Bouzeguène, l'une des communes les plus importantes de la wilaya de Tizi Ouzou, est renommée pour être une région dont les enfants sont à l'étranger. Cela se remarque au nombre impressionnant de véhicules immatriculés à l'étranger et aux somptueuses villas et autres buildings grand standing qui poussent comme des champignons. Il y a un demi-siècle, la petite cité de Bouzeguène n'apparaissait pas sur la carte. Les quelques habitations en dur, laissées par les Français, se comptaient sur les doigts d'une main. L'ex-SAS, une forteresse militaire, demeure à ce jour l'unique vestige historique épargné et qu'il faudra à tout prix préserver du béton de la modernité, au risque de perdre nos repères et notre histoire. Aujourd'hui, pour ceux qui connaissent Bouzeguène d'il y a une trentaine d'années, il ne leur reste que les yeux pour pleurer. Le village s'est, en effet, agrandi mais il n'en est pas moins devenu affreux. Si les villas et voitures de luxe reflètent clairement l'opulence, la richesse et le confort d'une partie des habitants, l'anarchie aura vite fait de prendre le dessus, frisant le seuil de l'intolérable. Faute de repères et de réglementation, le béton s'est vite emparé des espaces de vie. Les règles d'urbanisme sont bafouées, laissant le village évoluer dans une anarchie totale. Il y a environ une vingtaine d'années, personne ne pouvait construire sans avoir au préalable obtenu une autorisation de construction, et même avec celle-ci, les services communaux d'urbanisme vérifiaient sur le terrain l'évolution de la construction. À cette époque, les constructions étaient éloignées de l'axe de la route principale de pas moins de douze mètres et les trottoirs étaient larges et aérés. Maintenant, il ne reste de ce trottoir, de surcroît quotidiennement squatté, qu'une bande de 1,50 m, obligeant les piétons à marcher carrément sur la voie carrossable. Toutes les constructions se sont étrangement agrandies en long et en large à une vitesse grand “V”. Tout est allé si vite que les arrêtés communaux n'ont rien pu faire. Les véhicules n'ont plus d'espace pour rouler du fait que la route s'est transformée en trottoir. Les poubelles installées par l'APC sont à la limite du bitume. Dès le petit matin, le pauvre petit trottoir reçoit toutes sortes de marchandises et les piétons se retrouvent obligés de slalomer au risque de percuter quelqu'un. Parfois, il faut se courber sous des cartables, des parapluies et autres objets suspendus devant les boutiques ou fuir d'autres marchandises. Lorsqu'il pleut, c'est carrément le déluge. Les torrents d'eau des toitures et des dalles se déversent directement sur le trottoir, obligeant les piétons à fuir et, bien sûr, à marcher sur la route, elle-même inondée par les eaux qui ont quitté les voies d'écoulement entièrement bouchées par la terre et les cailloux. Depuis plus de trois ans, les services des travaux publics (ponts et chaussées) ne viennent plus faire le nettoyage des ouvrages et des voies de ruissellement des eaux entièrement bouchés par des bouteilles de toutes sortes ou carrément “nationalisés” par des citoyens qui en ont fait leur propriété privée. La situation pourrait évoluer dramatiquement si les pouvoirs publics n'interviennent pas pour freiner cette décadence aux conséquences néfastes car il y va de l'avenir des générations futures si ce n'est déjà trop tard pour remettre de l'ordre dans la cité. Mais quand les pouvoirs publics veulent et s'en mêlent, rien n'est impossible… C. NATH OUKACI