L'alerte balancée lundi soir par l'ambassade des Etats-Unis à Alger sur son site internet a dû faire frémir de peur tous les Algériens. Ainsi donc, à se fier aux « craintes » des Américains, des extrémistes prépareraient une attaque contre un avion commercial transportant des travailleurs occidentaux en Algérie (sic). Il faut relever d'emblée que le « warden message » (message d'alerte) de l'ambassade US à Alger pèche par son imprécision en ce sens qu'il n'identifie ni le groupe terroriste qui préparerait cet attentat, ni la ville occidentale à partir de laquelle l'appareil devrait décoller et encore moins le timing de cet attentat virtuel. S'il est vrai que la prévention et la vigilance doivent rester de mise tant l'Algérie au même titre que beaucoup de pays n'est pas hermétique à ce genre d'actions terroristes spectaculaires, l'on se demande comment et pourquoi la chancellerie américaine n'a pas récolté suffisamment d'informations qui auraient pu donner plus de crédibilité à cette alerte et permettre aux autorités algériennes de prendre très au sérieux une telle menace. « Dans l'immédiat, aucune information supplémentaire n'est disponible sur le transporteur visé ni sur la date d'une telle attaque (éventuelle). » C'est là la seule précision fournie par l'ambassade, ajoutant ainsi une couche d'incertitude et de flou à la peur ambiante qui (re)gagne les esprits en Algérie. Contactés par nos soins, des responsables à l'ambassade des USA à Alger affirment qu'ils ne peuvent en dire plus qu'il n'a été souligné dans leur communiqué. Des indiscrétions confient, néanmoins, que les craintes US reposent essentiellement sur des « rumeurs » et que le souci étant de « mettre en garde les ressortissants américains travaillant en Algérie ». Mais, si le FBI ou la CIA ont pu découvrir les préparatifs d'un éventuel 11 septembre en Algérie, on se demande pourquoi les « informations » qui ont alimenté l'alerte sont si parcellaires, si vagues et si aléatoires ? C'est que pour un attentat de cette ampleur pour lequel les terroristes sont censés adopter un mode opératoire des plus sophistiqués, les Américains devraient être en mesure, ne serait-ce qu'en termes de renseignements, de démêler l'écheveau terroriste, instruits qu'ils sont par les attentats de New York. Or, sur ce plan, les services des Etats-Unis ont laissé les Algériens sur leur faim. Et leur peur bien sûr. Quelle est donc la part de vrai dans l'alerte américaine sur l'Algérie ? La réponse à une telle question est aussi hasardeuse que le message alarmant de l'ambassade des USA. Al Qaïda et la base militaire Cependant, et quand on sait que les seuls avions bondés d'étrangers qui viennent chez nous volent tout droit vers Hassi Messaoud, on se demande si cela n'aurait pas quelque part un lien avec l'industrie pétrolière et gazière nationale et les enjeux qu'elle suscite sur le marché international. Aussi, « servir » une telle alerte 24 heures après l'attentat kamikaze commis à Casablanca au Maroc ressemble un peu à une sorte d'équilibre de la menace au Maghreb. Curieusement, cette « sortie » des Américains intervient quelques jours seulement après le refus net et sans bavure opposé par le ministre des Affaires étrangères à la fameuse proposition d'installer des bases militaires us sur le territoire national dans le cadre du nouveau commandement militaire qu'ils comptent installer dans la région baptisé Africom. L'émissaire de l'Otan, le général Raymond Hélaut, a lui aussi essuyé, il y a une semaine, la même rebuffade des responsables politiques et militaires algériens. Il n'est donc point exclu que cette terrifiante menace qu'on agite ne soit finalement qu'une propagande de mauvais aloi qui ferait, croient-ils, forcer la main à l'Algérie de céder sur ses principes. Cela ressemble à la « marque déposée » d'Al Qaïda, devenue un passe-partout que les Américains brandissent pour justifier toute cette folie guerrière et les dérapages commis par l'administration de George Bush. Faut-il pour autant négliger ce coup de tonnerre dans le ciel algérien qu'on croyait définitivement serein ?