D'aucuns ont assimilé en Algérie la notion de planification au système bureaucratique de l'économie administrée. Pourtant, les plus grandes économies de marché disposent de structures qui s'occupent de planification. Le Maroc et la Tunisie, pourtant membres à part entière de l'OMC, partenaires économiques et commerciaux de l'Union européenne dans le cadre d'accords d'association, appuient leurs stratégies de restructuration de leur économie, sur des institutions de planification très efficaces (ministère du Développement économique et de la Planification en Tunisie, Instituts de planification et de prévisions économiques au Maroc). Ni le FMI ni la Banque mondiale ne leur ont fait abandonner leurs travaux et actions de moyen et long termes, et ce sont de véritables feuilles de route qui sont élaborées pour inscrire l'ensemble des actions dans une vision globale et cohérente. L'Algérie a longtemps souffert de l'absence d'institutions dans la régulation, dans l'étude et la prévision et aussi dans l'information économique et la statistique. Résultats : les opérateurs économiques et les économistes ont, à maintes reprises, décelé l'incohérence parfois des contradictions dans la démarche du gouvernement dans la conduite des réformes. En créant un Commissariat général à la planification, qui aura aussi pour mission de s'occuper de prospective, le gouvernement ne fait que corriger cette lacune. Cet instrument, placé sous la tutelle du ministre chargé des Finances, permettra au gouvernement de bénéficier d'avis et de conseils d'une équipe d'experts pluridisciplinaire qui jouera le rôle d'instrument efficient d'aide à la décision et à l'orientation des stratégies de développement. Le décret présidentiel n°06-346 portant création, missions et organisation du Commissariat général à la planification et à la prospective (CGPP) a été publié dans le numéro 62 du Journal officiel de la République algérienne, daté du 4 octobre 2006. Le commissariat est chargé d'assister le gouvernement dans le choix et l'élaboration de sa stratégie dans les domaines du développement économique, social et spatial. Au titre des missions qui lui sont assignées, le commissariat est chargé d'analyser la cohérence d'ensemble des politiques de développement en matière économique, sociale et spatiale et d'en évaluer l'efficacité ; d'organiser, dans une démarche multidisciplinaire, une réflexion prospective sur les facteurs susceptibles d'affecter l'évolution sociale, économique et spatiale à long terme de la nation ; d'organiser la mise en place et le développement des activités de veille stratégique ; d'organiser et de suivre, en relation avec les institutions et les organismes concernés, la mise en œuvre du système national d'information statistique et de développer les instruments de simulation et de prévision macroéconomiques ; d'élaborer des notes de conjoncture pour le suivi de l'évolution économique et sociale ; d'élaborer et de soumettre au gouvernement le rapport annuel sur la situation économique et sociale et, enfin, d'élaborer les perspectives de développement à moyen et long terme de la nation. En outre, il formule des recommandations opérationnelles de politique publique. Le document souligne que le commissariat peut recourir à l'expertise externe nationale et/ou internationale. Le commissariat est déstructuré autour de trois divisions : la division des études de prospective et de développement durable ; la division de l'analyse et de la conjoncture ; la division de l'évaluation des politiques économiques et la division de l'évaluation des politiques sociales. À peine créé, le Commissariat général à la planification et à la prospective “aura un rôle central à jouer dans la préparation du prochain plan quinquennal 2009-2013 qui sera engagée suite aux directives du président de la République”. C'est du moins ce qui a été rapporté par l'APS, lors de la séance consacrée par le chef de l'Etat au secteur des finances dans le cadre des auditions des ministres. En tout état de cause, le fait d'adosser la prospective à la planification permettra d'améliorer la gouvernance du pays. Meziane Rabhi