Plus de 16 millions d'hectares sont menacés par diverses formes d'érosion en Algérie. Citant le rapport "Algérie 2010" sur l'état des ressources en sols, la Direction général des forêts (DGF) estime que "10 millions d'hectares sont menacés par l'érosion hydrique, 6 autres millions par l'érosion éolienne et 40.000 ha perdus chaque année en mer".A ces chiffres s'ajoutent, selon la même source, les autres formes de dégradation telles que "la salinisation et la pollution des sols et surtout l'urbanisation sauvage sur les terres fertiles", déplore-t-on. Face à cette situation, les pouvoirs publics ont entrepris nombre d'actions pour "atténuer et enrayer les effets de la désertification", indique la DGF, évoquant les vastes programmes de reboisement initiés chaque année sur l'ensemble des territoires forestiers, notamment les espaces de l'Atlas saharien, les plus vulnérables. "Dans cette perspective, la reconstitution du patrimoine forestier à travers le reboisement a été consacrée comme tâche d'intérêt national se traduisant par la mise en œuvre du plan national de reboisement dont l'objectif oscille entre 60 et 70.000 ha par an de plantations et sera augmenté à 100.00 ha", indique-t-on. Dans les bassins versants et les périmètres agricoles de montage, la protection des terres contre la dégradation "se fait, précise la DGF, par la lutte contre l'érosion et la restauration des sols à travers la mise en œuvre de projets d'aménagement intégrés". Les territoires steppiques bénéficient de programmes de développement portant, d'une part, sur l'aménagement des parcours et l'organisation de l'élevage ovin et, d'autres part, sur des actions de protection et de reconstitutions forestières, ajoute-t-on. La DGF fait état, par ailleurs, du lancement d'une étude relative à l'actualisation de "la carte de sensibilité à la désertification" sur 12 wilayas steppiques pour évaluer l'évolution du phénomène durant la dernière décennie et l'impact des programmes de protection et de réhabilitation engagés sur cette période. Les résultats de cette carte serviront d'outil d'aide à la décision pour indiquer quelles sont les meilleures voies à suivre en termes d'aménagement et de gestion des écosystèmes steppiques par des dispositifs efficaces et concertés à mettre en avant, souligne-t-on. Aussi, la politique de renouveau rural instaurée porte sur la protection et la valorisation des ressources naturelles, la diversification des activités économiques en milieu rural, la protection et la valorisation des patrimoines ruraux matériels et immatériels et l'amélioration des conditions de vie des populations rurales. Ce programme, qui repose sur la mise en œuvre du plan national de développement à moyen terme (2009-2014), est soutenu par la mobilisation de fonds de l'Etat dédiés principalement à l'encadrement des actions liées au développement rural. A rappeler, par ailleurs, que l'Algérie a élaboré en 2003 un programme national de lutte contre la désertification qui répond à son engagement international dans le cadre de la convention onusienne à laquelle elle a adhéré en 1996. Ce programme vise la préservation et le développement des ensembles montagneux par la reconstitution de l'économie de montagne viable, le désenclavement des zones difficiles et l'amélioration des conditions de vie des ruraux. Il vise également la préservation et le développement des régions du sud par le développement de l'agriculture oasienne, la mise en valeur de périmètres agricoles viables et adaptés au milieu et le développement du tourisme. Il faut dire que le phénomène de la désertification est une menace sur toutes les ressources naturelles et, partant, sur les moyens de vie des populations. En Algérie, où l'on compte 238 millions d'hectares de terres, 12 millions situés dans les zones de montagne sont soumis à l'érosion hydrique. 47% des terres de la région ouest du pays sont les plus érodés et l'on enregistre une perte de 120 millions de tonnes de sédiments par an. Les services des forêts font état d'une diminution des capacités de stockage des eaux de barrages équivalent à 20 millions de m3 par an, de glissements de terrain (16,6 m3 érodés par an soit 1,6 mm d'épaisseur de sol et de sédimentation des barrages dont certains ont atteint un taux qui avoisine les 100%. On assiste aussi à une diminution de la fertilité des sols estimés à 40.000 ha par an pendant que la superficie forestière couvre uniquement 1,7% du territoire national (11% pour le Nord), soit 4,1 millions d'ha. Le domaine steppique constitue 36 millions d'ha, dont 20 millions vulnérables à la désertification, près de 600.000 ha sont désertifiés et 7 millions d'ha menacés par l'érosion. On compte enfin 200 millions d'hectares représentant le Sahara (87%), constitué de deux grands ergs (oriental et occidental), des oasis, des montagnes du tassili et du Hoggar et des déserts de pierrailles (regs). Dans le monde, un tiers de la superficie émergée (4 milliards d'ha) est menacé par la désertification et 250 millions de personnes sont directement affectées par ce phénomène alors que 24 milliards de tonnes de sols fertiles disparaissent chaque année. Dalila B.