Face à l'augmentation des agressions, que ce soit pour les vols, la drogue ou le crime, les lois se durcissent et les descentes se multiplient. Les mesures prises sont à la fois dissuasives à l'encontre de la population délinquante et rassurantes vis-à-vis des citoyens, victimes de cette montée de la criminalité. C'est avant-hier, à minuit, que s'est achevée la deuxième opération spéciale menée par la Gendarmerie nationale durant ce mois d'avril. Au cours de ces dernières quarante-huit heures, à savoir les 26 et 27 avril, de gros moyens, humains et matériels, ont été mobilisés dans toutes les circonscriptions de la wilaya d'Alger, avec néanmoins une présence plus dense au niveau des quartiers les plus “chauds”. Une méthode adoptée par le groupement de la wilaya d'Alger depuis une année et demie. Le bilan de cette chasse à la criminalité est positif. Le colonel M. Taybi, commandant du groupement d'Alger, précisera qu'“au vu des résultats obtenus, ces opérations seront réorganisées de façon continue jusqu'à l'éradication de la criminalité”. Afin de constater les faits, la presse a été conviée aux sept dernières heures de cette opération de deux jours. Le convoi a pris le départ du centre-ville d'Alger vers dix sept heures, en direction d'abord de la compagnie de Chéraga où étaient retenus plusieurs “Africains sans papiers”. Ils sont très nombreux à fréquenter cette commune et ses environs. Et ce, pour diverses raisons. L'argument est le même. Ils se disent tous “réfugiés politiques”, sans pour autant pouvoir le prouver. Ils vivent dans des bidonvilles, choisissent avec soin les itinéraires qu'ils empruntent et sélectionnent leurs horaires de sortie pour éviter ainsi les ennuis avec les autorités algériennes. Le déploiement massif des éléments de la compagnie, avec l'aide du groupement d'intervention et de réserve, a tout de même permis d'en arrêter quatorze en l'espace de deux jours. L'un était recherché, sept autres ont d'ores et déjà été présentés devant le procureur et écroués, les autres sont en attente d'une sentence. Direction ensuite vers un important barrage mobile, érigé sur la route reliant Sidi Hassan à El-Karia, située aux Dunes, à Chéraga. Un quartier de plus en plus peuplé. Ce passage, assez retiré et récemment goudronné, est, selon les informations dont dispose la compagnie de Chéraga, très utilisé par les trafiquants, notamment les commerçants transportant des marchandises non facturées ou encore les remorqueurs tractant des véhicules volés et faussement accidentés, destinés à agrémenter le marché informel des pièces détachées. Une zone jusque-là pas assez couverte par la Gendarmerie puisque dépourvue d'une brigade attitrée. Il est prévu d'en créer une très prochainement. Mais à quelques kilomètres, dans la forêt de Bouchaoui, la situation est tout autre. Les cent cinquante-six hectares que comptent ces bois sont complètement quadrillés par un escadron de cent gendarmes permanents. Et depuis cette présence massive, les lieux ont perdu leur réputation dangereuse. Cette réhabilitation est aussi en cours pour la forêt de Baïnem. La brigade de Sidi Youcef sera réinstallée, aidée par celle du quartier Beau-Fraisier qui est, quant à elle, déjà opérationnelle. Dans la soirée, un dispositif encore plus important a été mis en place à l'entrée du complexe de Sidi Fredj, où les gendarmes postés en un long barrage procédaient systématiquement à la vérification des papiers et à une minutieuse fouille des véhicules, en utilisant même des brigades cynophiles. Le butin était maigre, mais certaines informations ont abouti à l'arrestation d'un individu pour détournement et viol de deux mineurs. À vingt-trois heures, le convoi se dirige vers la compagnie de Rouiba, où devait avoir lieu le bilan de cette opération. En quarante-huit heures, il a été procédé à l'identification de 2 580 personnes, dont 57 ont été arrêtées. La Police judiciaire a saisi 58 armes prohibées et 480 g de résine de cannabis. Des marchandises ont également été saisies pour défaut de factures ou encore pour mauvaises conditions de transport. Quant aux infractions au code de la route, il y a eu, par exemple, 922 retraits de permis ; des chiffres qu'ils estiment en régression, de même que les accidents de la circulation. Amina Hadjiat