L'association Ivahriène inscrit la sauvegarde de ce patrimoine parmi ses priorités et s'assigne comme objectif de protéger et clôturer au moins ces allées avant leur classement comme patrimoine national historique. Un site, constitué d'allées couvertes vieilles de 5 000 ans, existe bel et bien au village Aït Rehouna, dans la commune d'Azeffoun (63 km au nord de Tizi Ouzou). Malgré son originalité, il est inconnu, même des scientifiques. Il n'y aurait, semble-t-il, que 14 “allées couvertes” dans toute l'Afrique du Nord ; 8 à Aït Rehouna (à 14 km du chef-lieu de la commune) et 6 à Ibarissen (à 8 km à l'ouest de Toudja, dans la wilaya de Béjaïa), à en croire le chercheur au CNRS, Gabriel Camps, également spécialiste de la civilisation berbère. Datant de 3 000 ans avant J.-C., ces monuments mégalithiques, authentiques et originaux, n'ont pas d'équivalents dans tout le Maghreb. Selon toujours G. Camps, ces derniers présentent des similitudes avec seulement certains monuments des îles Baléares et de La Sardaigne, en Italie, connus sous les noms de “Navetas” et “Tombes de géants”. Ces allées couvertes seraient donc des nécropoles ou monuments funéraires. Jusqu'à présent, des fouilles sérieuses et approfondies n'ont pas été entreprises, hormis celle faite dans les années 1950 par deux chercheurs français, J. C. L. et J. M. Musso, une fouille qui a permis de dire qu'il s'agissait bien de sépultures collectives, eu égard à la découverte de tas d'ossements, accompagnés de céramiques étrusco-campiennes à vernis noir, ainsi que de perles en pâte de verre et d' objets en métal (anneaux, clous…). Un problème délicat se pose, cependant, pour les scientifiques. Selon le mobilier trouvé dans les allées d'Aït Rehouna, l'âge serait récent, d'autant plus que ce mobilier n'est pas intrusif (ne datant pas d'une nouvelle occupation des monuments) mais selon l'architecture et d'autres ressemblances frappantes avec les Navetas des îles Baléares et “Les tombes de géants” de Sardaigne, l'âge n'est plus le même. Le problème de datation reste donc posé. Il y a lieu d'approfondir les recherches. Les scientifiques donnent à ces monuments, de par leur spécificité, l'appellation de “allées couvertes de Kabylie”. Les habitants d'Aït Rehouna nomment communément ces monuments “Les petites maisons romaines”. Le nom de “allées couvertes” leur est attribué en rapport avec leur forme architecturale : des allées rectangulaires dont la longueur varie entre 8 et 15 mètres (la plus longue, à Aït Rehouna, a 15 mètres). La largeur ne dépassant pas 1,5 mètre et la hauteur varie entre 2 et 3,5 mètres. Les blocs de grès, constituant les parois et les dalles qui couvrent ces allées, sont de très fortes dimensions (jusqu'à 3 m de longueur). Il faut noter que l'état de ces “allées” est en train de se dégrader continuellement sans qu'aucune autorité ni quelque scientifique ne s'en offusque ni s'intéresse. Dans son programme d'action pour l'année 2007, l'association Ivahriène classe la sauvegarde de ce patrimoine parmi ses priorités. Son objectif : protéger et clôturer au moins ces allées avant leur classement comme patrimoine national historique. Etant dispersées dans ce village, qui trône sur une crête, ces allées sont situées pour les unes dans le versant est, d'autres au versant ouest, d'où des difficultés à les préserver de façon adéquate. Néanmoins, Ivahriène compte bien “arracher” quelque chose à l'APC pour valoriser ce patrimoine, en attendant que nos archéologues s'intéressent à ce site qui renfermerait mille et un mystères, pense-t-on. C'est du moins l'hypothèse dominante tant qu'il n'aura pas livré tous ses secrets. M. BENYAKOUB