“Le crime organisé n'épargne aucun domaine. Après l'atteinte aux personnes et à leurs biens, c'est au tour de la mémoire du pays de subir le même sort. Les sites archéologiques et les pièces d'art dont l'existence remonte à des millénaires sont devenus la cible des réseaux internationaux dans le but de déraciner les origines culturelles et civilisationnelles de l'Algérie”. C'est en ces termes que s'est exprimé le lieutenant-colonel Boudraâ Bakhti, lors de la conférence de presse qu'il a animée hier au siège du groupement de la gendarmerie d'Alger. Le conférencier, qui dirige à partir du bureau central d'Alger situé à l'institut de criminologie et de criminalistique de Bouchaoui, les quatre cellules régionales (Oran, Constantine, Ouargla et Tamanrasset), a expliqué d'emblée que 1 300 communes du pays sont concernées par ce problème. C'est dire que la surveillance des sites n'est pas une mince affaire. Dans un premier bilan, la création des cellules régionales ne datant que d'une année, conformément à la note n°04/39/2005 en application de la loi 98-04 relative à la protection des biens culturels, la gendarmerie tire la sonnette d'alarme. Pas moins de 1 127 pièces dont 1 031 archéologiques et 96 pièces de monnaie ont pu, être récupérées. Couvrant une quinzaine de wilayas de l'Est, c'est la cellule de Constantine (Ve région) qui est intervenue avec pas moins de 1 537 pièces archéologiques dont 670 à El Djamila (Sétif) et 555 à Timgad (Batna) et 108 tableaux de peinture. Il faut dire que cette région compte 12 musées. Dans leurs interventions, les exposants ont mis l'accent sur les dégradations provoquées par la main de l'homme contre un nombre important de sites archéologiques recelant des monuments ou autres patrimoines. Ainsi le 21 septembre dernier, lors d'une visite d'inspection, les éléments de la cellule de Constantine ont constaté que le site de Taoura à Souk-Ahras a subi des dégâts causés par des travaux de pose de conduites d'assainissement par un entrepreneur privé. À Bordj Bou-Arréridj et plus exactement au village Toubou, un lieu de sépulture de l'époque antique a été découvert lors des travaux de terrassements engagés par un promoteur. Ceci nous amène à la question de savoir si des études de terrain sont effectuées avant d'autoriser de tels travaux. Le même exemple est réédité ailleurs comme c'est le cas à Tamanrasset où un particulier a été surpris en train de faire des terrassements au milieu d'un site archéologique. “Dans tous les cas, les services compétents du ministère de la culture et ceux de la justice sont automatiquement avisés”, précise le colonel Ayoub. Le rapport de la gendarmerie concernant les régions du Tassili et du Hoggar explique que les sites proches de Tamanrasset connaissent un état de dégradation avancé contrairement aux zones plus éloignées. Dans ces régions où les distances sont très grandes, un autre phénomène est privilégié, à savoir le commerce illicite des pièces d'art pratiqué généralement par des citoyens ayant accès aux sites à défaut de surveillance des lieux. Ali farÈs