L'annonce par la présidence de la République de la formation d'une équipe restreinte pour la gestion des affaires courantes au niveau de certains départements ministériels, suite à la démission du gouvernement Belkhadem, semble sonner comme une fin de mission pour plusieurs membres de l'Exécutif appelés à rejoindre l'Assemblée nationale après leur élection sur différentes listes, lors des législatives du 17 mai passé. C'est le cas, en effet, pour Saïd Barkat, le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, qui est à la tête du secteur depuis l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au palais d'El-Mouradia. Cette longévité au sein des gouvernements qui se sont succédé, Saïd Barkat la doit surtout aux relations particulières qu'il entretient avec le président de la République. Mais, pas seulement. On dit certes qu'il est un des proches du chef de l'Etat qui l'avait pratiquement sorti de l'anonymat, fin 1999, pour lui confier une mission qui, faut-il le reconnaître, n'était pas du tout aisée, à savoir relancer un secteur en butte à d'énormes difficultés. En huit ans, il a réussi la gageure de le remettre sur les rails, même si d'autres problèmes persistent jusqu'à ce jour. Grâce au Plan national de développement agricole et aux importantes ressources financières injectées, le département est arrivé à atteindre des niveaux de croissance inespérés. Bien que souvent critiqué, et quelquefois à raison, sur bien des aspects comme celui lié au détournement de l'argent de l'agriculture à d'autres fins, le programme a eu le mérite d'avoir permis l'arrêt des importations de plusieurs produits agricoles. Cette politique a, en effet, provoqué une formidable impulsion de la production locale (lait, céréales, fruits et légumes, viandes…) qui est allée d'année en année en s'améliorant. Le département de l'Agriculture s'est, par ailleurs, admirablement distingué sous le règne de Barkat par la réussite de certaines batailles décisives pour le secteur, à l'image des nombreuses campagnes de lutte contre les invasions de criquets pèlerins et les crises dites de la vache folle et de la grippe aviaire dont l'Algérie en est sortie indemne. Saïd Barkat quittera donc son poste avec le sentiment du devoir accompli. Cependant, l'on retiendra que l'un des dossiers les plus importants pour le secteur, à savoir le foncier agricole, n'a pas trouvé de solutions sous le règne de Barkat, bien qu'une telle problématique ait été prise en charge par le Président lui-même en tranchant dans la formule à entreprendre pour l'exploitation des terres agricoles du domaine public. Quant à l'opinion publique, elle gardera sans aucun doute à l'esprit les flambées récurrentes des prix de certains produits agricoles et elle oubliera certainement ce défi relevé par le secteur, mais qui n'est pas toujours mis en exergue : la disponibilité des produits agricoles à l'année grâce au travail des serres et de l'agriculture saharienne. Les observateurs les plus avertis diront, enfin, que le secteur, qui a connu sous l'ère Barkat une vraie révolution, a surtout besoin aujourd'hui de “sang frais”. Hamid SaIdani