Les centres de recherche nucléaire, les raffineries, les pipelines et les casernes seront hautement surveillés. Face aux nouveaux attentats kamikazes auxquels a recours la branche Maghreb d'Al Qaîda, la protection des infrastructures économiques taraude au plus haut point les responsables algériens. Cette problématique hautement sensible, sera au menu du conseil des ministres qui se tiendra demain. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Noureddine Yazid Zerhouni, présentera un avant-projet de décret qui définira les règles de sécurité des sites stratégiques et des installations sensibles, a-t-on appris de sources gouvernementales. Les sites sensibles concernent entre autres la centrale nucléaire de Aïn Oussera, le Centre de recherches nucléaires de Draria, les raffineries, les pipelines, les casernes et les sièges des institutions de la République dont celui de la Présidence. Les mesures de sécurité seront portées à leur maximum maintenant que Al Qaîda a affiché ses intentions en Algérie. Un rapport adressé par les Think Thank au département d'Etat américain a donné une alerte très sérieuse: les pipelines et les installations reliant les zones pétrolifères du Sud algérien au nord du pays constituent des cibles potentielles des islamistes armés du Gspc, a rapporté une étude détaillée sur cette organisation affiliée à Al Qaîda. «Une attaque d'envergure ou une série d'attaques spectaculaires sur les pipelines au Sud algérien n'est pas à exclure», a indiqué ce rapport exhaustif rédigé par une spécialiste du terrorisme en Afrique du Nord, Hemily Hunt. ´´Les réseaux d'Al Qaîda disséminés à travers toute la région ont démontré une grande détermination à s'attaquer aux structures de l'industrie pétrolière et gazière algérienne´´, a noté ce rapport portant le titre interrogatif: «Islamist Terrorism in Northwsetern Africa: A Thorn in the Neck of the United States?» (Le terrorisme islamiste au nord-ouest de l'Afrique: une épine dans la gorge des Etats-Unis?). Un avertissement à prendre très au sérieux sachant que cette même spécialiste et ex-consultante auprès des services de sécurité londoniens dans les affaires terroristes, a prévu l'assaut urbain du Gspc sur Alger. «Plusieurs facteurs risques suggèrent que le nouveau challenge du terrorisme en Algérie prendra une dimension urbaine dans le futur comme c'est la cas actuellement au Maroc», a écrit Hunt dans le même rapport. «Le tendon d'Achille de l'Algérie demeure la sécurisation des milliers de kilomètres de pipelines reliant le sud du pays aux terminaux du nord en Méditerranée», souligne le même document qui rapporte, par ailleurs, des détails sur le séjour des forces spéciales américaines sur le territoire algérien, précisément dans une base militaire a quelques kilomètres de Tamanrasset. C'est pour anticiper sur d'éventuelles attaques qui seraient dramatiques pour l'économie nationale, que le gouvernement tente d'occuper le devant de la scène en anticipant sur les événements. L'attaque contre le Palais du gouvernement en avril dernier, l'attaque contre les ressortissants étrangers à Lakhdaria annoncent cet avant-goût de terrorisme spectaculaire et économique en Algérie. Ces nouvelles mesures sécuritaires interviennent au lendemain de la réunion du Haut conseil de sécurité (HCS) présidé par le chef de l'Etat et au moment où les observateurs relèvent un relâchement dans la protection des sites stratégiques. En témoigne d'ailleurs la facilité des attaques contre le Palais du gouvernement, le cortège présidentiel à Batna, contre les casernes de Lakhdaria et de Dellys. Alors que la paix pointait du nez deux années après la promulgation des textes d'application de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale, voilà que l'Algérie vole la vedette avec le retour des attaques terroristes. La focalisation subite sur l'Algérie n'a pas été uniquement du domaine des médias étrangers ou des Think Thank. Bien avant le retour des attentats kamikazes en Algérie, le département d'Etat a réservé lui aussi un rapport à l'Algérie pour le premier semestre de l'année 2007. Le document note, entre autres, que «la réconciliation nationale en Algérie a permis, avec succès, la reddition de nombreux islamistes modérés mais, paradoxalement, elle a provoqué la radicalisation du noyau dur du Gspc qui a changé d'appellation en janvier 2007 pour devenir Al Qaîda Maghreb».