C'est l'affaiblissement des zaouïas, dont l'action est considérée par les tenants du fondamentalisme comme une “bidaâ”, voire du charlatanisme, et donc leur marginalisation au lendemain de l'Indépendance, qui a provoqué une véritable cassure dont la conséquence aura été la prise du pouvoir religieux par les intégristes en imposant à l'Algérie un islam importé de l'Orient. Y a-t-il volonté politique chez les pouvoirs de réhabiliter les zaouïas ? Tout porte à le croire, en se référant à la rencontre des partisans de la Tidjania qui a eu lieu ce week-end à Laghouat, après celle qui avait regroupé, il y a quelques jours, les adeptes de la Rahmania en Kabylie. L'initiative, qui ne trouvera naturellement pas grâce aux yeux des tenants de l'approche rigoriste de l'Islam en Algérie, mérite d'être encouragée. Car ces confréries, dont l'émergence sur la scène cultuelle remonte au seizième siècle, ont su créer cette synergie, si nécessaire à l'équilibre de la société, entre le message coranique dans son essence divine et le tempérament national, à travers ses valeurs culturelles millénaires, et donc sa mémoire. En somme, l'Islam tel que l'ont toujours vécu nos ancêtres. C'est que tout le temps que ces confréries avaient eu pignon sur rue, en axant leur approche exégétique sur la dimension spirituelle de l'Islam, son esthétique, son esprit de tolérance, les algériens avaient vécu cette religion dans la sérénité, loin de tout extrémisme et de tout intégrisme. C'est l'affaiblissement des zaouïas, dont l'action est considérée par les tenants du fondamentalisme comme une “bidaâ”, voire du charlatanisme, et donc leur marginalisation au lendemain de l'Indépendance, qui a provoqué une véritable cassure dont la conséquence aura été la prise du pouvoir religieux par les intégristes en imposant à l'Algérie un islam importé de l'Orient. La conséquence de ce glissement vers un islam politique, version FIS, a enfanté la crise qui a failli emporter le pays dans les années quatre-vingt-dix. C'est heureux que le rôle de ces confréries soit aujourd'hui reconsidéré, car elles sont en capacité de présenter une alternative à l'islamisme djihadiste, qui offre un angle d'attaque aux occidentaux. Pour peu que leurs animateurs disposent de moyens, ils sont assurément en mesure d'assumer le rôle d'acteurs dans le cadre du dialogue entre religions et d'être les porteurs du message coranique dans son authenticité. N. S.