Près de 400 représentants des zaouïas du pays ont pris part à une rencontre nationale à Tizi Ouzou pour tenter de redynamiser les écoles coraniques. Même si la réunion nationale des représentants des associations des zaouïas du pays qu'abrite, depuis hier, la salle de conférences des œuvres sociales de la wilaya de Tizi Ouzou a été précédée, à tort ou à raison, de quelques préjugés politiques et préélectoraux, il n'en demeure pas moins qu'elle aura eu le mérite de rassembler des centaines de chouyoukh et de personnalités religieuses qui ont pris l'habitude de prêcher un islam pur et authentique car mettant l'accent, avant tout, sur le respect mutuel et la tolérance. Loin des prêches virulents et dénués de toute forme d'extrémisme, les débats qui ont caractérisé cette rencontre nationale, empreints de sagesse et de maturité, s'articulaient souvent autour d'une meilleure prise en charge des zaouïas et des écoles coraniques. À ce titre, de nombreux intervenants n'ont pas manqué de signaler l'opportunité d'avoir bousculé un bon nombre de préjugés en organisant ce colloque national dans une wilaya qui compte plus de 700 mosquées (734 plus précisément) et 18 zaouïas, dont 4 en construction, ce qui place la wilaya de Tizi Ouzou en “pole position” devant la wilaya d'Adrar, qui compte une dizaine de zaouïas pour une moyenne nationale de 3 à 4 zaouïas par wilaya. Tout en rendant un hommage particulier au docteur Gouaïch Kaddour, président de l'Association nationale des zaouïas d'Algérie, et à son secrétaire national Rachid Mahfoud pour leur abnégation à dynamiser davantage leur association, les différents représentants des zaouïas de plusieurs wilayas, qui ont pris la parole, ont tenu à soulever de nombreux problèmes qui touchent au fonctionnement des zaouïas à travers le territoire national. La formation des enseignants du Coran, les contenus d'enseignement, le profil des “taleb”, les relations avec les pouvoirs publics et le problème de la représentativité des responsables des zaouïas à l'échelle locale et nationale ont été débattus à cette occasion, le tout sans passion ni détour. “Si les zaouïas ont joué un grand rôle pendant la Révolution, nous estimons qu'elles doivent être légitimement représentées aujourd'hui au niveau du conseil national”, a déclaré, par exemple, un représentant de la wilaya de Aïn Defla. “Il faut se pencher sérieusement sur le problème des actes notariés concernant les biens et les terrains des zaouïas à travers le territoire national”, rétorque un délégué de Laghouat. Un représentant d'une autre wilaya a tenu à dénoncer tous les “charlatans” et les “sorciers” qui pratiquent un commerce illicite et dangereux sous le couvert de la religion, pour prétendre “soigner” des citoyens désemparés ou en mal d'équilibre psychique ou physique. Un autre intervenant a même remis en cause la crédibilité et la moralité de certains prétendants au pèlerinage à La Mecque et qui n'ont rien à voir de près ou de loin avec la religion. Bref, autant de sujets, plus ou moins importants, pour une meilleure prise en charge des zaouïas et qui auraient certainement mérité plus qu'une journée de débat et de concertation d'autant plus que la seconde journée d'aujourd'hui sera consacrée essentiellement à la visite de zaouïas et d'écoles coraniques réparties à travers la wilaya de Tizi Ouzou, principalement dans les régions de Timizar, Azazga, Aïn El-Hammam et Djemaâ Saharidj. Enfin, en marge de cette rencontre nationale, il était intéressant de prendre attache avec M. Rachid Saïbi, directeur des affaires religieuses auprès de la wilaya de Tizi Ouzou, un ancien diplômé de la 15e promotion de l'ENA, qui situe l'importance d'un tel colloque pour une meilleure prise en charge de la gestion des grandes lignes de l'enseignement coranique d'une manière générale. “Nous avons recensé à peu près quelque 400 participants représentant plusieurs wilayas du pays. Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des réunions périodiques qu'organise l'Association nationale des zaouïas, qui est fortement impliquée dans 22 wilayas. Cette rencontre nationale, qui fait suite à une réunion similaire organisée l'année dernière à Laghouat, permet de confronter et de dégager des idées susceptibles de dynamiser davantage les zaouïas et les écoles coraniques”, dira M. Saïbi. Pour faire face à toutes les spéculations obscurantistes et les menaces islamistes qui donnent souvent lieu à de graves dérapages extrémistes, cette rencontre nationale des représentants de zaouïas a permis tout au moins de recentrer la dimension religieuse dans le contexte originel de l'islam en tant que religion qui prêche l'amour et la tolérance. “L'islam modéré a toujours élu domicile dans les zaouïas, dira M. Saïbi, surtout à travers les activités des confréries très connues telles que El Kadiria, Tidjania, Rahmania, Senoussia à travers l'histoire. C'est un rappel de l'histoire et des valeurs de l'islam répercuté par une mémoire collective et qui veut que ces zaouïas s'impliquent davantage dans l'action de sensibilisation des populations qui leur sont dévouées.” À ce titre, le directeur des affaires religieuses de la wilaya de Tizi Ouzou estime que de “telles rencontres ne feront qu'améliorer l'enseignement du Coran d'une manière générale, qui passe par une meilleure formation pédagogique des maîtres des écoles coraniques”. M. H.