L'instruction du défunt Ali Tounsi, l'ex-directeur de la Sûreté nationale, portant sur l'assainissement du corps a été fructueuse. En témoigne le recul des bavures et des cas de suicide dans les rangs de la Police nationale durant les premiers mois de cette année comparativement à 2009. Les policiers, tous grades confondus, sont mieux suivis suite au renforcement du contrôle d'usage des armes. Cette stratégie a été appuyée par une vaste campagne de sensibilisation interne. Alors que le dernier semestre de l'année 2009 était marqué par une hausse inquiétante des bavures policières (plus de 9 cas en 4 mois provoquant le décès des victimes), certains ont tiré sur leurs collègues, d'autres sur des citoyens comme c'est les cas à Kouba, Gué-de-Constantine, Mohammadia, Aïn Naâdja à Alger, à Annaba, Constantine, Tissemsilt, Oran, El-Tarf, Tlemcen ; en revanche, le premier trimestre de l'année en cours n'a enregistré aucun dérapage. Aucune bavure n'a été enregistrée depuis le début de janvier. Un haut cadre de la police nous a expliqué que la direction générale de la Sûreté nationale a renforcé le contrôle d'usage sur les armes précisant que les services concernés ont axé leur travail sur la sensibilisation. “Nous avons beaucoup axé sur le travail de sensibilisation et d'écoute, ce qui a permis la baisse des bavures et autres dérapages”, a-t-il dit. Et d'ajouter : “Chaque policier a été soumis à un test psychologique même si le procédé date du début des années 2000. Même ceux qui ont des problèmes sociaux ont été pris en charge”. Il faut savoir que chaque sûreté de daïra dispose d'une cellule de suivi psychologique et un rapport d'évaluation du fonctionnaire est établi. Dans le cas où c'est jugé nécessaire, une décision de désarmer les policiers qui présentent des troubles psychiques est prise immédiatement. “C'est une mesure préventive même pour lui-même”, souligne notre interlocuteur. Des contrôles des armes de service se font aussi pour vérifier l'armement et les munitions. Notons que plus de 62 policiers ont été désarmés en 2009 pour des raisons disciplinaires et troubles psychiques. Les policiers chargés du maintien de l'ordre public ont été sommés récemment de ne pas utiliser leurs armes sur les émeutiers pour éviter tout dérapage qui risque de causer mort d'homme. Comme c'est le cas de Boukhadra à Annaba où un policier a usé de son arme pour repousser des assaillants. L'enquête est toujours en cours. Sur un autre registre, les services concernés ont enregistré une baisse des cas de suicide avec arme de service dans les rangs de la police. Il faut savoir que plus de 13 cas de suicide ont été enregistrés en 2009 parmi eux des cadres dans les wilayas de M'sila, Bouira, Ghardaïa, Tlemcen et Annaba ainsi que plus de 6 tentatives de suicide. La plupart de ces cas ont été enregistrés les 4 premiers mois de 2009, alors qu'aucun cas n'a été enregistré depuis le début de l'année 2010. Pour les observateurs, l'instruction du défunt Ali Tounsi, ex-directeur de la Sûreté nationale, a porté ses fruits. Le défunt avait adressé une circulaire confidentielle aux chefs de sûreté de wilaya portant sur “l'usage abusif de l'arme de service” datée du 6 octobre 2009 où il exigeait la tenue “de réunions périodiques de sensibilisation”. Il avait également chargé les responsables directs d'éviter la pression sur leurs subordonnés et de favoriser le dialogue et l'écoute. On se rappelle des cas des deux officiers de police qui se sont suicidés à Hydra et à Ghardaïa à cause “du harcèlement moral de leurs chefs”, selon leur lettre. La circulaire précisait aussi que toute décision de désarmement doit être soumise au rapport du psychologue. La responsabilité de toute bavure policière, selon la circulaire incombe aussi, à leurs chefs directs, ce qui incite ces derniers à être plus vigilants. Notons, enfin, que la mesure du défunt prévoyait de désarmer les policiers à la fin de service. Cependant, cette mesure a été mise en veille “pour des raisons sécuritaires”.