Après deux années d'attente avec des surcoûts conséquents, le consortium nippon qui a obtenu le marché de la réalisation des 3e et 4e tranches de l'autoroute Est-Ouest, traversant le territoire de la wilaya de Constantine, est en train d'installer ses quartiers avant le lancement définitif des travaux. Entre-temps, 87 hectares ont été expropriés et 19 familles délogées. Le tracé de l'autoroute Est-Ouest contourne le tissu urbain de la wilaya de Constantine sur une longueur de 46 km. Le méga-chantier a été lancé dès la deuxième moitié des années 1990, en quatre tranches. Si les deux premières ont été réalisées et les œuvres réceptionnées, les deux dernières accusent un retard de 2 années. Il faut dire que ni la topographie des sites ni la nature juridique des terres traversées n'ont facilité la tâche aux autorités en charge du dossier. Le 2e trimestre de l'année en cours a été décisif pour la suite du projet. Il y a d'abord la fin d'une longue et coûteuse procédure judiciaire d'indemnisation des propriétaires de 87 hectares et la mise en application de la décision de délogement des indus occupants. Si le nombre de ces derniers est connu, à savoir 19 familles, celui des milliards déboursés par le Trésor public pour récupérer le foncier dans le portefeuille des assiettes à utilité publique reste inconnu. Ensuite, il y a eu la désignation d'un groupe d'entreprises nippones pour la matérialisation du projet. Au cahier des charges, on enregistre la réalisation de la 3e et de la 4e tranches. La première reliera le site d'Aïn El Bey à celui d'El Meridj sur une distance de 16,3 km, permettant de contourner le centre-ville de Constantine. La seconde reliera El Meridj à la sortie nord de la localité de Didouche-Mourad sur une distance de 12,7 km, permettant aux usagers de la route allant du centre à l'est du pays, dans les deux sens, d'éviter El Ménia, appelée aussi “descente de l'enfer”. Les Japonais auront donc à réaliser 29 km dans des conditions topographiques très contraignantes. Une véritable guerre contre les caprices de la nature. Heureusement que le nerf de la guerre, l'argent du pétrole, existe. Pour rappel, les 27 autres kilomètres ont été déjà réalisés dans le cadre des 1re et 2e tranches. La première a été réceptionnée en 1999 et a permis, sur une distance de 6 km, le contournement de la localité d'Aïn Smara. La seconde, qui relie Aïn Smara à Aïn El Bey sur une distance de 11 km, est déjà ouverte à la circulation depuis presque deux années. À la réception de tous les projets, le passage dans les différents sens des routes nationales 5, 3 et 79, reliant l'est, l'ouest ou le sud du pays, contournera les agglomérations urbaines de la wilaya de Constantine via des voies rapides. Ce programme sera certainement rattrapé par un autre reliant la localité de Didouche-Mourad à celle de Zighoud-Youcef, appelé El Kantour, qui enregistre le plus grand nombre d'accidents sur la RN3. Ce qu'on omet de citer lorsqu'on traite ces grands projets de travaux publics, c'est qu'ils sont à la fois lourds pour le budget de l'Etat et structurants pour les économies locales. Lors des travaux, des milliers d'emplois directs et indirects sont créés et, après, ce sont autant de postes permanents qu'offriront aux marchés locaux de main-d'œuvre non qualifiée, les différents commerces qui vont se greffer le long des tracés. La circulation facile des personnes est un facteur favorisant la mobilité de la main-d'œuvre, une chance de plus pour les demandeurs d'emploi. MOURAD KEZZAR