Profitant de la trêve, entrée en vigueur mardi après-midi, des milliers de réfugiés, hommes, femmes et enfants ont emprunté à pied ou en voiture le corridor humanitaire autorisé par l'armée libanaise aux entrées sud du camp pour fuir Nahr Al Bared. Quelques heures à peine après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu, mardi, des milliers de réfugiés palestiniens avaient déjà pris le chemin de l'exode pour se rendre dans le camp de réfugiés tout proche de Baddaoui, la grande ville de Tripoli ou les villages avoisinants Nahr Al bared. “Comme lors de l'exode de Palestine en 1948, nous sommes sortis à pied avec des baluchons sur la tête. À l'époque nous avions été accueillis par les Libanais. Maintenant, c'est chez d'autres réfugiés que nous trouvons refuge”, a déclaré à un journaliste présent sur les lieux, Fayza Rachrach, 64 ans. Elle se lamentait : “Le sort des Palestiniens est de subir exode après exode.” Ce départ a été rendu possible par l'ouverture par l'armée d'un corridor humanitaire aux entrées sud du camp des réfugiés de Nahr Al Bared. De peu que la trêve ne soit rompue, malgré l'engagement de Fatah al Islam à respecter la trêve, les civils palestiniens ont mis à profit ces moments d'accalmie pour se mettre à l'abri. Ceux qui ont trouvé refuge dans le camp de Baddaoui, estimés à 10 000 personnes environ, ont été logés dans des écoles de l'UNRWA ou chez les habitants. Hier matin, aucun tir n'a été entendu dans la matinée par les journalistes maintenus par l'armée à un kilomètre du camp, autour duquel de violents combats avaient opposé pendant trois jours les militaires au groupuscule extrémiste Fatah al Islam, avec 68 morts. Face à la décision des responsables de Fatah al Islam, le représentant de l'OLP au Liban, Abbas Zaki, a indiqué que son organisation ne s'opposerait pas à une décision du gouvernement libanais d'envoyer son armée dans le camp. “Nous avons dit que le Liban était souverain. Nous appuyons ce que le Liban décide ou considère dans son plus haut intérêt”, a-t-il notamment déclaré. De son côté, le chef du Fatah, principale faction de l'OLP au Liban, Sultan Abou Aynaïn, est allé plus loin en n'écartant pas l'éventualité d'une intervention militaire de son groupe. Ceci étant, les douze camps de réfugiés palestiniens ne sont pas accessibles à l'armée libanaise depuis un accord libano-palestinien de 1969, qui reste tacitement en vigueur bien que déclaré caduque par le Parlement libanais en 1987. En conséquence, les camps restent sous contrôle des factions politico-militaires palestiniennes même si l'armée maintient des points de contrôle aux entrées. Par ailleurs, dans un communiqué publié hier au Caire, la Ligue arabe a condamné “fermement les actes criminels” commis par le groupe islamiste Fatah al-Islam au Liban, le qualifiant de “groupe terroriste”. À l'issue d'une réunion, mardi soir, les représentants permanents à la Ligue arabe ont “fermement dénoncé les actes criminels et terroristes commis par le groupe terroriste dénommé Fatah al Islam (...), qui n'a aucun lien avec la question palestinienne ou l'islam”, indique le communiqué. Pour information, il y a 45 000 réfugiés palestiniens au Liban-Nord, selon l'Office de l'ONU d'aide aux réfugiés palestiniens (Unrwa). K. A.