Les enseignants contractuels ont été encore une fois malmenés. Devant tenir, hier, un sit-in de 24 heures devant le siège de la présidence de la République, ils en ont été violemment empêchés par des policiers déployés sur les lieux dès les premières heures de la matinée. 11h30, le quartier du Golf (où se situe le siège de la présidence) était déjà quadrillé. A la dizaine de policiers qui assurait la sécurité au quotidien sur les lieux, sont venues s'ajouter des renforts de la police antiémeute et de nombreux autres agents en civil. Ils n'attendaient pas une délégation présidentielle. En ces temps de campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril 2009, le président, candidat à sa propre succession, est à la recherche de voix hors de la capitale. Ils n'attendaient pas non plus une délégation étrangère. Ils étaient là pour « accueillir » et renvoyer illico presto les représentants des enseignants contractuels qui viendraient protester, une nouvelle fois, contre la précarité de leur situation socioprofessionnelle. A proximité d'une des permanences de campagne du président candidat d'où fusait, comme dans un disque-jokey, une musique qui crève les tympans et, à chaque coin du boulevard menant à la présidence, de nombreux policiers étaient en sentinelle. Ils guettaient l'arrivée des « invités indésirables ». Et ces derniers n'arriveront que vers 12h30. Ils étaient une vingtaine d'enseignantes et d'enseignants. Leur présence n'a pas échappé au « comité d'accueil », qui savait déjà dans quel bus de l'ETUSA les protestataires allaient faire le déplacement à El Mouradia. Alors que les enseignants, pancartes à la main, scandaient des slogans anti-contractualisation et demandaient leur réintégration, les agents de la police fonçaient sur eux. Ils les ont poussés, bousculés et les chargés. Ils ont procédé d'abord à l'arrestation de huit jeunes enseignants qu'ils ont conduit manu militari au commissariat. Une fois la première partie de leur stratégie (arrêter les hommes) accomplie, ils sont passés à la deuxième option : chasser les enseignantes des lieux. En les bousculant tout en criant et parfois en proférant des insanités à leur endroit, les policiers ne leur ont laissé aucune chance de parler. « Ne me touchez pas ! Je ne fais que revendiquer mes droits », a lancé une des enseignantes en direction d'un des agents qui la bousculait des deux mains. Celui-ci n'a pas bronché. Ses collègues et lui n'ont qu'un seul objectif en tête : renvoyer les protestataires loin de la présidence. Ils ont réussi à les éloigner. Les jeunes arrêtés, quant à eux, n'ont été libérés qu'à 16h30 après établissement d'un PV. Mais les contractuels ne comptent pas baisser les bras. Ils se disent déterminés à poursuivre leur protestation jusqu'à la satisfaction de leurs revendications : « Nous allons nous réunir demain (aujourd'hui) pour décider des actions à mener à l'avenir », a affirmé un des enseignants, contacté hier après-midi.