Soixante pour cent des Algériennes utilisent actuellement la pilule contre 10% dans les années 1960. Ce constat chiffré a été avancé, jeudi dernier, par un médecin spécialiste de l'Association algérienne pour la planification familiale (AAPF) lors d'une rencontre organisée par le Forum d'El Moudjahid sur “La santé sexuelle et reproductive des jeunes Algériens”. L'Algérie, faut-il le souligner, s'est engagée tardivement dans une politique de baisse de la natalité, mais les campagnes de sensibilisation menées à travers des programmes de planification familiales semblent donner leurs fruits. À partir des années 1980, on a enregistré un fléchissement conséquent, avec 80 000 naissances de moins en 1986 par rapport à l'année précédente. Il en est de même pour la décennie suivante, en l'occurrence 1996, avec 57 000 naissances de moins, et ce pour dire que le déclin une fois entamé a été rapide comme l'attestent les statistiques suivantes : à partir de 1985, le taux de natalité est inférieur à 40 000, soit la moitié par rapport à 1970, et en 1991 il n'est plus que de 20,2 pour 1 000. Il s'ensuit que le taux d'accroissement, qui était de 3 % de 1961 à 1977, ne représente que 1,46 % en 1999. En somme, les femmes actuellement ont deux enfants en moyenne, contre sept il y a de cela une vingtaine d'années. Facteurs économiques ou de nature culturelle (changement de mentalité), le recul de l'âge moyen au premier mariage reste, sans nul doute, le moteur principal de cette transition accompagnée par le recours aux modes contraceptifs, dont le plus courant en Algérie est la pilule. “Les Algériens cherchent d'abord la qualité de la vie puis les enfants”, ont soutenu les intervenants à la rencontre d'El Moudjahid pour argumenter, pour leur part, et plaider à l'occasion en faveur d'un “bilan médical prénuptial complet des futurs mariés, au lieu d'un simple certificat médical”, souvent assimilé par les familles, de leur avis, à une attestation de virginité de la candidate au mariage. “Un bilan médical complet doit être exigé des futurs mariés pour éviter toute complication sanitaire pour le couple et sa progéniture”, ont-ils déclaré, précisant que le “certificat médical, obligatoire actuellement avant l'établissement de tout acte de mariage, ne renseigne pas sur les éventuelles maladies congénitales ou les infections”. “La moitié des infections de VIH (sida) se produit avant 25 ans et le risque de mortalité maternelle est plus important chez les adolescents”, ont indiqué les spécialistes du domaine, soulignant au passage que la mortalité infantile en Algérie a baissé de “380 décès pour 100 000 naissances vivantes” dans les années 1980, à 98 pour 100 000 actuellement. N. Saïdoun