RESUME : Daya ne pense qu'à Kamel et sa correspondance la distrait de ses études. Ses résultats sont moyens. Elle passe en deuxième année mais le proviseur convoque son père. Après l'entretien, Mohand est inquiet. Il fouille dans les affaires de sa fille et ne trouve pas de courrier de cœur. Tout comme sa femme, il voudrait comprendre. Aïcha va fouiller sa chambre. Aïcha inspecte le contenu de l'armoire de sa fille mais elle ne trouve ni lettres ni photos. Il y a deux coffres où elle range les couvertures en laine et des coussins. Elle les retire et les fouille. Il n'y a rien dans les couvertures qu'elle a pris le temps d'étaler puis de replier. Les coussins subissent le même sort. Elle retire la laine et c'est dans l'un d'eux qu'elle tombe sur une enveloppe. Aïcha se sent mal. Elle l'a à peine cachée que son mari entre. - Qu'est-ce que tu fais ? l'interroge-t-il en voyant les coussins vidés de leur laine. - Je jetais un coup d'œil. Comme tu le vois, il n'y a rien ! - Tant mieux alors ! Mohand la laisse remplir les coussins. Il sort dehors. Aïcha s'enferme dans la salle d'eau et là, elle ouvre l'enveloppe. Les battements de son cœur s'emballent en découvrant la photo d'un jeune homme. - Ainsi, c'est à cause de toi, pense-t-elle, affligée par la découverte. Malheur à toi, toi qui es en train de gâcher la vie de ma fille ! Elle la déchire en petits morceaux, les jette dans les toilettes et verse un seau d'eau. Elle s'assure qu'il ne reste rien. Quand elle retourne dans la chambre de sa fille, celle-ci s'y trouve. Elle est en train de regarder dans la laine des coussins. Elle est livide. - Tu cherches quelque chose ? lui demande-t-elle. Une enveloppe, par exemple ? - Non, non… Aïcha a envie de la gifler mais elle craint que son mari ne revienne. D'ailleurs, à peine a-t-elle fini de ranger la laine dans les coussins qu'il rentre. Daya lui apporte du café et des gâteaux encore tout chauds. Alors qu'elle le sert, il remarque son visage livide. - Tu es bien pâle, dit-il. - Ça lui apprendra à faire des gâteaux maintenant ! Elle aurait pu attendre qu'il fasse moins chaud, réplique Aïcha. La prochaine fois, prépare ce que tu veux de bonne heure ou en fin de journée ! - Oui, tu as raison, répond la jeune fille sans s'attarder sur le sujet. Et toi, que prendras-tu ? - Juste du café. Au fait, dit Aïcha à son mari, je voudrais me teindre les cheveux avec du henné, pourrais-tu m'en acheter ? - Pour quand ? - Si c'est possible, tout de suite, répond-elle. Mohand n'a rien à faire. Après avoir avalé son café, il part lui acheter du henné. Aïcha en profite pour gronder sa fille. - Le proviseur avait raison, tu avais bien l'esprit ailleurs, lui dit-elle. Qu'est-ce qui t'a pris ? Es-tu folle ? - Non… Yemma, tu ne peux pas comprendre ! soupire Daya. Je l'aime et il m'aime depuis si longtemps ! - Tu crois que c'est une raison pour nous décevoir, réplique sa mère. Tu es notre unique enfant, on a placé tous nos espoirs en toi ! On est si fiers de toi ! Comment peux-tu jouer avec l'honneur de la famille pour un garçon qui n'en vaut pas la peine ! D'ailleurs, qui est-ce ? D'où est-il ? - Il… Il est du village, il est au lycée mixte en ville, lui apprend Daya. Yemma, c'est quelqu'un de bien ! - Petite folle ! Ce n'est pas à toi de le juger mais nous, rétorque Aïcha avant de se rappeler qu'elle n'a pas répondu à sa question. Qui est-ce ? Est-ce que ton père le connaît ? - Oui, enfin, je crois… Une fois, je lui ai prêté mon dictionnaire, lui rappelle la jeune fille. - Tu t'es bien moquée de nous ! Le surveillant n'avait pas tort ! - Il s'appelle Kamel, dit Daya. - Oui, mais il doit bien avoir un nom de famille ? insiste Aïcha. Je veux le connaître ! - Kamel M., répond la jeune fille. - M., reprend Aïcha. Il n'est pas de la famille avec qui nous avons eu des problèmes ? - Si, murmure Daya. C'est celui-là même qui m'embêtait en classe… Aïcha espère avoir mal entendu. Mais Mohand est déjà de retour et il leur est impossible de poursuivre la discussion. À son grand regret. A. K. (À suivre)