Le 2e Conseil d'association UE-Algérie se tiendra mardi prochain au Grand-Duché du Luxembourg, au cours duquel sera signé un protocole d'accord sur l'extension de l'Accord d'association (AA) aux pays qui ont rejoint l'UE (Tchéquie, Estonie, Chypre, Lettonie, Lituanie, Hongrie, Malte, Pologne, Slovaquie et Slovénie) en 2004. Cette session sera présidée par le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, M. Mohamed Bedjaoui, et pour la partie européenne, son homologue allemand, M. Frank-Walter Steinmeier et Mme Benita Ferrero-Waldner, commissaire européen chargée des Relations extérieures et de la Politique européenne de voisinage. L'élargissement de l'accord d'association conclu entre l'Algérie et l'UE aux dix nouveaux membres de l'union se justifie par le fait que cet accord ait été signé avec les 15 membres de l'UE en avril 2002 mais ratifié (en septembre 2005) après l'élargissement de l'UE à 25 et aujourd'hui à 27 pays membres. Ce 2e conseil devrait permettre de mettre en place les comités sectoriels couvrant tous les domaines d'activité, et qui constituent le cadre de concertation de la coopération entre l'UE et l'Algérie, dans les domaines économique, politique, social, scientifique et culturel. Ce conseil permettra également un échange de vues politiques sur les priorités de cette coopération, sur les réformes engagées en Algérie et sur la situation régionale et internationale. L'Exécutif européen a défini “les orientations stratégiques” de la politique de l'UE avec l'Algérie pour la période 2007-2013, qui sont soumises à négociation pour la définition de la participation (calendrier et modalité de coopération). Il s'agit des réformes politiques en matière de démocratie et des droits de l'Homme, l'état de droit, la bonne gouvernance, les réformes en matière de justice, la gestion des flux migratoires, ainsi que la lutte contre le crime organisé, le blanchiment d'argent et le terrorisme. Dans le domaine de la lutte contre l'immigration illégale, placée au premier rang des priorités de l'Europe notamment à l'approche de l'été, l'UE considère que la coopération avec l'Algérie comme incontournable, car le pays est à la fois un pays d'émigration et de transit vers l'Europe (plus de 35 000 immigrants par an dont le tiers reste en Algérie même). L'Algérie est favorable à cette coopération, mais refuse d'installer sur le sol national des centres de transit, et négocie un accord de réadmission (expulsion des illégaux). L'Algérie exige de traiter concomitamment la question de la facilitation d'octroi des visas à ses ressortissants dans des conditions qui respectent à la fois les délais en vigueur avec d'autres pays et le respect de la dignité des nationaux qui désirent se rendre en Europe. Dans le domaine de la coopération énergétique, l'UE considère qu'un partenariat stratégique est une “priorité de premier plan” avec l'Algérie qui fournit 25% des importations gazières de l'UE, une quantité qui va pratiquement doubler avec la mise en service dans les prochaines années des gazoducs sous-marins vers l'Espagne et l'Italie. “Les potentialités algériennes en énergie sont énormes et devraient jouer un rôle-clé dans la sécurité énergétique de l'UE”, estime-t-on à Bruxelles. Par ailleurs, l'UE veut encourager dans les pays du pourtour méditerranéen la production et l'utilisation des énergies renouvelables et renforcer l'interconnexion des infrastructures, y compris énergétiques, avec l'Europe. En matière économique, l'UE définit comme priorité la diversification de l'économie et le développement de conditions propices à l'investissement privé au développement d'entreprises compétitives (PME), à la croissance et à la résorption du chômage. Elle note toutefois que les investissements étrangers directs (IED) se diversifient en Algérie, “ce qui témoigne d'une confiance accrue des investisseurs” et sont en progression constante (en 2004, les flux des IED ont atteint 5,8 milliards d'euros, soit plus du double par rapport aux 2,5 milliards en 2003). Dans le domaine du commerce, la Commission européenne a retenu, au titre des priorités, la facilitation du commerce des biens et services, le développement du transport basé sur la sécurité et la sûreté, ainsi que le renforcement des infrastructures nationales, régionales et leur interconnexion avec le réseau transeuropéen de transport. Pour les trois prochaines années, la Commission européenne a prévu un financement de 220 millions d'euros à l'Algérie au titre de l'Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP qui remplace le programme Meda).