Au terme de sa visite officielle de 3 jours en Algérie, le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, Bülent Arinç, a animé une conférence de presse à la résidence Djenane El-Mithaq, au cours de laquelle il n'a pas vraiment révélé la teneur des discussions qu'il a eues, durant son séjour, avec les présidents des deux Chambres parlementaires et le Chef du gouvernement. Il s'est limité à indiquer que les relations algéro-turques ont de tout temps été bonnes, et le resteront longtemps encore. Dans sa déclaration liminaire, il a néanmoins beaucoup insisté sur les méfaits de la colonisation française, dont il a constaté les traces à travers les pièces (notamment des photos) exposées au Musée du chahid. “Pendant plusieurs siècles, les Turcs ont cohabité avec les Algériens dans la paix. Ils ont laissé des mosquées, des palais et autres réalisations. Les Français ont commis, par contre, des crimes contre ce peuple, de 1830 à 1962”, a souligné l'invité d'Alger. Il a affirmé que son pays s'est attelé à exhorter la France à reconnaître les injustices commises en Algérie. De son avis, la Turquie a été sanctionnée, pour sa position en faveur de l'abrogation de la loi du 23 février relative à la glorification de la colonisation française dans les pays de l'Afrique du Nord et des territoires d'Outre-mer, par l'adoption récente d'une proposition de loi sur la reconnaissance du génocide arménien. “La Turquie n'a jamais commis de génocide, de toute son histoire. Nul n'a le droit de nous accuser de ces crimes”, a lancé M. Bülent Arinç, avant de conseiller aux dirigeants français de balayer d'abord devant leur porte. “La France doit être confrontée à son passé et demander officiellement pardon aux Algériens”. Pourtant, le président de la Grande Assemblée nationale de Turquie s'est vigoureusement défendu de se servir du refroidissement des relations entre la France et l'Algérie, provoqué par la promulgation de la loi du 23 février. “Ma visite dans votre pays est programmée depuis des mois. C'est une pure coïncidence si elle est intervenue juste après les développements induits par la proposition de loi du Parlement français sur le génocide arménien”, a-t-il soutenu. “Je n'ai nullement intérêt à lancer des messages à la France en utilisant l'argumentaire algérien”, a-t-il poursuivi. Dans le sillage, il a rappelé que son pays est disposé à ouvrir ses archives à tout historien qui souhaiterait chercher la vérité sur ce qui s'est passé en 1915, date à laquelle le génocide aurait été commis. “Nous assumerons nos responsabilités historiques si quelqu'un trouve un document attestant de la véracité des faits qu'on nous reproche”. À propos de la menace de l'Union européenne de suspendre ses négociations sur l'intégration de la Turquie à son entité, si elle ne cède pas sur la question chypriote, le président du Parlement turc a répondu que ce dossier n'est pas actuel. “Il ne peut pas être résolu en parallèle des négociations, mais dans le cadre de l'ONU”. Il a affirmé que son pays se conforme scrupuleusement aux exigences posées par l'Union européenne. Selon lui, s'il existe des obstacles, ce n'est pas la faute à la Turquie, mais à l'UE qui ne parvient pas à transcender les dissensions en son sein. “L'UE nous demande, sans cesse, des concessions sur la question chypriote, qui ne constitue pourtant pas un critère de négociation. Il n'est pas question que la Turquie renonce à ses droits sur Chypre, de manière unilatérale”. Souhila H.