Leur rassemblement, prévu à la Grande-Poste, a été empêché manu militari. Les quelques dizaines de vaillants délégués qui ont pu, au prix de moult ruses, rejoindre la capitale pour interpeller le président Chirac n'ont eu droit qu'à la bastonnade de la police qui n'a pas fait de quartiers pour les réprimer. Aux environs de 11 heures, ils ont tenté un premier rassemblement devant la Grande-Poste où était donné le rendez-vous. La police qui tenait à ne pas avoir une seule fausse note dans cette kermesse dédiée au président Chirac est aussitôt intervenue pour les embarquer. Le scénario s'est répété à plusieurs reprises et toutes les fois que les délégués tentaient de revenir à la charge. Même sous l'œil des caméras, la police chargée de contenir les délégués ne s'est pas encombrée de coquetterie pour manier la trique. Résultat : le rassemblement a été violemment empêché et les délégués embarqués au commissariat du Télemly d'où ils n'ont été libérés qu'aux alentours de 18 heures. C'est-à-dire une fois les clameurs de l'accueil complètement tues. Au total, ils sont 118 à être “ramassés”. Parmi eux, le père de Massinissa Guermah et le doyen du mouvement, Ammi El-Hadj. Dans une déclaration rédigée dans l'enceinte même du commissariat, nous pouvons lire : “Encore une fois, le rassemblement auquel a appelé le mouvement citoyen pour interpeller le président de la République française a été réprimé et des dizaines de délégués ayant osé braver l'arsenal répressif, disposé tôt le matin, ont été embarqués manu militari pour être dirigés vers des commissariats”. Pour lever toute équivoque quant au sens de leur action, les délégués des archs tiennent à préciser que : “L'action d'aujourd'hui, au niveau de la Grande-Poste, n'est pas dirigée contre la personne du président Chirac, ni pour perturber sa visite dans notre pays, mais bien pour l'interpeller quant à l'état des droits de l'Homme en Algérie”. Revenant sur les préparatifs qui ont précédé cette visite, la déclaration note : “Les Algérois auront remarqué, à l'occasion de cette visite dont ne manquera pas de tirer les dividendes politiques le pouvoir maffieux et assassin, que la face hideuse et malveillante d'Alger a été soigneusement cachée à la vue de Son Excellence le président de la République pour mieux masquer une réalité amère qui est le lot quotidien des citoyens qu'on a essayé aujourd'hui de “mobiliser” pour les besoins de la cause, moyennant moult subterfuges pour montrer bonne figure”. En conclusion, les délégués des archs réaffirment leur détermination d'aller jusqu'au bout de leur combat. “Rien ne saura nous détourner de notre objectif qui n'est autre que la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur explicitée à Larbaâ Nath Irathen, qui demeure scellée et non négociable, et les manœuvres sournoises du pouvoir allant jusqu'à “interpeller” deux dialoguistes taïwan de triste mémoire et essayer de les mêler à nous pour semer le doute et la confusion, ne peuvent entamer notre détermination à continuer notre noble combat et à exiger la libération sans condition de nos détenus dont les charges retenues contre eux sont autant infondées que farfelues”. N. S.