La situation est très préoccupante au Maroc et dans les territoires occupés du Sahara occidental, en matière d'atteinte des droits de l'Homme. Ce constat a été fait dernièrement par l'ambassade de Suède à Rabat. Dans un rapport sur notamment les libertés, les droits civils et politiques et les conditions de vie de la population sahraouie, les diplomates relèvent que la “question irrésolue de l'avenir du territoire (sahraoui) contribue au fait que le processus qui tend à aller vers plus de démocratie et de liberté (…) n'a pas été manifeste au Sahara occidental”. Ils attirent l'attention sur le fait que “les forces de l'ordre marocaines ne respectent pas les droits civils et politiques”, invitant à l'examen des “rapports sur des abus physiques et des détentions extrajudiciaires”, et les restrictions en matière de “liberté d'expression (et partant la transparence)”. Le document s'appuie également sur l'avis du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme, ayant montré que “la situation des droits de l'Homme était partout très grave, en particulier au Sahara occidental”. Le Haut-Commissariat indique la chancellerie, “a en particulier mis en relief l'absence du droit à l'autodétermination, la répression à l'égard des défenseurs des droits de l'Homme, la brutalité des forces de l'ordre, l'absence de la possibilité d'avoir un procès juste, ainsi que les restrictions dans les libertés d'expression, d'association et de mouvement”. L'ambassade de Suède rappelle, en outre, que le rapport de l'instance onusienne a souligné que “le principe de justice devant les tribunaux n'est pas respecté au Sahara occidental”. Elle signale pour sa part l'existence de “nombreux rapports de sources crédibles relatifs à la torture et à la violence brutale de la part des forces de l'ordre” marocaines, soutenant que la “prison d'Al-Ayoun au Sahara occidental est, comme de nombreuses autres prisons au Maroc, fortement surpeuplée”. Pour les Suédois, la “situation est tellement grave” depuis “les protestations de mai 2005”. “Les représentants des forces de l'ordre au Sahara occidental semblent, selon des sources crédibles, jouir de l'impunité pour la brutalité et les actes de violence, dans une mesure plus grande qu'ils ne le font au Maroc”, renseigne-t-ils encore. Par ailleurs, ils affirment qu'une partie de la population du Sahara occidental vit dans des conditions déplorables, “sans avoir accès à l'eau salubre, aux soins de base ou à un logement acceptable”. Ils mettent en exergue la généralisation de “l'analphabétisme”, “le manque de ressources” et “le manque d'information (…) en premier lieu pour les Sahraouis”. Mais, ce n'est pas tout puisque, ajoutent-ils, la population sahraouie a très peu de possibilités d'entrer en “contact direct et personnel” avec le monde extérieur. Encore moins avec les journalistes étrangers, les diplomates et les représentants des organisations, qui sont étroitement “surveillés” durant leur séjour dans la région. Le rapport de l'ambassade suédoise révèle par ailleurs que ces dernières années, des journalistes européens ont été expulsés pour avoir engagé des contacts avec des “partisans d'un Sahara occidental indépendant”. Il évoque le refus à plusieurs délégations de parlementaires et de députés étrangers d'accéder au territoire sahraoui, notant que l'an dernier, il a été “refusé à un groupe de députés européens le droit de visiter le Sahara occidental” sous prétexte que “la délégation était majoritairement composée d'amis du Polisario”. Le rapport soutient même que des journalistes norvégiens et espagnols, qui avaient pourtant annoncé leur arrivée, ont été empêchés d'entrer dans les territoires occupés, par les forces d'occupation marocaines. Le même refus a aussi été signifié à des “diplomates nordiques à Rabat” et ce, malgré l'exercice de “pressions à très haut niveau”. H. Ameyar