“Les semences importées sont de piètre qualité, et cela se fait au su et au vu des autorités compétentes. Comment voulez-vous ensuite que nos produits agricoles puissent rivaliser avec les autres récoltes des pays étrangers ?” C'est ce qu'a déclaré, hier, M. Ramdane Rouabah, P-DG de la société Foirex, lors de la conférence de presse organisée à Alger par l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCA). Le même intervenant s'étonne aussi du laisser-aller des services de contrôle des ministères de l'Agriculture et du Commerce qui permettent à des semences de mauvaise qualité d'entrer sur le territoire national. Il citera l'exemple de la semence d'avoine importée ces derniers temps : “Cette semence est vendue aux éleveurs qui l'utilisent comme aliment de bétail. Cette semence d'avoine est cédée à 3 600 DA le quintal.” Il regrette aussi la disparition des ferme pilote dont la mission était justement de produire des semences. Pour sa part, M. Harnane Rabah, secrétaire général de l'UNPA, estime que les efforts de l'Etat, aussi conséquents soient-ils, ne bénéficient qu'aux opportunistes du secteur de l'agriculture. “S'agissant d'un secteur stratégique, l'Etat doit le soutenir et l'encourager”, estime M. Harnane. Il reproche aux autorités de distribuer les indemnités à ceux qui ne les méritent pas. À ce titre, il citera l'exemple des subventions accordées pour la réalisation des chambres froides : “Ces chambres froides sont utilisées aujourd'hui pour entreposer les fromages et d'autres produits non agricoles.” Quant aux prix élevés de la pomme de terre, il estimera que cela est la conséquence de la surproduction enregistrée l'année dernière. “L'année dernière, les fellahs ont été obligés de jeter leur production de pomme de terre. C'est tout à fait normal qu'ils aient opté cette année pour une autre culture. Nous envisageons à l'UNPA une flambée des prix de l'oignon et de la tomate l'année prochaine”, explique-t-il. Il tient surtout à mettre en avant les problèmes des vrais fellahs, c'est-à-dire ceux qui travaillent réellement la terre : “Les semences et les engrais sont à des prix inabordables ; pourtant ce sont les opportunistes qui réalisent les plus gros bénéfices.” Justement pour remédier à la situation actuelle, il préconise la réalisation de moyens de conservation et d'entreprises de transformation des produits agricoles. Saïd Ibrahim