75 policiers se sont donnés la mort depuis 2000. C'est en majorité des cas d'Agents de l'ordre public (AOP). L'information est puisée à la source : 137 cas de suicide ont été enregistrés dans les rangs de la Sûreté nationale entre 1991 et 2005. Soit 62 cas durant la période allant de 1991 à 1999, sur une population de 45 000 policiers et 75 cas entre l'année 2000 et 2005, sur un effectif de 115 000 éléments. Ce qui représente un pourcentage respectivement de 0,13% et 0,06%. Si le nombre de policiers suicidaires est en baisse grâce, notamment à des visites systématiques dans des services actifs pour dépister des “cas pathologiques et vulnérables”, de l'aveu même des cliniciens de la DGSN, ce sont les policiers les moins gradés qui passent le plus souvent à l'acte. Sur les 137 cas de suicide comptabilisés au niveau de ce corps, une centaine est le fait d'agents de l'ordre public. Les causes de ces suicides avancées dans une communication exposée lors des journées de formation médicale continue tenues, hier, à l'école de police de Hydra se résument en l'exclusion professionnelle et la dégradation du niveau de vie. Exposés au risque, astreints à un rythme de travail accéléré, les agents de l'ordre public (AOP) touchent environ 15 000 dinars. Un niveau de salaire de loin moins important que celui des gendarmes ou des militaires et qui est la source d'une lourde démotivation au niveau de ce corps sécuritaire. “La plupart des suicidés sont issus de milieux défavorisés et nombre d'entre eux présentent des pathologies mentales”, précise-t-on. Le DG de la Sûreté nationale a annoncé à plusieurs reprises l'imminence d'une revalorisation conséquente des salaires des policiers, rappelant la promesse qui lui a été faite par le chef de l'Etat de détacher la Sûreté nationale de la Fonction publique et de la doter d'un statut particulier. Force est de constater que rien n'indique que ce rattrapage salarial est pour bientôt. Pour en revenir au suicide, le passage à l'acte se fait le plus souvent par arme à feu, moins fréquemment par pendaison. Il est qualifié par les psychologues de la Sûreté nationale comme “un véritable suicide professionnel”. À ce niveau, on évoque également la possibilité de l'inaptitude professionnelle, et on préconise dans ce cas la possibilité de la restitution de l'arme à feu. N. H.