A la proclamation des résultats du scrutin par le Conseil constitutionnel, Abdelaziz Belkhadem sera appelé, dans une quinzaine de jours, à former un nouvel Exécutif. Les noms circulent. Les élections législatives terminées, il ne reste que la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel, qui interviendra dans deux jours, pour officialiser le scrutin du 17 mai. La démarche sera enchaînée par la présentation par Abdelaziz Belkhadem de sa démission et de celle de son staff gouvernemental. Le gouvernement actuel est arrivé au terme de sa mission du point de vue constitutionnel, mais il se trouve qu'il s'était lancé dans un grand chantier resté encore inachevé. Le changement interviendra, au plus tard, dans une quinzaine de jours. Ce qui laisse entendre que le président de la République va certainement reconduire sa confiance à une bonne partie de l'équipe de l'actuel chef du gouvernement avec qui il semble travailler en parfaite symbiose. Aucun accroc n'a été signalé entre les deux hommes depuis qu'ils travaillent ensemble. Le duo, dirait-on, fonctionne bien. Mieux encore, Bouteflika a toujours épargné son chef du gouvernement de ses attaques lancées contre les ministres qu'il dirige. Les critiques du président portées à l'égard d'une bonne partie du staff de Belkhadem a trouvé un écho auprès des citoyens. Ces derniers ont réagi par un fort taux d'abstention lors du scrutin du 17 mai pour exprimer leur désapprobation quant à la manière avec laquelle sont gérées les affaires du pays. Une manière de disqualifier le personnel politique en exercice. Belkhadem est appelé à trouver vite des réponses aux problèmes posés par les citoyens qui ne semblent pas satisfaits du travail accompli jusque-là par le gouvernement. Particulièrement dans les domaines qui touchent de près à la vie quotidienne. Un véritable embarras pour le pouvoir, qui vient d'essuyer un sérieux revers. Sur un autre registre, si le principe de la reconduction de l'Alliance présidentielle formée par le trio FLN, RND et HMS est acquis depuis longtemps, il n'en est pas de même pour les quotas des portefeuilles ministériels qui reviendront à chacun des partis. Même, si là encore, il n'est pas à écarter un éventuel élargissement de l'Alliance à d'autres forces politiques, comme l'a déjà annoncé Abdelaziz Belkhadem, tel que le RCD qui a déjà acquis une expérience durant les premières années de règne du président Bouteflika. Ainsi, des informations font état d'au moins cinq ministres qui vont quitter l'Exécutif. Les noms des éventuels partants qui circulent le plus dans les coulisses du Palais du gouvernement sont ceux de Khalida Toumi (ministre de la Culture), Djamel Ould Abbès, ministre de la Solidarité nationale, Hamid Temmar (ministre des la partici-pation et de la Promotion des investissements), mis en cause publiquement par Louisa Hanoune qui l'a surnommé «ministre de la désertification». Mourad Medelci (ministre des Finances), mis à mal par les scandales à répétition qui ont éclaboussé le secteur bancaire, dont le procès Khalifa, serait aussi sur la liste des partants. Il fait les frais du dysfonctionnement des banques et de l'échec des réformes dans ce secteur. Yahia Guidoum, le ministre de la Jeunesse et des Sports, serait appelé à occuper un autre portefeuille ministériel et serait remplacé par Chérif Rahmani. Amar Tou, l'actuel ministre de la Santé, serait, quant à lui, appelé à retourner à son ancien poste de ministre de l'Enseignement supérieur, pour remettre de l'ordre dans la maison. La famille universitaire croule sous les problèmes et ne voit pas encore le bout du tunnel. L'augmentation du volume du budget octroyé au secteur est annonciatrice de nouvelles réformes pour la mise à niveau de l'université algérienne. L'Alliance devra profiter de deux ministères d'Etat, alors que Mohamed Bejaoui, ministre des Affaires étrangères, est annoncé comme partant pour d'autres fonctions. La seconde force politique à l'APN, le RND, est annoncée comme bénéficiaire de deux ministères: celui du Commerce et de l'Industrie. De même qu'un retour aux affaires du personnel du parti de Saïd Sadi n'est pas à écarter. D'autant plus qu'il a fait un score (19 sièges) qui lui ouvre la voie à la formation d'un groupe parlementaire à l'APN. Aussi, certains observateurs avertis ne se sont pas empêchés de lier ce retour en force du RCD sur la scène politique nationale, à un deal entre le patron du RCD et le pouvoir en contrepartie de quelques ministères. La Kabylie a besoin d'un stabilisateur, capable de mettre fin à l'anarchie qui a sévi ces dernières années. Les citoyens sont las par l'aventurisme des archs qui n'hésiteront pas à mettre, encore une fois, le feu aux poudres en cas de refus de l'actuel chef du gouvernement de donner suite aux accords signés avec le gouvernement. La plate-forme d'El Kseur semble même être un dossier clos depuis que le personnel des archs, toutes tendances confondues, s'est lancé dans la course électorale. Le départ de l'Exécutif de leur partenaire en matière de négociation, Ahmed Ouyahia, a donné un coup d'arrêt au développement de cette mouvance politico-sociale qui cache mal son jeu de vouloir supplanter les forces politiques traditionnelles que sont le RCD et surtout le FFS. Le pouvoir entend mettre un terme à cette anarchie qui donne l'impression aux citoyens que l'autorité de l'Etat n'est pas pleinement exercée en Kabylie. D'ailleurs, une partie des archs s'oppose toujours au déploiement des forces de sécurité dans la région. On parle même du dévolu qu'aurait jeté le RCD sur deux ministères: l'Enseignement supérieur et la Pêche. Ce qui n'est pas rien pour une première approche. Dans ce même registre, il est aussi question d'inviter le FNA de Moussa Touati à intégrer le gouvernement pour prendre en charge deux secrétariats d'Etat et assurer ainsi une meilleure cohésion au sein de l'APN, pour ne pas entraver la démarche du futur Exécutif. De même que des tentatives sont en cours pour essayer de convaincre le PT de se joindre à cette Alliance qui prendra ainsi l'allure d'un gouvernement d'union nationale. Mais cette piste, une fois explorée, va certainement confirmer la position de principe du parti de Louisa Hanoune de refuser toute participation à un gouvernement qui applique un programme aux antipodes des thèses défendues par cette mouvance politique, qui commence à s'imposer sur la scène politique comme une force d'opposition à la voie libérale du gouvernement tout en soutenant la politique du président de la République, quand il s'agit des questions de souveraineté nationale. Le PT joue bien son rôle de contre-pouvoir en alertant l'opinion publique sur les dangers de certaines démarches entreprises par l'Exécutif.