Le sommet arabe de Charm el-Cheikh a certes exprimé son "refus absolu" d'une guerre contre l'Irak mais Bagdad aurait aimé un engagement plus ferme d'une diplomatie arabe toujours divisée mais qui a osé pour la première fois évoquer publiquement un départ en exil de Saddam Hussein. Les chefs d'Etat ont proclamé, dans le communiqué final du sommet qui s'est tenu samedi dernier en Egypte, leur "refus absolu d'une frappe contre l'Irak" ainsi que "la nécessité de régler la crise irakienne pacifiquement". Ils ont affirmé qu'ils "s'abstiendront de participer à une action militaire visant la sécurité ou l'intégrité territoriale de l'Irak ou de tout autre pays arabe". Le communiqué final dénonce "les tentatives visant à imposer des changements à la région". Les Etats-Unis avaient appelé le sommet à inciter Saddam Hussein à quitter le pouvoir, mais les pays arabes s'étaient vendredi publiquement élevés contre une telle demande. Cet appel a été pourtant évoqué dans un document du président des Emirats arabes unis Cheikh Zayed Ben Sultan Al-Nahyane qui a circulé durant le sommet. Ce document appelle "la direction irakienne à quitter le pouvoir et l'Irak, tout en bénéficiant de tous les privilèges adéquats, et ceci dans un délai de deux semaines à partir du moment où elle acceptera cette initiative". C'est la première fois qu'un Etat arabe appelle ouvertement le président irakien à abandonner le pouvoir. L'initiative du Cheikh Zayed a été, selon le ministre émirati de l'Information, approuvée par le Koweït et l'Arabie Saoudite. La proposition émiratie a suscité de vives critiques du côté irakien. Le ministre irakien des Affaires étrangères Naji Sabri la qualifiant d'"idée stupide et sale", et estimant qu'elle avait été suggérée par les Etats-Unis et Israël. En éludant le débat sur un changement de régime à Bagdad, le sommet a "cherché à se sauver lui-même au lieu de sauver l'Irak comme il était censé le faire". "La bombe des Emirats a rappelé aux participants au sommet la question qu'ils voulaient éluder", estime le journal arabe Al-Hayat dans un éditorial. Le point du communiqué final dans lequel les Etats arabes s'engagent à ne pas participer à une guerre contre l'Irak a esquivé la question clé des facilités offertes aux troupes américaines par des Etats du Golfe, notamment le Koweït, le Qatar et Bahrein. Selon des responsables dans le Golfe, ces pays, liés aux Etats-Unis par des pactes de défense, pourront ainsi arguer, en cas de guerre, qu'ils ne participent pas directement au conflit. Et l'unique action que le sommet a décidé d'entreprendre pour empêcher qu'une guerre éclate, est de former une délégation qui exposera la position arabe aux ”parties internationales".