L'octroi ou le refus de ce document est du ressort de la représentation diplomatique du pays destinataire de la demande. Une nouvelle méthode de traitement de visas pour les pays de l'Union européenne est en gestation, à travers ce que les Européens appellent “le centre commun des visas”. Ce centre est appelé à centraliser les demandes de visas pour les pays de l'Union. Pour autant, la décision définitive d'octroi ou de refus du document relève des compétences de la représentation diplomatique du pays destinataire de la demande. “Le centre ne remplace pas les ambassades”, précisent certaines sources communautaires, expliquant que cette procédure “assure une cohérence dans le traitement des demandes”. Mais pour les journalistes, notamment maghrébins, cette procédure “complique davantage l'accès aux visas”. Si, auparavant, il était possible de faire des demandes de visas à différentes ambassades espérant que l'une répondra favorablement, demain, une fois cette méthode mise en œuvre, le demandeur risque de ne pas pouvoir bénéficier d'autant de possibilités. Pour l'instant, seul le Maroc, bon élève pour les politiques européennes, est concerné par cette nouvelle procédure, comme pays-pilote. L'Algérie, qui s'est montrée “très réservée” à l'égard de la politique de voisinage, est exclue, du moins dans l'immédiat, de ce nouveau mécanisme. L'adhésion à la politique de voisinage et l'adoption de plans d'action (réformes) négociés sont posées comme préalables. Seulement, cette nouvelle méthode de traitement de demandes de visas n'est qu'au stade de projet. Elle n'est pas encore mise en application. “Sa mise en œuvre n'est pas pour demain”, précise-t-on. La politique de voisinage, proposée par l'UE à ses voisins du Sud et de l'Est, prévoit l'assouplissement des formalités de délivrance des visas pour certaines catégories de personnes (étudiants, chercheurs, hommes d'affaires, fonctionnaires, journalistes…). Les 12 pays ont déjà adhéré à la politique de voisinage et signé avec l'UE des plans d'action. Avec la Tunisie et le Maroc, les plans d'action sont en vigueur depuis 2005. Pour l'Algérie, la priorité est donnée à l'application de l'accord d'association, entré en vigueur le 1er septembre 2005. Dans ce cadre, et ce, avant même la finalisation de la procédure visant la création formelle des sous-comités techniques, une première réunion d'un groupe de travail informel, “industrie, commerce et services”, a eu lieu à Bruxelles le 7 novembre, et un autre groupe “justice et affaires intérieures” s'est réuni les 5 et 6 décembre derniers à Alger. “Il avait été convenu de réunir en priorité ces deux groupes en raison de l'intérêt mutuel des thématiques qui y seraient traitées”, expliquent nos interlocuteurs. Si pour l'UE, le démarrage des discussions sur un accord de réadmission des Algériens illégalement établis en Europe est important, l'Algérie attend l'appui de la commission pour la facilitation des visas ainsi que pour son accession à l'OMC. Pour rappel, l'accord d'association prévoit la mise en place des structures : un conseil d'association au niveau ministériel, un comité d'association au niveau des fonctionnaires et des sous-comités au niveau technique. Mais voilà, à ce jour, 15 mois après l'entrée en vigueur de l'accord, aucun sous-comité n'est constitué formellement. Les Européens disent attendre la réponse d'Alger. Le dialogue n'est, cependant, pas à l'arrêt. Le calendrier prévoit la tenue de la deuxième session du conseil d'association en avril 2007 et la réunion du comité d'association vers la fin de l'année. Concernant la politique de voisinage, elle semble attendre pour “mieux voir et comprendre”. Bruxelles confirme et rappelle que lors du sommet anniversaire de Barcelone, “l'Algérie s'est montrée assez réservée à l'égard de la Politique européenne de voisinage (PEU) et a clairement indiqué sa volonté de s'en tenir, à ce stade, à la mise en œuvre de l'accord d'association.” L'UE a pris “bonne note” de cette position et se dit “disponible pour entamer un dialogue sur un plan d'action quand les autorités algériennes le décideront”. Certains reconnaissent que la ratification de l'accord d'association a été un exercice difficile pour les autorités algériennes qui ont principalement misé sur l'ancrage politique à l'union, plutôt que le libre-échange qui, en termes économiques, ne représente pas vraiment de valeur ajoutée pour l'Algérie. C'est sur le volet énergie que les deux parties avancent. L'UE et l'Algérie sont d'accord sur le fait que la coopération bilatérale dans le domaine de l'énergie pourrait être considérablement renforcée “au bénéfice des deux pays”. Véritable levier de l'économie algérienne, l'énergie est aussi un élément essentiel pour l'UE, qui voit en l'Algérie un partenaire stratégique qu'il convient de ne plus négliger. Il s'agit, en effet, d'un fournisseur important de gaz à l'UE, après la Russie et la Norvège, dont l'appui est indispensable afin d'assurer une sécurité d'approvisionnement énergétique. Le développement d'un dialogue stratégique sur l'énergie Algérie-UE est devenu un sujet prioritaire. Par contre, sur le plan instrument financier, le programme 2007-2010 a été mis en place. Le Programme national indicatif (PIN) pour 2007 prévoit une aide de 57 millions d'euros (40 millions d'euros pour l'amélioration de la compétitivité des PME et 17 millions pour la justice). Un forum pour les investissements européens est prévu à Alger au début de l'année prochaine, peut-être en février. M. R.