Les partis en lice savent qu'à Chlef, l'électorat a bien changé depuis 1997, et n'accepte plus n'importe quel discours. Au total, ce sont 19 partis politiques et une seule liste indépendante qui sont entrés en lice pour les élections législatives du 17 mai à Chlef. Déjà, dès le départ, et avant même le coup d'envoi officiel de la campagne électorale, le combat engagé par les formations politiques en question s'annonçait rude et compliqué. À vrai dire, chacun de ces partis politiques savait d'emblée qu'il allait faire face à un électorat qui ne ressemble guère à celui du passé, qui n'accepte pas n'importe quel discours, voire n'importe quel programme. Pour Khadidja Atba Benatba, avocate de profession, députée sortante et candidate aux législatives du 17 mai prochain (huitième sur la liste FLN à Chlef), il est tout à fait normal que l'électorat d'aujourd'hui demeure difficile à convaincre car les choses ont beaucoup changé, et le monde a grandement évolué aussi. “Ce même électorat sur lequel nous comptons à chaque rendez-vous électoral ne compte plus sur nous aujourd'hui. Il a été maintes fois trahi par les promesses avancées par des candidats à l'APN, à l'APW et aux APC”, reconnaît Khadidja Atba Benatba. Par contre, elle ne reconnaît pas la liste des candidats de l'ex-parti unique dont elle fait partie. Elle explique : “C'est une liste que je rejette de fond en comble. Il y a eu énormément de grabuges à propos du positionnement des candidats qui la composent. Me concernant par exemple, j'étais classée quatrième au départ sur cette liste avant de la transmettre à notre direction centrale à Alger pour approbation ; et c'est là-bas que tout a été chamboulé !” De son côté, Abdelkader Dahmani, tête de liste du Front national des indépendants pour la concorde (Fnic), journaliste de son état, a expliqué que l'ère des meetings où les discours mensongers et trompeurs caractérisant chaque campagne électorale est dépassée. “Nous concernant, c'est une campagne électorale de proximité que nous menons. Il faut aller vers les populations reculées pour les convaincre, et non le contraire”, a-t-il dit en expliquant que son parti, nouvellement créé, attire déjà l'attention de l'électorat au niveau local. Pour l'ensemble des autres formations politiques, la compétition entreprise afin de rafler le maximum de voix le jour du scrutin bat son plein à travers toutes les communes de la wilaya. Outre les meetings populaires programmés, des rassemblements, des rencontres de sensibilisation, des cortèges de voitures sillonnant à longueur de journée les artères de chaque ville et localité avec banderoles, portraits et affiches des candidats, constituent l'ambiance quotidienne des militants et sympathisants de chaque formation politique. Côté population, et à quelques jours seulement de sa clôture, la campagne électorale ne semble pas du tout attirer l'attention des électeurs désintéressés. À vrai dire, cela fait bien longtemps que la population locale, à travers l'ensemble des communes de la wilaya, ne compte plus sur ses députés. “Hormis leurs intérêts personnels et la garantie de leur avenir, et aussi celui de leurs enfants, qu'est-ce que les députés sortants nous ont apporté ? Ont-ils participé au développement de notre wilaya ? Ont-ils réglé les problèmes socioprofessionnels auxquels sont confrontés les citoyens malheureux comme ils l'ont annoncé durant la campagne électorale des législatives de 2002 ? Nous ont-ils représentés dignement au Parlement ? Cela fait cinq ans qu'on ne les a pas vus, et comme leur mandat vient d'expirer, et qu'ils ont eu le culot de se représenter une nouvelle fois aux mêmes élections, les revoilà sur scène fréquentant ainsi les lieux publics faisant croire aux gens qu'ils sont disposés à faire des miracles dans le cas où ils seraient réélus”, lanceront de nombreux citoyens rencontrés dans plusieurs localités de la wilaya. Pour d'autres, il est préférable de s'occuper de ses affaires quotidiennes et de son train de vie que d'aller perdre son temps en écoutant les mêmes promesses et les mêmes paroles déjà avancées à maintes reprises par le passé. À propos des meetings organisés, il est à noter que plusieurs d'entre eux ont failli être annulés faute de public, si ce n'est la présence d'écoliers ou de jeunes récupérés à la hâte de la rue contre des sommes d'argent, ou parfois même contre des sandwichs. “Si cette population est aujourd'hui totalement indifférente à l'égard de cette campagne électorale, et de surcroît à l'égard de ces législatives, c'est parce que ses élus n'ont jamais honoré leurs engagements. Nous ne voterons pour personne, que chacun aille se faire f... !” martèlent enfin d'autres citoyens. A. C.