Les chefs d'Etat arabes ont ouvert, hier, un sommet en proclamant leur refus d'une guerre en Irak menée par les Etats-Unis, alors que les Emirats arabes unis provoquaient un coup de théâtre, en appelant Saddam à quitter le pouvoir. Les Emirats ont, peu après l'ouverture du sommet, laissé filtrer à la presse une initiative surprise appelant le président irakien Saddam Hussein à quitter le pouvoir et l'Irak et à placer ce pays sous gestion de la Ligue arabe et de l'ONU, pour éviter une guerre. Cette initiative en quatre points du président des Emirats, Cheikh Zayed Ben Sultan Al Nahyane, appelle “la direction irakienne à quitter le pouvoir et à quitter l'Irak tout en bénéficiant de tous les privilèges adéquats, et ce, dans un délai de deux semaines à partir du moment où elle acceptera cette initiative”. L'initiative prévoit que “des garanties juridiques contraignantes au plan national et international seront fournies à la direction irakienne pour s'assurer qu'elle ne fera l'objet d'aucune poursuite”. Les Etats-Unis avaient appelé le sommet à inciter Saddam Hussein à quitter le pouvoir, mais les pays arabes s'étaient, vendredi dernier, publiquement élevés contre une telle demande, même si elle faisait l'objet de discussions en coulisse. Dans leurs discours, les chefs d'Etat réunis dans la station balnéaire de Charm El Cheikh (est de l'Egypte) se sont prononcés contre une guerre en Irak et pour la recherche continue de solutions pacifiques dans le cadre de l'ONU. “Nous devons adresser un message clair et fort à la communauté internationale proclamant le refus ferme des pays arabes de toute attaque contre l'Irak et de toute agression contre le Koweït ou tout autre pays arabe”, a déclaré le président libanais Emile Lahoud, dont le pays devait passer la présidente tournante du sommet arabe à Bahreïn. Il a appelé l'Irak “à coopérer avec l'ONU pour ne laisser aucun prétexte” à une guerre. Le président égyptien Hosni Moubarak a, pour sa part, demandé que l'ONU ait “le délai nécessaire pour prouver sa crédibilité et sa sincérité à appliquer les termes de ses résolutions” concernant le désarmement de l'Irak. “L'avenir de la nation arabe est dans la balance”, en raison des “craintes que les conséquences d'une guerre ne s'étendent à de nombreux pays voisins”, a-t-il ajouté, appelant également à ce que «les voix qui menacent de déclencher la guerre n'aient pas le dessus, ou qu'elles ne tentent de donner l'impression que cette guerre est inévitable». Le roi de Bahreïn, Hamad Ben Issa, a appelé ses pairs arabes à “œuvrer ensemble pour éviter à la région la guerre qui, si elle a lieu, serait la troisième en l'espace de deux décennies”, faisait référence à la guerre entre l'Irak et l'Iran (1980-88) et la guerre du Golfe (1991). L'Irak est représenté à ce sommet par son numéro deux Ezzat Ibrahim. Le ministre grec des Affaires étrangères Georges Papandréou, dont le pays assure la présidence de l'Union européenne, est également présent.