“Durant de longues années, l'Algérie perdait 40 000 ha par an de ses terres arables des plus fertiles à cause de l'érosion des sols”, a déclaré, hier, le président Bouteflika, lors de la Conférence internationale sur la lutte contre la désertification et l'impératif international de politique de soutien qui s'est ouvert hier au Palais des Nations. Aux côtés de Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, et de M. Hans Van Ginkel, recteur de l'université des Nations unies, le Président a exprimé devant tous les membres du gouvernement, diplomates et autres éminentes personnalités algériennes et étrangères, les inquiétudes quant aux problèmes mondiaux dont la désertification apparaît comme étant l'une des principales préoccupations de ce XXIe siècle. L'Algérie, pour sa part, a été confrontée, dès son indépendance en 1962, à une situation inquiétante de dégradation des sols, comme souligné par Bouteflika expliquant que cela était dû à une déforestation à grande échelle par les forces militaires coloniales, l'érosion et la désertification de surfaces importantes à haut potentiel agricole. Pour mettre un terme à cette dégradation, l'Algérie s'est essayée à plusieurs alternatives avec la mise en place des premiers chantiers populaires et surtout le projet “du “barrage vert” sur une superficie de 3 millions d'hectares, mais qui n'a enregistré que des résultats partiels comme reconnu par le Président qui abordera, à l'occasion, la mise en œuvre d'une politique cohérente à travers, à titre d'exemple, le plan national de développement agricole. L'Algérie dispose, également, depuis 2003, de son plan d'action national pour la lutte contre la désertification qui a bénéficié du précieux concours du Fonds pour l'environnement mondial et autres agences des Nations unies, et ce, après que l'Algérie eut ratifié, en 1995, la convention de l'ONU sur la lutte contre la déserti-fication/UNCCD. “Les zones arides représentent 41% de la surface du globe, dont 20% sont dégradés, et elles concernent une population de 2 milliards dont 50% vivent un dénuement aggravé et insupportable. La désertification affecte le 1/3 de la surface de notre planète, soit plus que la surface de la Chine, du Canada et du Brésil réunis et plus d'un milliard de personnes”, a indiqué le Président en soulignant que la désertification et la pauvreté s'alimentaient l'une de l'autre, générant ainsi des tensions sociales, économiques et politiques lourdes. L'Afrique est le continent le plus touché par ce phénomène avec des résultats dramatiques, précisera Bouteflika, soutenant que cela ne doit pas être considéré comme une fatalité et plaider pour un plan global multiforme. Il appellera, en outre, à l'adoption d'une charte mondiale des déserts pour la lutte contre la désertification. “Le développement durable dans un contexte de désertification consiste d'abord à enrayer le processus de dégradation, à stabiliser les équilibres ressources-exploitation et à rétablir des cadres sociaux et politiques viables”, dira le Président en insistant sur la nécessité d'accompagner les agriculteurs et les éleveurs démunis en tenant compte de la fragilité du milieu. Il faudrait, de l'avis de Bouteflika, appuyer les institutions proches des populations aux fins de créer des opportunités économiques et diversifier les activités et les revenus. Nabila Saïdoun