perspective proche devienne dès aujourd´hui le repère unique d´une mobilisation générale de nos sociétés, imposant des conséquences drastiques dans tous les secteurs sous peine de chaos. Aujourd´hui, tous les champs pétrolifères géants - les seuls qui comptent - voient leur production décroître, sauf dans le "triangle noir" Irak-Iran-Arabie Saoudite. Le pic d´Hubbert de ce Moyen-Orient pétrolier devrait être atteint autour de 2010, selon la reprise plus ou moins tardive de la pleine production irakienne et selon le taux de croissance de la demande chinoise. Yves Cochet : Vers la pétro-apocalypse, Le Monde 1er avril 2004
Michael Meacher, ancien ministre de l´Environnement du Royaume-Uni, écrivait récemment dans le Financial Times qu´à défaut d´une prise de conscience générale et de décisions planétaires immédiates de changements radicaux en matière d´énergie, "la civilisation affrontera le plus aigu et sans doute le plus violent bouleversement de l´histoire récente". "Si nous voulons, écrit Yves Cochet ancien ministre français de l´Environnement, néanmoins maintenir un peu d´humanité à la vie sur Terre dans les années 2010, nous devons, comme le suggère le géologue Colin Campbell, appeler les Nations unies à convenir aujourd´hui d´un accord fondé sur les objectifs de garantie, pour les pays pauvres, d´importer encore un peu de pétrole ; d´interdiction de tirer profit de la pénurie pétrolière; d´incitation aux économies d´énergie; de stimulation des énergies renouvelables. Pour atteindre ces objectifs, l´accord universel devra mettre en oeuvre les mesures suivantes : chaque Etat réglementera les importations et les exportations de pétrole; aucun pays exportateur de pétrole ne produira plus de pétrole que ne lui permet son taux de déplétion annuel scientifiquement calculé; chaque Etat réduira ses importations de pétrole à un taux de déplétion mondial convenu ". Yves Cochet : Vers la pétro-apocalypse, Le Monde 1er avril 2004 " La géopolitique du pétrole poursuit Yves Cochet, autorise tous les pactes avec les diables islamistes, de l´Asie centrale jusqu´en Bosnie, toutes les connivences cyniques avec les terroristes, jusqu´au récent voyage de Tony Blair en Libye pour permettre à Shell de remonter le volume de ses réserves au prix de quelques centaines de millions de dollars. L´actuel projet américain de Grand Moyen-Orient, habillé de considérations humanitaires et démocratiques, n´est rien d´autre que la tentative de poser définitivement la main sur tous les robinets pétroliers de la région".
Cependant, le choc pétrolier qui s´annonce avant la fin de la décennie ne ressemble pas aux précédents. Cette fois-ci, la partie n´est plus géopolitique, elle est géologique. En 1973 et 1979, la pénurie était d´origine politique, décidée par l´Opep. La seule voie viable est la sobriété pétrolière immédiate organisée par un accord international tel qu´esquissé ci-dessus, autorisant un prompt sevrage de notre addiction à l´or noir. A défaut, le rationnement viendra du marché par l´escalade prochaine des prix du pétrole, puis, par propagation de l´inflation, le choc atteindra tous les secteurs. A bientôt 100 dollars le baril, ce ne sera pas un simple choc pétrolier, ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons. Yves Cochet : Vers la pétro-apocalypse, Le Monde 1er avril 2004
Conclusion
Les données publiées sont trop dominées par la politique et elles devraient être plus fiables en étant regroupées au niveau des Nations unies. La crise actuelle provient de l´impréparation des gouvernants et des compagnies qui refusent d´admettre la possibilité de déclin pétrolier en prétendant qu´il y a abondance de pétrole pour les 45 prochaines années, ainsi que du manque d´investissements à la suite de la dégringolade à un prix ridiculement bas de 10$/b en 1998 (l´essence hors taxe était moins chère que l´eau minérale!).
Les raffineries et tankers américains sont au maximum de capacité. Le culte du zéro stock a des inconvénients. Les consommateurs sont en fait le principal coupable, en voulant consommer toujours plus et payer toujours moins.
La production des pays produisant à pleine capacité (le monde hors le golfe Persique) culmine et va bientôt décliner.
Le golfe Persique nécessite des investissements importants de l´ordre de 1300 milliards de dollars et les champs supergéants vont bientôt décliner aussi. Il est peu probable que le prix descende sous les 35$/b sauf si la consommation faiblit significativement et durablement comme en 1979, car les économies d´énergie sont considérables. Les Américains consomment deux fois plus d´énergie que les Européens (8 tep/a contre 3,4).
Les nouvelles techniques pétrolières permettent d´accélérer la production de pétrole conventionnel, mais pas les réserves, par contre la technologie est un atout majeur dans l´exploitation des pétroles non-conventionnels qui demandent des investissements considérables et des délais beaucoup plus importants que le conventionnel.
Les prévisions de demande pétrolière sont trop optimistes, car la croissance de la population se ralentit. La consommation de pétrole et de gaz a déjà plafonné en 1979 à 7 bep/hab (1 tep/hab) et elle culminera bientôt de nouveau vers 6,5 bep/hab vers 2005 pour décliner à 5 bep/hab en 2030. Toutes les prévisions des pays industrialisés se sont faites sur la "certitude" - encore une - que la Chine et l´Inde continueront à consommer 0,3 tonne/habitant et par an. En fait, si seulement ces deux géants planétaires (près de 2,5 milliards de personnes) consommaient 2 tonnes /habitant/an, les prévisions de tous les organes tomberaient à l´eau et la pénurie viendrait plus tôt que prévu.
Nos petits-enfants devront se contenter de peu de pétrole et de gaz. L´âge d´or du pétrole a disparu avec le millénaire. Nous entrons dans celui du gaz, mais pas pour longtemps. Les réserves de pétrole et de gaz accumulées pendant plus de 500 millions d´années seront consommées en deux siècles, ce qui est bien peu dans l´histoire de l´humanité.
La société de consommation basée sur l´énergie bon marché et sur la croissance doit accepter de payer l´énergie à son juste prix et de l´économiser. Elle doit donc changer et évoluer.
Peut-on imaginer ce qui se produira quand chaque Chinois possédera une voiture?
Si nous voulons éviter un collapsus énergétique planétaire aux conséquences apocalyptiques, nous devons de toute urgence et simultanément: a) développer en force toutes les ressources d´énergie renouvelable (solaire, éolienne, hydraulique, marémotrice, géothermique, chlorophylienne...) - b) stopper tous les gaspillages d´énergie - c) développer dans le monde entier la contraception et le droit à l´IVG, et réduire les naissances à un ou deux enfants par couple. Si nous en sommes incapables, la civilisation va imploser. http://www.les4verites.com/articles/N%B0449_Pierre+Lance_Geopolitique_
Pierre+Lance_204.html.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.